La justice britannique a autorisé formellement mercredi l’extradition du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, aux États-Unis, après des années de bras-de-fer judiciaire. Il revient désormais à la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, de l’approuver, bien que les avocats de la défense puissent encore faire appel devant la Haute cour.
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, se rapproche un peu plus d’une extradition aux États-Unis – qui veulent le juger pour espionnage – après une décision formelle de la justice britannique mercredi 20 avril.
Le tribunal de Westminster Magistrates à Londres a officiellement rendu une ordonnance d’extradition et il revient désormais à la ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, de l’approuver.
“En termes simples, je suis tenu d’envoyer votre affaire à la ministre d’État pour décision”, a déclaré le magistrat Paul Goldspring lors d’une courte audience de sept minutes.
Âgé de 50 ans, le fondateur de WikiLeaks n’était pas présent physiquement au tribunal mais a suivi la procédure administrative par liaison vidéo.
Ses avocats peuvent encore faire appel devant la Haute cour.
À moins d’un appel, Julian Assange sera extradé dans les 28 jours suivant la décision de la ministre d’ordonner l’extradition.
“Les journalistes devront regarder par-dessus leur épaule”
À l’extérieur du tribunal, quelques dizaines de soutiens de Julian Assange s’étaient rassemblés mercredi avec des pancartes proclamant “N’extradez pas Assange, le journalisme n’est pas un crime” ou encore “Que la liberté de la presse repose en paix”.
L’ancien chef du Parti travailliste Jeremy Corbyn était également présent pour défendre l’Australien. “Il n’a absolument rien fait de plus que de dire la vérité au monde”, a-t-il lancé aux manifestants.
“Si #JulianAssange est extradé vers les États-Unis, les journalistes du monde entier devront regarder par-dessus leur épaule s’ils publient des informations préjudiciables aux intérêts américains”, a également réagi sur Twitter l’organisation de défense des droits humains Amnesty International.
Julian Assange est détenu depuis trois ans à la prison de haute sécurité de Belmarsh, près de Londres, où il a épousé sa fiancée, Stella Moris, le mois dernier. Celle-ci a eu deux enfants avec lui, deux petits garçons conçus lorsqu’il vivait à l’ambassade d’Équateur à Londres. Le fondateur de WikiLeaks a passé sept ans dans cette ambassade, où il s’était réfugié en 2012 alors qu’il était en liberté sous caution.
Il craignait alors une extradition vers les États-Unis ou vers la Suède, où il faisait l’objet de poursuites pour viol depuis abandonnées.
175 ans de prison encourus
Julian Assange avait finalement été arrêté par la police britannique en avril 2019 et emprisonné.
Son épouse, une avocate sud-africaine d’une trentaine d’années, a supplié le mois dernier Priti Patel d’empêcher son extradition, la priant de mettre fin à cette “affaire politique”. Elle a assisté mercredi à l’audience au tribunal.
Pris dans une longue saga judiciaire, l’Australien est recherché par la justice américaine, qui veut le juger pour la diffusion, à partir de 2010, de plus de 700 000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Poursuivi notamment en vertu d’une législation contre l’espionnage, Julian Assange risque 175 ans de prison, dans une affaire dénoncée par des organisations de défense des droits humains comme une grave attaque contre la liberté de la presse.
Le 14 mars, il avait vu disparaître l’un de ses derniers espoirs d’éviter son extradition, avec le refus de la Cour suprême britannique d’examiner son recours.
Avec AFP