Un sac à dos pare-balles, une barre pour bloquer la porte de sa classe, et une batte : c’est l’équipement d’une enseignante américaine en Californie, pour protéger ses élèves en cas d’attaque armée. Elle l’a présenté sur TikTok à la suite de la fusillade d’Uvalde, au Texas, lors de laquelle 19 écoliers et deux enseignantes ont été tués, le 24 mai dernier. Kelsey Vidal estime qu’il vaut mieux “se préparer” à ce type de scénario, bien qu’elle regrette qu’il soit nécessaire d’en arriver là.
Le 24 mars dernier, un jeune de 18 ans, armé d’un fusil semi-automatique, a tué 19 élèves et deux enseignantes dans une école élémentaire à Uvalde, au Texas. Il a ensuite été abattu par la police.
Ce massacre a relancé l’éternel débat sur les armes à feu aux États-Unis, où les fusillades sont quasiment quotidiennes dans les lieux publics.
Dans la foulée, plusieurs enseignants américains ont expliqué sur les réseaux sociaux leurs techniques pour se protéger, au cas où leur établissement scolaire serait attaqué. Dans la vidéo ci-dessous, Kelsey Vidal, enseignante dans une école élémentaire en Californie, montre ainsi deux plaques se trouvant à l’intérieur de son sac à dos, censées résister aux balles.
Kelsey Vidal montre les plaques à l’intérieur de son sac à dos, censées résister aux balles.
“Beaucoup de gens ont été choqués de voir que j’avais besoin de cet équipement pour me sentir en sécurité”
Kelsey Vidal a partagé plusieurs vidéos de ce type sur son compte TikTok :
Au départ, j’ai publié une vidéo sur Instagram, pour exprimer ma tristesse à la suite de la fusillade d’Uvalde, et pour expliquer que j’avais un sac à dos pare-balles, une barre “Barracuda” et une batte dans ma salle de classe, pour nous protéger en cas d’attaque. Plusieurs personnes ont commencé à me poser des questions, donc j’ai publié des vidéos sur TikTok pour montrer mon équipement.
Dans cette vidéo, vue plus de trois millions de fois, Kelsey Vidal montre le casier où elle stocke son équipement, de même qu’un sac fourni par son école, avec du matériel de premiers secours.
Beaucoup de gens ont été choqués de voir que j’avais besoin d’avoir cela pour me sentir en sécurité. Des personnes d’Australie, du Royaume-Uni et du Canada notamment trouvaient déchirant le fait que je me prépare comme si j’allais à la guerre. Ils ont raison, je ne devrais pas avoir besoin de faire cela. Mais je le fais pour protéger mes élèves, car une autre fusillade pourrait très bien se produire.
De nombreuses personnes m’ont également dit que c’était bien que je sois préparée, ou m’ont donné des conseils concernant l’utilisation de mon équipement. Certains enseignants et parents m’ont écrit que c’était cela dont ils avaient besoin pour leur classe, ou pour l’enseignant de leur enfant.
J’ai commencé à m’équiper il y a trois ans, quand j’ai commencé à enseigner, à la suite d’une formation lors de laquelle on nous a donné cinq minutes pour nous barricader à l’intérieur d’une salle de classe, avec 15 collègues. Nous avons utilisé tout ce qui était à notre disposition, mais cela n’a pas suffi. Cela m’a fait peur car, en vrai, nous n’aurions même pas eu cinq minutes pour faire tout cela !
Du coup, avec ma famille, nous avons commencé à réfléchir à des outils faciles et rapides à utiliser… Au final, ma famille m’a acheté un sac à dos, elle m’a donné deux plaques à mettre à l’intérieur pour me protéger des balles, et elle l’a ajusté pour qu’il soit à ma taille, et pour qu’il ne bouge pas si j’étais amenée à courir. Il ressemble à un sac à dos normal, donc ça ne fait pas peur aux enfants.
Kelsey Vidal montre les modifications apportées par sa famille au sac à dos.
Nous avons également acheté une barre “Barracuda”, qui permet de bloquer la porte de la classe : je peux la soulever avec une seule main et l’installer en quelques secondes, donc c’est pratique.
Via l’école, j’ai uniquement reçu un sac avec du matériel de premiers secours, outre la formation.
Dans cette vidéo, qui comptabilise plus de 4 millions de vues, Kelsey Vidal montre comment utiliser la barre “Barracuda”, à partir de 1’20. Elle raconte : “C’est mon mari qui l’a achetée […] Je l’avais mise sur la liste des choses que je voulais avoir pour ma première année d’enseignement, de même que des crayons, des livres, etc.”
Quand j’ai commencé à enseigner, je ne pensais pas que j’aurais besoin de cet équipement, même si je savais qu’il y avait déjà eu des fusillades dans des écoles. Mais j’ai senti qu’il fallait que je fasse quelque chose, car je n’attends aucun changement de l’État. C’est triste, car à l’école, je n’ai pas envie d’être comme une policière ou une militaire. Bien sûr, il ne faut pas forcément acheter tout mon équipement, mais je pense qu’il est important de se préparer et d’avoir un plan, en cas d’attaque : comment bloquer la porte ? Par où s’échapper ? Il ne faut pas y penser trop tard.
Dans cette vidéo, qui comptabilise plus de 14 millions de vues, une autre professeure décrit la “réalité des enseignants” en classe : s’assurer que la porte peut rapidement être bloquée en cas de menace, baisser les rideaux des fenêtres pour ne pas être vus de l’extérieur, avoir une cachette accessible en permanence…
Ici, une autre enseignante montre des techniques pour se protéger en cas d’attaque : portes fermées en permanence, scotch rouge pour montrer aux enfants où se positionner pour ne pas être vus, routes d’évacuation…
Le 12 juin, un groupe de sénateurs démocrates et républicains a annoncé avoir trouvé un compromis concernant des mesures de renforcement du contrôle des armes à feu, même s’il demeure en deçà des réformes réclamées par le président Joe Biden. Ce compromis, rare, doit désormais être soumis au vote au Sénat. La veille, des dizaines de milliers d’Américains étaient descendus dans les rues pour faire pression sur le Congrès, afin qu’il durcisse la législation sur les armes à feu.