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Avec la chaleur, l’économie à la peine

Les vagues de chaleur qui se multiplient sous l’effet du réchauffement de la planète ont un coût humain majeur, avec des morts par milliers, mais quand le thermomètre s’affole, l’économie dans son ensemble est aussi affectée.

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Plus fréquentes, intenses et étendues chaque année, les canicules sont les événements climatiques extrêmes les plus meurtriers dans le monde. Rarement considérées sous un angle économique, elles ont pourtant des conséquences lourdes, en termes de vies perdues, de pression sur le système de santé, mais aussi de baisse de productivité et d’impact sur l’agriculture.

L’Agence européenne de l’Environnement (l’AEE) estime qu’entre 1980 et 2000 ces événements climatiques extrêmes ont coûté entre 27 et 70 milliards d’euros dans 32 pays européens. En France, selon une étude publiée en 2021 par l’agence nationale Santé publique France, les canicules de 2015 à 2020 ont coûté entre 22 et 37 milliards d’euros en raison des décès, des frais médicaux et de la perte de bien-être engendrés. 

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>> À lire aussi : “Le dérèglement climatique responsable de vagues de chaleur de plus en plus précoces”

Les conséquences sanitaires

Les canicules sont responsables de 9 % des quelque 2 millions de morts attribuées à des catastrophes météo entre 1970 et 2019 dans le monde, la proportion ayant largement augmenté pendant la dernière décennie. 

En Europe, les canicules comptent pour environ 90 % de la mortalité liée aux désastres météo entre 1980 et 2020, selon l’Agence européenne de l’Environnement (AEE).

>> À voir aussi :”Canicule : un coût très important aussi pour l’économie”

Et la tendance ne va pas s’améliorer. Selon Météo-France, les vagues de chaleur recensées depuis 1947 à l’échelle nationale ont été sensiblement plus nombreuses au cours des dernières décennies. Sur les 35 dernières années, elles ont été 3 fois plus nombreuses que sur les 35 années précédentes. Le nombre de jours de vagues de chaleur a, lui, été multiplié par 9.

Baisse de la productivité du travail

Outre les coûts humains, les épisodes caniculaires se chiffrent également en productivité. La chaleur réduit aussi la productivité des travailleurs.

À 33-34 °C, un travailleur moyen “perd 50 % de ses capacités de travail”, selon l’Organisation international du travail (OIT). En 2030, la chaleur pourrait réduire de 2,2 % le total des heures travaillées dans le monde, soit l’équivalent de 80 millions d’emplois à temps plein, toujours selon l’organisation. Et pour un coût estimé de 2 400 milliards de dollars en 2030, contre 280 milliards en 1995. 

La perte de productivité touche en particulier les travailleurs en extérieur, agriculteurs ou ouvriers dans la construction.

“Le stress thermique lié au changement climatique va réduire les capacités de travail en extérieur à l’échelle mondiale”, insistent les experts climat de l’ONU (Giec), estimant que certaines régions vont perdre entre 200 à 250 jours de travail en extérieur d’ici la fin du siècle.

Ainsi, les canicules remarquables de 2003, 2010, 2015, 2018 en Europe ont entraîné des dommages estimés à environ 0,3 à 0,5 % du PIB européen, avec des pics à plus de 2 % du PIB dans certaines régions du sud, selon une étude publiée dans la revue Nature en 2021.

Et cet impact pourrait être multiplié par près de cinq d’ici 2060 par rapport à 1981-2010 si des mesures ne sont pas prises pour limiter le réchauffement, met en garde l’étude.

Les effets sur la production agricole

Climato-sensible, l’agriculture est elle aussi menacée par ces vagues de chaleur. Les canicules et sécheresses sont donc des menaces majeures pour l’alimentation.

La sécheresse a un effet direct sur les cultures. Et si une courte période de forte chaleur n’engendre pas toujours de dégâts majeurs, elle peut renforcer la sécheresse des sols, comme c’est le cas en France en ce moment.

La canicule de 2019 en France avait entraîné une baisse de rendement de 9 % sur le maïs et d’environ 10 % en blé par rapport à la moyenne quinquennale, selon le ministère français de l’Agriculture. Autre exemple, aux États-Unis, la vague de chaleur de 2012 avait entraîné une baisse de production du maïs de 13 %, provoquant une hausse des prix au niveau mondial.

Les canicules réduisent également la production des vaches laitières et donc l’offre de lait. Et le Giec note l’impact du stress thermique sur la mortalité et la productivité des animaux d’élevage en général.

La question de l’adaptation du secteur agricole aux épisodes caniculaires, et plus généralement aux évènements climatiques exceptionnels, reste donc posée.

Avec AFP

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