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Londres veut modifier le protocole nord-irlandais, Dublin “regrette cette décision”

Malgré les risques de représailles des Européens, le gouvernement britannique a menacé mardi de légiférer dans les prochaines semaines pour revenir sur les contrôles post-Brexit qui ont plongé l’Irlande du Nord dans une crise politique. Le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, a exprimé ses profonds regrets quant à cette décision de Londres.

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Le gouvernement britannique a exprimé, mardi 17 mai, son intention de présenter dans les semaines à venir un projet de loi modifiant le “protocole nord-irlandais”. Une initiative qui reviendrait de facto sur une partie de l’accord de Brexit et risque de provoquer une nouvelle crise avec l’Union européenne.

Dans une déclaration au Parlement, la cheffe de la diplomatie britannique, Liz Truss, a indiqué que la nouvelle loi faciliterait la circulation des biens entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord et attribuerait à Londres davantage de pouvoir de contrôle des lois en vigueur dans la province.

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“Je regrette profondément la décision du gouvernement britannique”, a déclaré mardi le ministre irlandais des Affaires étrangères Simon Coveney dans un communiqué. “De telles actions unilatérales par rapport à un accord international contraignant abîment la confiance et ne serviront qu’à rendre plus difficile de trouver des solutions aux préoccupations réelles” des habitants de la province au sujet de la mise en oeuvre du protocole, a-t-il ajouté.

Le protocole nord-irlandais est une pomme de discorde entre Londres et Bruxelles depuis que le Premier ministre britannique Boris Johnson l’a signé en 2019 pour permettre la finalisation de l’accord sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

Réveil de tensions politiques en Irlande du Nord

Ce protocole prévoit l’instauration de contrôles douaniers sur certaines marchandises transitant de Grande-Bretagne vers l’Irlande du Nord, afin d’éviter que le Brexit ne débouche sur le rétablissement d’une frontière physique avec l’Irlande, restée dans l’UE.

Mais loin de calmer les tensions, ce dispositif a entraîné des perturbations dans l’approvisionnement de l’Irlande du Nord et réveillé des tensions politiques menaçant l’accord de paix de 1998, les unionistes pro-britanniques dénonçant l’instauration d’une différence de fait entre la province et le reste du Royaume-Uni.

Liz Truss a assuré à plusieurs reprises devant la Chambre des communes, mardi, que le projet de loi préparé par le gouvernement ne remettrait pas en cause les engagements internationaux de Londres, et que les négociations se poursuivaient avec Bruxelles pour trouver une solution.

>> À lire aussi : violences en Irlande du Nord : “Le Brexit a déstabilisé une paix déjà fragile”

L’UE a mis en garde à maintes reprises contre toute remise en cause unilatérale du protocole et le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic, chargé des négociations avec Londres, a jugé mardi qu’une telle initiative “soulève des inquiétudes importantes” et ne serait “pas acceptable”.

“Si le Royaume-Uni décide d’aller de l’avant avec un projet de loi supprimant des éléments constitutifs du protocole, comme l’a annoncé aujourd’hui (mardi) le gouvernement britannique, l’UE devra réagir avec tous les moyens à sa disposition”, a prévenu Maros Sefcovic dans un communiqué.

Pression des unionistes nord-irlandais

La révision du protocole évoquée par Liz Truss consisterait notamment à créer un régime réglementaire double destiné à faire en sorte que les marchandises expédiées en Irlande du Nord et destinées à y rester ne soient pas soumises à des contraintes administratives inutiles.

“Le projet de loi supprimera les barrières réglementaires pour les biens fabriqués aux normes britanniques vendus en Irlande du Nord. Les entreprises auront le choix entre le respect des normes britanniques ou européennes dans le cadre d’un nouveau régime réglementaire double”, a dit la cheffe de la diplomatie britannique. “Il continuera de garantir qu’il n’y a pas de frontière physique sur l’île d’Irlande.”

La présentation de ce projet de loi répond à une demande de Boris Johnson, qui a déclaré lundi que son gouvernement devait se doter d’une forme d'”assurance” qui pourra remettre en cause certaines parties de l’accord de Brexit lui posant problème.

Tout en reconnaissant que le protocole nord-irlandais pose des difficultés, un porte-parole de l’opposition travailliste pour les questions internationales, Stephen Doughty, a estimé que le Royaume-Uni devait agir avec calme et responsabilité. “Il est profondément troublant que la ministre des Affaires étrangères présente un projet de loi visant apparemment à rompre le traité que le gouvernement lui-même a signé il y a à peine deux ans, qui ne résoudra pas les problèmes en Irlande du Nord à long terme, et qui sapera plutôt la confiance”, a-t-il dit.

Le résultat des élections en Irlande du Nord, où les nationalistes catholiques du Sinn Fein, favorables à une réunification de l’Irlande, sont arrivés en tête il y a dix jours, pour la première fois dans l’histoire de la province, a accentué la pression sur Boris Johnson.

Le Parti unioniste démocrate (DUP), principal parti pro-britannique, a conditionné sa participation à un gouvernement de partage du pouvoir, prévu par l’accord de paix du Vendredi Saint, à une modification du protocole nord-irlandais. Son dirigeant, Jeffrey Donaldson, a estimé mardi que la proposition de Liz Truss allait dans le bon sens, mais il a dit attendre pour se prononcer définitivement qu’elle se traduise en mesure concrète et rapide. “Nous ne voulons plus de frontière en mer d’Irlande”, a-t-il averti.

Avec Reuters

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