Des centaines de personnes ont une nouvelle fois protesté, dimanche, à Tunis, contre le projet de référendum prévu en juillet par le président Kaïs Saïed, visant à faire adopter une nouvelle Constitution.
Des centaines de personnes sont descendues dans les rues de Tunis, dimanche 19 juin, pour protester contre le projet de nouvelle Constitution qui doit être soumis à référendum en juillet et la révocation de 57 juges par le président Kaïs Saïed, selon un journaliste de l’AFP.
“Le peuple veut l’indépendance de la justice” et “Constitution, liberté et dignité”, ont scandé les manifestants, descendus dans la rue à l’appel du “Front de salut national”, une coalition d’une dizaine d’organisations d’opposants, dont le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de Kaïs Saïed.
Un “dialogue national” a été organisé par le président il y a deux semaines pour élaborer une nouvelle Constitution, avant des élections législatives prévues en décembre. Mais ce dialogue a été boycotté par l’opposition, dont la puissante organisation syndicale UGTT, qui estime que des acteurs clés de la société civile et les partis politiques en sont exclus.
“Ce référendum n’est qu’une fraude”
Une ébauche de la nouvelle Constitution doit être remise lundi à Kaïs Saïed avant d’être soumise dans un mois à la population sous la forme d’un simple vote oui/non.
“Ce référendum n’est qu’une fraude”, a déclaré à l’AFP Ali Larayedh, un dirigeant du parti islamo-conservateur Ennahdha, qui était la principale force au sein du Parlement dissous par le président Saïed lorsqu’il s’est arrogé les pleins pouvoirs lors d’un coup de force le 25 juillet 2021.
“Nous manifestons contre l’exclusion du pouvoir judiciaire et contre le coup d’État visant la Constitution”, adoptée en grande pompe en 2014, trois ans après la chute de la dictature de Zine El Abidine ben Ali, a-t-il ajouté.
Le 1er juin, le président Saïed a révoqué par décret 57 juges en invoquant divers motifs dont “la corruption”, “l’adultère” et entrave à des enquêtes, après avoir renforcé sa tutelle sur le système judiciaire.
Cette décision, dénoncée par plusieurs ONG, dont Human Rights Watch et Amnesty International, comme une “attaque directe contre l’État de droit”, a entraîné une grève des magistrats tunisiens, qui entrera lundi dans sa troisième semaine, pour protester contre la révocation de leurs confrères.
Avec AFP