Depuis le début de la guerre, la Russie a mis en place un blocus maritime de l’Ukraine qui a un impact important sur les exportations mondiales de céréales. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky exhorte la communauté internationale à prendre des mesures pour y mettre fin.
Le blocus d’Odessa continue d’avoir un impact majeur sur le marché mondial des denrées alimentaires. Les exportations de céréales de l’Ukraine ont ainsi chuté de plus de moitié depuis le début du mois de mai par rapport à l’an dernier, selon les statistiques publiées jeudi 12 mai par le ministère de l’Agriculture.
Elles sont revenues à moins de 300 000 tonnes contre 667 000 tonnes sur la période correspondante en mai 2021, un volume qui dépasse néanmoins celui enregistré sur l’ensemble du mois de mars, le premier mois complet après l’invasion du pays par l’armée russe. Avant l’invasion russe, l’Ukraine exportait jusqu’à six millions de tonnes de céréales par mois.
Le blocus est total, de la mer d’Azov, fermée à la navigation dès le début de l’offensive, au port d’Odessa, sur la mer Noire, qui représente en temps normal 60 % de l’activité portuaire du pays.
Le débat : Odessa, au cœur du conflit ?
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté, lundi, la communauté internationale à prendre des mesures immédiates pour mettre fin au blocage russe, afin de permettre les livraisons de blé et éviter une crise alimentaire mondiale. Le même jour, des missiles ont atteint des sites touristiques et détruit des bâtiments.
“Pour la première fois depuis des décennies et des décennies, ici à Odessa, il n’y a pas de mouvements réguliers de la flotte marchande, il n’y a pas de travail portuaire routinier”, a dit Volodymyr Zelensky après s’être entretenu avec le président du Conseil européen, Charles Michel, en visite à Odessa.
“Cela ne s’est probablement jamais produit à Odessa depuis la Seconde Guerre mondiale”, a ajouté le président ukrainien dans une allocution vidéo.
De nombreux pays dépendants des livraisons ukrainiennes
“En ciblant les infrastructures comme les ports, mais aussi les routes ou les ponts, l’objectif de Moscou est de parvenir à une asphyxie de l’économie ukrainienne, mais aussi de compliquer le déploiement de l’armée ukrainienne”, analyse sur France 24 Christine Dugoin-Clément, chercheuse associée à la chaire “Risques” de l’IAE Paris-Sorbonne.
“Il ne s’agit pas d’un coup dur pour l’Ukraine seulement, a poursuivi Volodymyr Zelensky. Sans nos exportations agricoles, des dizaines de pays dans différentes parties du monde sont déjà tout près d’une pénurie alimentaire. Et avec le temps, la situation pourrait franchement devenir effrayante.”
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L’enjeu est en effet vital pour de nombreux pays dépendants des livraisons de l’Ukraine, qui exportait avant la guerre, par la mer, 4,5 millions de tonnes de production agricole par mois – soit 12 % du blé, 15 % du maïs et 50 % de l’huile de tournesol au niveau mondial.
“On disait déjà au XVIIIe siècle, et surtout au XIXe, qu’Odessa était le port qui nourrissait l’Europe en blé. Il suffit de voir ce qui nous arrive dans les supermarchés – l’huile qui manque, la farine qui manque – pour comprendre à quel point Odessa est un point stratégique”, affirme sur France 24 Oleg Kobtzeff, professeur associé d’histoire et géographie à l’American University of Paris.
Le blocage par l’armée russe des ports ukrainiens dans le cadre de l’offensive lancée le 24 février a également renforcé la volatilité sur les marchés financiers mondiaux, contribuant à la flambée des prix des matières premières.
Avec AFP et Reuters