À Varsovie, des représentants de la communauté LGBT+ polonaise et ukrainienne ont défilé ensemble samedi à l’occasion du défilé des fiertés, dans une marche commune marquant leur solidarité et leur opposition commune à l’invasion russe de l’Ukraine.
Des représentants de la communauté LGBT+ ukrainienne ont rejoint samedi 25 juin plusieurs dizaines de milliers de participants au défilé des fiertés à Varsovie, dans une marche commune marquant leur solidarité mutuelle et leur opposition à l’invasion russe de l’Ukraine.
La marche a commencé par une minute de silence dédiée aux victimes de la fusillade, dans la nuit, près d’un bar gay d’Oslo, qui a entraîné l’annulation de la marche des Fiertés LGBTQ+ (lesbien, gay, bisexuel, transgenre, transsexuel, queer et autres) dans la capitale norvégienne.
“L’amour prévaudra, la justice prévaudra et notre combat pour l’égalité des droits pour tous et notre soutien à la communauté LGBTQ+ est sans équivoque et le restera”, a déclaré l’ambassadeur de Norvège à Varsovie, Anders H. Eide, au coup d’envoi de la marche.
Une marée de drapeaux arc-en-ciel des communautés LGBT+ a inondé les grandes avenues de Varsovie, parsemée cette année des couleurs bleu et jaune de l’Ukraine voisine.
“Aujourd’hui nous marchons avec la Warsaw Pride… Nous lui en sommes très reconnaissants, tout comme à la communauté polonaise d’avoir accueilli la Pride” de Kiev, a déclaré aux journalistes Lenny Emson, à la tête de la KyivPride ukrainienne, interdite cette année comme toutes les manifestations, en raison de l’état d’urgence.
Et de rappeler : “La guerre ne fait pas de discrimination (entre les gens de différentes orientations sexuelles, ndlr). Nous mourons tous de la même façon”.
“En tant que communauté LGBTQI d’Ukraine, nous voulons rappeler à tous que si nous voulons que les droits LGBTQI en Ukraine survivent, il faut que la guerre cesse”, a ajouté Lenny Emson. Nombre d’Ukrainiens ont massivement trouvé refuge en Pologne en fuyant la guerre.
La marche de Varsovie était organisée sous le patronage du maire libéral de la capitale polonaise, Rafal Trzaskowski, et en présence de la commissaire européenne à l’Egalité Helena Dalli.
Selon un récent rapport de l’ONG ILGA-Europe, réunissant plus de 600 associations LGBTQ+ de 54 pays, la Pologne reste le pays de l’Union européenne le plus fermé aux minorités sexuelles.
À Kiev, à défaut de défilé, une petite soixantaine de personnes se sont retrouvées samedi en fin d’après-midi dans une petite boîte de nuit du centre ville, le G-Club Versace, dans une ambiance festive mais aussi patriotique.
Alors qu’un spectacle de danse se déroulait sur la scène, au son du tube “YMCA” des Village People, un couple s’enlaçait, enveloppé dans un drapeau ukrainien.
“L’important, c’est d’accepter les gens comme ils sont” et “ce qu’on peut faire aujourd’hui pour aider notre pays (…) Tout le monde peut être utile” dit Victoria Myhoula, 28 ans. Et “si nous avançons vers l’Union européenne, nous devons montrer que la société est ouverte”, ajoute-t-elle, alors que l’Ukraine vient d’obtenir le statut officiel de candidat à l’UE.
Oleksiï Krasnenko, 26 ans, l’un des sponsors du club, se disait lui aussi fier de verser une partie d ses recettes à l’armée ukrainienne.
“L’Ukraine est un pays libre, un pays ouvert”, affirme-t-il, même s’il évoque aussi des discriminations contre les combattants LGBT partis au front.
La dernière Pride de Kiev, en 2019, s’était déroulée sous forte présence policière, en raison de contre-manifestations de militants d’extrême-droite et orthodoxes.
Bien que discrète, la soirée de samedi a d’ailleurs été perturbée par un petit groupe de jeunes hommes en treillis, qui ont provoqué une brève bagarre devant le club. Une descente de police a suivi.
Avec AFP