Copenhague et le Danemark accueillent avec passion le week-end inaugural du Tour de France 2022. L’occasion de montrer que le vélo fait partie de l’ADN du pays et que ses coureurs pèsent sur la scène mondiale.
“La ville la plus cyclable au monde rencontre la plus grande course du monde.” Le slogan a été répété à l’excès à propos du Grand départ du Tour de France donné à Copenhague vendredi 1er juillet. Il n’est cependant pas galvaudé tant le Danemark représente une terre historique de vélo et tant ce départ septentrional suscite l’enthousiasme parmi les coureurs professionnels locaux. Outre un contre-la-montre à Copenhague, la 109e édition de la compétition présente un parcours de 374 kilomètres au Danemark, avec deux autres étapes.
“Ca va être génial ! Ca va être une énorme fête au Danemark”, se réjouit Cecilie Uttrup Ludwig, coureuse professionnelle de la FDJ – Nouvelle-Aquitaine et championne nationale en titre.
“C’est vraiment une grande nouvelle de voir le Tour de France au Danemark. C’est la plus belle chose qui pouvait arriver aux coureurs danois. Ça n’arrivera pas souvent. C’est un grand honneur”, s’enthousiasme Magnus Cort Nielsen, coureur d’EF Education-EasyPost et vainqueur d’étape en 2018. “L’idée de courir le Tour de France à la maison, c’est une émotion indescriptible. J’ai conscience de la chance que j’ai. Ça va me ramener à mes jeunes années, quand j’étais devenu champion du Danemark junior (en 2011, NDLR).”
🚴 The excitement was clear in Tivoli a few days before @LeTour de France started in the Danish capital.
Tivoli has set up a salute to Paris for having le Grand Depart in Copenhagen, Denmark. It is the most northern place the grand depart has ever taken place. #TDF2022 pic.twitter.com/DYF2BDCy9E
— NoComment (@nocomment) June 29, 2022
La candidature danoise, soutenue par les plus hautes autorités politiques et le prince héritier Frederik, a séduit les organisateurs du Tour malgré une journée dédiée à la récupération pour cause de transfert après le départ le plus septentrional de l’histoire de la Grande Boucle.
“Au Danemark, tout le monde est à bicyclette”, insiste le directeur du Tour, Christian Prudhomme, qui avait acté un report d’un an du départ de Copenhague pour éviter le doublon avec des matches du dernier Euro de football.
Cinq fois plus de vélos que de voitures à Copenhague
Christian Prudhomme exagère à peine. Le pays compte 12 000 kilomètres de pistes cyclables et on estime qu’un enfant sur deux se rend à l’école à vélo. Neuf Danois sur dix possèdent un vélo et l’utilisent plusieurs fois par semaine. On estime même que Copenhague compte 670 000 vélos pour 600 000 habitants – soit cinq fois plus que de voitures.
Il faut dire que le Danemark a opté pour une politique volontariste en la matière. Depuis 2009, l’État a investi plus de 200 millions d’euros dans les infrastructures et les programmes en faveur du cyclisme. Des “autoroutes à vélo” ont notamment été aménagées pour relier les banlieues aux centres-villes et développer la pratique.
“Beaucoup de monde au Danemark prend ses responsabilités, pour sa propre santé mais aussi pour le climat. C’est pour cela qu’on fait du vélo”, explique le président de la Fédération des cyclistes danois, Jens Peter Hansen.
Près de 15 % des déplacements journaliers des 5,8 millions de Danois se font à vélo, contre 4 % des actifs français.
Une histoire riche en matière de cyclisme
En matière de compétitions cyclistes, le Danemark n’est pas en reste. Le pays est le premier à accueillir les championnats du monde de la discipline en 1921. Un Danois participe dès 1913 au Tour de France, même s’il faut attendre 1958 pour voir Hans Edmund Andresen devenir le premier de ses compatriotes à aller au bout de la Grande Boucle. Quelques années plus tard, en 1970, Mogens Frey est le premier à remporter une étape.
Dans les années 1990 et 2000, les coureurs professionnels danois connaissent des années troubles. Si Bjarne Riis ajoute son nom au palmarès du Tour de France en 1996, il reconnaîtra plus tard avoir eu recours à l’EPO durant sa carrière. Michael Rasmussen, quant à lui, semblait promis à la victoire en 2007. Il est cependant exclu par son équipe, la Rabobank, à quelques étapes de l’arrivée alors qu’il porte le maillot jaune. On lui reproche de s’être soustrait à des contrôles antidopage avant le départ du Tour et d’avoir menti sur son emploi du temps.
Des années noires qu’a fait oublier une nouvelle génération talentueuse, dont Magnus Cort Nielsen, Soren Kragh Andersen, double vainqueur d’étape en 2020, ou encore Mads Pedersen, champion du monde 2019. Tous avaient coché ce début de Grand Tour dans leur agenda, même si certains, à l’image de Soren Kragh Andersen, n’ont finalement pas été retenus par leur équipe.
Kasper Asgreen en jaune chez lui ?
Sportivement, ce passage de trois jours au Danemark devrait présenter deux grands temps forts : un contre-la-montre vendredi (favorable au champion du monde de la discipline, Filippo Ganna) et une arrivée dantesque lors de la deuxième étape, avec un final très exposé au vent sur le pont qui relie les deux plus grandes îles du pays. Une configuration qui pourrait profiter à Kasper Asgreen, un autre local, à l’aise dans les deux exercices.
“C’est un rêve de prendre le maillot jaune au Danemark. Comme pour tous les coureurs. Mais je suis réaliste, cela va être compliqué pour moi. Le chrono est trop court pour moi et les autres étapes ne permettront pas de faire la différence. Je sais que l’on va être très demandés avec les autres coureurs danois. Ça va être superbe. Je rêve d’accrocher une victoire d’étape”, note de son côté Magnus Cort Nielsen.
“Commencer le Tour de France dans mon pays d’origine sera pour moi une expérience unique”, s’est félicité pour sa part Jakob Fuglsang, désigné au rôle de leader pour Israël PT. “Après ma victoire au Mercan’Tour et ma troisième place au général du Tour de Suisse, je me sens prêt à affronter ce Tour.”
De là à rêver d’une victoire danoise le 24 juillet à Paris ? Possible, mais Jakob Fuglsang est loin d’être le plus à même de réaliser cet exploit. Jonas Vingegaard de la Jumbo-Visma est probablement le mieux placé pour cela. Il avait terminé deuxième l’an dernier.