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Législatives : la mort du front républicain offre 89 députés au Rassemblement national

Le Rassemblement national a obtenu dimanche 89 députés, un record pour le parti d’extrême droite dirigé par Marine Le Pen, permis notamment par la fin du front républicain, que ce soit chez les électeurs de gauche ou de droite.

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Le score du Rassemblement national (RN) est à la fois inédit et inattendu : avec 89 députés élus, dimanche 19 juin, au second tour des élections législatives, le parti d’extrême droite obtient un nombre record de parlementaires à l’Assemblée nationale. Un résultat d’autant plus impressionnant que le mode de scrutin des législatives ne favorise pas le RN et que Marine Le Pen n’a presque pas fait campagne, affirmant même à la mi-mai qu’Emmanuel Macron aurait sans surprise sa majorité.

Le RN avait déjà été le seul parti pouvant s’enorgueillir, lors du premier tour, d’une progression par rapport à 2017 avec 1,2 million d’électeurs en plus. Il confirme au second tour avec une percée tonitruante lui permettant de passer de 8 députés lors de la dernière législature à 89.

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>> À lire : Législatives : revers pour Emmanuel Macron, sans majorité pour gouverner

Marine Le Pen, elle-même réélue haut la main dans le Pas-de-Calais (61,03 %), a promis d’incarner une “opposition ferme” mais “responsable, c’est-à-dire respectueuse des institutions”. Ses nouveaux députés, a-t-elle promis à ses électeurs, défendront “(vos) idées sur l’immigration, la sécurité, le chômage, la justice fiscale et sociale, les territoires oubliés, les citoyens maltraités ou la démocratie bafouée”.


Dans une allusion à la prochaine présidentielle, à laquelle “a priori” elle ne devrait pas se représenter, la responsable d’extrême droite a souligné que les députés RN seraient aussi “l’avant-garde de cette nouvelle élite politique qui prendra la responsabilité du pays lorsque l’aventure Macron aura pris fin”.

Une implantation de plus en plus forte du RN

Signe de son implantation durable, le RN fait un carton plein ou quasi-plein dans ses fiefs du nord et du sud, avec notamment quatre députés sur quatre dans les Pyrénées-Orientales, trois députés sur trois dans l’Aude ou encore sept députés sur huit dans le Var.

Mais surtout, il s’installe dans un arc qui va de l’ancienne Picardie jusqu’à l’Aube, remportant notamment trois circonscriptions dans l’Oise, deux en Haute-Marne ou trois en Moselle, et s’ouvre de nouvelles perspectives avec des élus en Gironde, dans le Lot-et-Garonne ou dans le Tarn-et-Garonne.

>> À lire : Législatives : la Nupes, une première force d’opposition à l’avenir incertain

Une telle progression a été rendue possible par la fin du front républicain, après un entre-deux-tours où l’appel à faire barrage à l’extrême droite a donné lieu à des messages contradictoires, notamment au sein de la majorité.

“On a la confirmation que dans ce mode de scrutin très particulier qui handicapait jusqu’alors le RN, le front républicain s’est complètement disloqué, voire même perdu dans les limbes de la Ve République”, a observé le directeur du Cevipof, Martial Foucault, sur LCP.

La stratégie d’Emmanuel Macron “dévastatrice” pour le front républicain

Ainsi, sur les 108 duels opposant la coalition présidentielle Ensemble ! au Rassemblement national, le parti de Marine Le Pen en gagne 62. Une large majorité des candidats Nupes éliminés avaient pourtant appelé à voter soit pour Ensemble ! (14) soit contre le RN (72), selon un décompte du Monde, mais les électeurs en ont décidé autrement.

“Hier, le front républicain est mort au niveau local : la dilution de l’enjeu (1 député à élire sur 577) a conduit les électeurs de gauche comme d’extrême droite à ne plus se faire barrage les uns aux autres au second tour tant leur détestation du macronisme est forte”, analyse Mathieu Gallard, directeur d’études chez Ipsos.


En revanche, les consignes émanant de la coalition présidentielle n’ont pas été aussi claires pour les 61 duels opposant la Nupes au RN, puisque seulement 16 candidats Ensemble ! avaient appelé à voter Nupes et 16 autres contre le Rassemblement national, tandis que 12 candidats macronistes adoptaient une ligne “ni-ni” et que 17 autres ne donnaient aucune consigne de vote, selon un décompte du Monde. Résultat, le Rassemblement national est sorti vainqueur dans 33 circonscriptions, bien aidés par les électeurs Ensemble ! et Les Républicains, comme l’a expliqué le directeur général d’Ipsos sur France 2.


“C’est l’un des points sur lesquels la stratégie d’Emmanuel Macron aura eu des conséquences qu’il n’aura pas tout à fait maîtrisées : cette rhétorique de dire ‘à part moi, il n’y a que des extrêmes’ a été un peu dévastatrice”, admet Emmanuel Rivière, directeur des études politiques de l’institut Kantar, cité par l’AFP.

Le président de la République avait pourtant promis, en 2017, de tout faire pour que les électeurs de Marine Le Pen n’aient “plus aucune raison de voter pour les extrêmes”. Cinq ans plus tard et 89 députés RN désormais élus à l’Assemblée nationale, la promesse n’a clairement pas été tenue.

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