Roi de la Ligue Europa, c’est désormais la Ligue des champions qu’Unaï Emery veut soulever avec Villarreal. L’entraîneur espagnol a déjà accroché le scalp du Bayern Munich et de la Juventus Turin cette année, Liverpool ne lui fait donc pas peur.
Le “sous-marin jaune” contre la ville des Beatles. Après un premier choc anglo-espagnol entre Manchester City et le Real Madrid, c’est au tour de Liverpool et Villarreal de s’affronter, mercredi 27 avril, en demi-finale de Ligue des Champions. L’équipe espagnole, coachée par Unaï Emery, fait figure d’invité surprise du dernier carré. Pourtant, l’entraîneur basque a prouvé qu’il savait sublimer ses équipes pour les grands rendez-vous européens.
Dans la position du challenger
Sur le papier, Villarreal, actuellement septième de la Liga, est en effet la plus faible des quatre encore en lice. En face, Liverpool, deuxième de la Premier League à un point seulement derrière Manchester City, fait même figure d’épouvantail.
Le rapport est sur le papier déséquilibré mais cette position de challenger convient sans doute à Emery, quadruple vainqueur de la Ligue Europa (trois sacres avec Séville, un avec Villarreal). Pourtant, il sait montrer les dents quand il faut, refusant le statut de “gentil” Petit Poucet.
“Nous ne sommes pas ici pour qu’on dise que nous sommes gentils, que nous sommes sympathiques, un petit village comme celui d’Astérix et Obélix”, avait lancé l’entraîneur espagnol après avoir éliminé le Bayern Munich en quart de finale. “Nous avons un projet très solide, très stable, avec la famille Roig depuis de nombreuses années, un club qui a joué des demi-finales dans le passé (…) Notre but avant ce match, ce n’était pas de donner une bonne image de nous, c’était de nous qualifier.”
La réputation d’Unaï Emery n’est plus à faire dans les grandes dates européennes. Sur les douze dernières saisons, le Basque a qualifié son équipe lors de 31 des 37 confrontations à élimination directe en C1 et en C3, soit un taux de réussite de 84 % que seul Zinédine Zidane, avec 14 sur 16 (88 %), concurrence.
Entraîneur mal-aimé
Malgré ses états de service impeccables, la réputation d’Unaï Emery reste entachée par ses passages au PSG et la fin de son histoire en queue de poisson à Arsenal.
Du côté de Paris, il est resté celui qui officiait au moment de l’humiliante “remontada” subie contre Barcelone en 2017 (4-0, 1-6). L’année suivante, il avait également échoué en huitième de finale au Real Madrid (1-2, 1-3).
Chez les Gunners, il avait connu des débuts très prometteurs en 2018/2019, avec une série de 22 matches sans défaite, une troisième place à sept journées de la fin et une finale de Ligue Europa à disputer. Mais il ne s’est jamais remis d’une fin de saison totalement ratée qui avait vu les Londoniens finir cinquièmes et chuter 4-1 en finale de C3 face à Chelsea, ratant la qualification pour la Ligue des champions la saison suivante.
Retour en grâce à Villarreal
Depuis, Emery est parti se ressourcer en Espagne, pays où il fait toute sa carrière de joueur puis débuté sa carrière d’entraîneur, et notamment remporté trois Ligue Europa consécutives avec Séville FC. Il a ajouté en 2021 une C3 supplémentaire à son palmarès en 2021 avec Villareal, dominant au passage Arsenal en demi-finale et Manchester United en finale.
Cette nouvelle victoire dans sa compétition fétiche lui a ouvert les portes de la Ligue des champions. Après s’être extirpé d’un groupe qui comptait Manchester United et l’Atlanta Bergame, les hommes d’Unaï Emery ont été les tombeurs de deux cadors d’Europe : la Juventus Turin puis le Bayern Munich.
Cette épopée rappelle celle de 2005-2006 dans la petite ville espagnole de 50 000 habitants. Cette saison-là, Villarreal, novice en Ligue des champions, s’était hissé jusqu’en demi-finale, porté par Diego Forlan et Juan Roman Riquelme, avant d’échouer sur un pénalty manqué par ce dernier à la dernière minute du match retour contre Arsenal. Seize ans plus tard, les héros ont changé de nom. Ils s’appellent Arnaut Danjuma, Gerard Moreno, Giovani Lo Celso, ou encore Raul Albiol.
Mais la fièvre jaune est toujours la même. Et c’est toute la planète football qui succombe à l’histoire de ce Petit Poucet vêtu d’or venu bousculer la hiérarchie du continent, qui voudra prolonger son rêve en demi-finale.