Avec la fin de la présidence française de l’UE, l’heure est à un premier bilan de la Conférence sur l’avenir de l’Europe (CoFoE), vaste consultation participative lancée au sein des Vingt-Sept à l’initiative du président Emmanuel Macron. Les recommandations des citoyens vont-elles entrer dans les faits ? Les conclusions du Conseil européen des 24 et 25 juin entretiennent le flou. Pour l’eurodéputé belge et coprésident de la CoFoE Guy Verhofstadt, il faut réformer les traités.
“Le Conseil européen prend note des propositions figurant dans le rapport sur les résultats de la Conférence soumis aux trois coprésidents, nous expliquait l’ancien Premier ministre belge. Un suivi efficace de ce rapport doit être assuré par les institutions, chacune dans les limites de sa propre sphère de compétences et conformément aux traités.” Une conclusion minimaliste et bien tiède alors que Guy Verhofstadt, coprésident de la CoFoE, qui représentait le Parlement européen, s’enflammait en mai dernier : “S’il faut heurter les traités, alors on va heurter les traités. Les traités ne sont pas là pour 2 000, 3 000 ou 4 000 ans, il faut les adapter à la réalité et aux exigences des citoyens. Les traités traduisent une forme d’organisation politique et si cette organisation change, les traités changent. Le Parlement européen et sa présidente, Roberta Metsola, se sont engagés à changer sur un nombre de points nécessaires et urgents.”
L’unanimité des 27, un boulet pour l’Europe
Vent debout, Guy Verhofstadt réclame la fin de l’unanimité. “C’est le droit de veto de l’UE qui nous embête pour le moment.” Il cite l’exemple de la crise financière de 2008. “L’aide à la Grèce a été bloquée par un parti, le Finns Party (le Parti des Finlandais, extrême droite), qui représentait 10 % de la coalition en Finlande. Un petit parti de coalition a donc bloqué toute une politique pour 500 millions de citoyens européens.”
Guy Verhofstadt renchérit avec un exemple plus récent : la guerre en Ukraine. Il rappelle que les Américains ont décidé, le 8 mars, l’embargo sur le pétrole russe, sanction qui a été appliquée immédiatement. “Alors que chez nous, ça prend deux mois de décider. Le 4 mai, on annonce qu’il va y avoir dans neuf mois un embargo… et il va y avoir encore des exceptions pour la Hongrie, pour la Slovaquie, pour la République tchèque. Voilà la réalité. La réalité, c’est que de décider chaque fois à 27, cela fait vous perdre du temps, vous prenez des mesures qui sont beaucoup trop molles et qui ne sont pas adaptées à l’ordre mondial de demain.”
Les recommandations de la CoFoE seront-elles entérinées pour changer la donne ? Le dernier Conseil européen promet un “suivi” et remet la discussion à 27 au prochain sommet… sous présidence tchèque.