Le Premier ministre britannique doit s’exprimer mardi devant le Parlement après l’amende qui lui a été infligée dans le cadre du “Partygate”. En raison de la trêve parlementaire de Pâques, Boris Johnson n’avait pas encore affronté les députés depuis cette sanction, alors que le mécontentement reste tenace.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson est attendu, mardi 19 avril, au Parlement pour s’expliquer après l’amende qui lui a été infligée pour avoir enfreint les restrictions anti-Covid, tout en restant sous la menace d’autres sanctions.
En raison de la trêve parlementaire de Pâques, le dirigeant conservateur n’a pas encore affronté les députés depuis qu’il s’est vu infliger une amende – 50 livres sterling (60 euros) selon la presse – il y a une semaine pour un anniversaire surprise à l’occasion de ses 56 ans, le 19 juin 2020. Un événement de “moins de 10 minutes” selon lui, qui a également valu à son ministre des Finances, Rishi Sunak, et son épouse Carrie, d’être sanctionnés.
Après l’annonce de cette sanction, Boris Johnson avait, de nouveau, présenté ses excuses et, de nouveau, exclu de démissionner.
Un temps sur un siège éjectable, “BoJo” semble avoir de fait bénéficié de la guerre en Ukraine et de son rôle en première ligne des sanctions occidentales contre la Russie, nombre de députés de son propre camp jugeant peu opportun de tenter de le chasser de Downing Street dans un tel contexte.
Le mécontentement reste néanmoins tenace, y compris dans les rangs de la majorité, comme en témoigne la démission du sous-secrétaire d’État à la Justice, David Wolfson, qui a invoqué “l’étendue, du contexte et de la nature” des infractions commises dans le cadre de ce qui est désormais appelé le “Partygate”.
Mais ce feuilleton, qui exaspère des Britanniques éprouvés par les sacrifices et les restrictions qu’ils ont dû endurer face à la pandémie, semble loin d’être terminé.
“Menteur”
La police de Londres, qui a déjà infligé plus de 50 amendes, poursuit ses investigations. Et une fois l’enquête policière achevée, Boris Johnson devra en outre faire face aux conclusions de la haute fonctionnaire Sue Gray, qui a déjà étrillé dans un pré-rapport des “erreurs de leadership et de jugement”.
Il devra aussi affronter le verdict des urnes lors d’élections locales le 5 mai, scrutin qui aura valeur de test.
Selon la presse, le dirigeant conservateur risque de nouvelles amendes pour sa présence à au moins cinq autres événements festifs présentés comme plus gênants pour lui.
Après l’émergence de nouveaux détails dans le Sunday Times, auprès duquel une source a décrit un Boris Johnson qui sert à boire, porte un toast et fait un discours pour le départ du chef de la communication le 13 novembre 2020, Downing Street a dû démentir le rôle moteur prêté au chef du gouvernement dans la tournure des événements ce jour-là.
“Si les dernières informations sont vraies, cela signifierait non seulement que le Premier ministre était présent à des fêtes, mais qu’il a été l’instigateur d’au moins l’une d’elles”, a fustigé la cheffe adjointe de l’opposition travailliste, Angela Rayner. “Il a délibérément trompé le peuple britannique sur toute la ligne”, a-t-elle accusé, “il a dévalorisé sa fonction, le peuple britannique mérite mieux”.
Selon l’avant-goût de son intervention distillé dans les médias, Boris Johnson compte mettre en avant son rôle dans le soutien à Kiev ou encore sa visite en Inde à la fin de la semaine.
Il n’est en outre pas à l’abri de devoir affronter un vote visant à saisir une commission spéciale, qui serait chargée de déterminer s’il a ou non sciemment trompé le Parlement – synonyme de démission, selon le code de conduite ministériel – dans ses différentes explications au sujet du Partygate, après avoir assuré maintes et maintes fois que toutes les règles avaient été respectées.
Selon une étude publiée lundi, 72 % des sondés ont une appréciation négative du Premier ministre, le terme revenant le plus souvent étant celui de “menteur”. Selon le sondeur James Johnson, qui a réalisé l’étude, le Partygate l’emporte sur l’Ukraine dans l’opinion. “La fureur n’a pas reculé”, a-t-il tweeté, “beaucoup de commentaires négatifs sont le fait de gens qui l’aimaient bien précédemment, mais qui ont changé d’avis”.
Avec AFP