Galvanisé par les sondages, Jean-Luc Mélenchon a renoué mercredi soir avec l’exercice du meeting qui a fait une partie de son succès à la présidentielle, moins de deux semaines avant le premier tour des législatives. Selon les projections des sondeurs, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition de partis de gauche qu’il emmène, deviendrait la deuxième formation à l’Assemblée nationale derrière la majorité présidentielle, avec entre 165 et 195 sièges.
“Nos chances de gagner sont assez élevées” : Jean-Luc Mélenchon a renoué avec l’exercice du meeting, mercredi 1er juin à Paris, pour galvaniser les troupes de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), moins de deux semaines avant le premier tour des législatives.
Le meeting a eu lieu dans une jauge plus modeste qu’à la présidentielle. Mais 1 500 personnes se sont tout de même pressées à la salle Olympe de Gouges dans le XIe arrondissement de Paris, certaines ayant même dû rester suivre le meeting sur un écran placé à l’extérieur.
Plusieurs candidats à Paris étaient présents, du chef d’EELV Julien Bayou à l’antispéciste Aymeric Caron en passant par la communiste Céline Malaisé.
Jean-Luc Mélenchon, qui depuis quelques semaines savoure sa position à la tête des gauches rassemblées, a livré un discours truculent, versant dans le stand-up humoristique à certains moments. Quitte à forcer le trait : “C’est la première fois qu’on donne l’opposition en tête alors que l’élection présidentielle a eu lieu il y a à peine un mois”.
Mobilisation historiquement difficile
Si la Nupes est au coude-à-coude avec LREM et ses alliés sur le total national des voix, autour de 28 %, selon les projections des sondeurs, la coalition de partis de gauche serait derrière la majorité présidentielle en nombre de sièges : entre 165 et 195.
Mais dans les estimations, “notre point haut est supérieur à leur point bas”, a assuré Jean-Luc Mélenchon. S’il prend beaucoup de temps pour crédibiliser la victoire de son camp, c’est parce que la mobilisation a toujours été historiquement plus difficile aux législatives pour la gauche.
Or “si les gens pensent qu’on peut gagner, ils vont descendre voter par paquet, par grappe, par wagon”, a expliqué le tribun insoumis, suscitant des “On va gagner” sonores dans la salle.
LFI, EELV, PS, PCF, Générations, “nous nous sommes rassemblés pour dire au pays, ‘Nous sommes une alternative si vous avez compris que ça ne peut plus durer comme c’est là'”, a lancé Jean-Luc Mélenchon.
Or il y a urgence, a-t-il exhorté, car “l’État s’effondre autour de nous” : école et hôpital en difficulté, montée de la pauvreté, “inaction climatique” et même “pour assurer la tranquillité d’un match de foot”.
Pour lui, “les libéraux ont ruiné et désorganisé l’État, avec l’idée que le marché allait le remplacer”. Il a égrené son programme, assumant d’augmenter les dépenses publiques de 250 milliards.
Plusieurs déplacements
Jean-Luc Mélenchon intensifie sa campagne avec plusieurs déplacements de soutien aux candidats – lui-même ne l’est pas.
Après Sandrine Rousseau mercredi, il va se rendre jeudi à Poitiers pour présenter son plan contre le dérèglement climatique en compagnie de Julien Bayou et de la maire écologiste de Poitiers Léonore Moncond’huy.
L’ancien candidat à la présidentielle s’expose tout autant que lors de sa précédente campagne. “Sa stratégie est intelligente mais le Jean-Luc Mélenchon Premier ministre ne doit pas effacer ceux qui ne sont pas fans de la première heure”, observe Ian Brossat, ancien directeur de campagne du candidat communiste Fabien Roussel.
“L’enjeu est celui de l’identification des candidats”, explique à l’AFP Paul Vannier, négociateur de l’accord pour LFI et candidat de la Nupes dans la 5e circonscription du Val-d’Oise. Le portrait du chef Insoumis et le logo de la Nupes sur les affiches ? “Il est encore temps pour ceux qui ne l’auraient pas fait de corriger cela.”
Julien Bayou confie pour sa part être “agréablement surpris” du fonctionnement de la Nupes : “C’est fluide dans la coordination, ça prend sur le terrain, on a fixé quelques grands axes de campagne et chacun a ses manières de communiquer.”
La Nupes raillée par le camp macroniste
La porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a moqué les espoirs de victoire de la Nupes, dans le Parisien mardi : “Les législatives, c’est 577 scrutins à deux tours, sur 577 circonscriptions. Anticiper les résultats, à partir des sondages nationaux des différents partis, c’est comme annoncer la météo du jour en France, en faisant la moyenne des températures de Lille à Marseille.”
Et la macroniste de brocarder en la Nupes “un accord de circonscription, pas un accord de conviction” : “Qui est Nupes ? Nupes est-il contre le burkini comme le communiste Fabien Roussel ou pour son autorisation avec Julien Bayou ? Sur le nucléaire, Nupes est-il avec les communistes ou avec les écologistes qui sont contre ?”
Avec AFP