Les étudiants français ont manifesté, jeudi, devant la Sorbonne et d’autres universités, exprimant leur désillusion face au choix proposé à l’élection présidentielle. Ils ont appelé notamment à la mobilisation dans la région parisienne et à un nouveau rassemblement vendredi.
Des étudiants qui occupaient la Sorbonne pour faire entendre leur voix dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle ont occupé les bâtiments de l’université, jeudi 14 avril, lors d’une journée de rassemblements émaillés d’incidents.
“L’ensemble des étudiants de l’occupation ont décidé de s’en aller”, a indiqué jeudi soir à l’AFP Baptiste, un étudiant en deuxième année de philo à la Sorbonne et militant Unef, qui participait au mouvement à l’intérieur du bâtiment.
“Ça a fait suite à plusieurs nouvelles qui nous ont été transmises”, et notamment “le fait que les prochaines sorties qu’on ferait se traduiraient par des gardes à vue”, “qu’il y aurait une intervention de gendarmerie à partir de 22 h”, et qu'”on n’avait plus comme interlocuteur la présidence” de l’université, ce qui “a contribué à générer beaucoup de peurs”, a-t-il expliqué.
Dispositif de police très conséquent face à la #Sorbonne après 27H d’occupation.
L’accès à l’intérieur est désormais bloqué par des barrières autour des bâtiments.
Plusieurs centaines de personnes sont à l’intérieur. pic.twitter.com/tBoeXI7GmK
— Remy Buisine (@RemyBuisine) April 14, 2022
“On est partis en groupe et la police a fait comme une nasse autour de nous pour nous emmener jusqu’au trottoir”, a-t-il détaillé.
Une partie des jeunes restait cependant dans le bâtiment, selon des étudiants. Une vidéo circulait sur les réseaux sociaux affirmant que 40 étudiants étaient toujours dans l’université, retenus par la police. Une source policière a confirmé à l’AFP jeudi soir qu’il restait encore des étudiants à l’intérieur, sans préciser leur nombre ni la raison de leur présence.
Des centaines d’étudiants se mobilisent à Paris, Nancy ou Reims
À l’extérieur, la police a fait usage de gaz lacrymogènes jeudi soir pour disperser des manifestants qui s’étaient réunis aux abords du Panthéon pour l’accueil et la régularisation des étudiants réfugiés, non loin de la Sorbonne, selon une journaliste de l’AFP sur place. Certains ont formé de petits groupes sporadiques autour des forces de l’ordre, qui les ont repoussés.
À la mi-journée, plusieurs centaines d’étudiants, 400 selon la préfecture de police, s’étaient rassemblés place de la Sorbonne pour participer à une assemblée générale avec les étudiants à l’intérieur, mais étaient restés bloqués par un cordon de CRS.
Les étudiants aux fenêtres avaient lancé des objets tels que poubelle ou mobilier, a constaté l’AFP. Les CRS avaient repoussé les jeunes sur la place, entraînant un mouvement de foule et des jets de gaz lacrymogènes, sans faire de blessé.
Depuis mercredi, des centaines d’étudiants se mobilisent à Paris, Nancy ou Reims, pour protester contre le résultat du premier tour de l’élection présidentielle et alerter sur les questions écologiques et sociales.
À la Sorbonne, une assemblée générale s’était tenue mercredi, à laquelle avaient participé des centaines de jeunes et à l’issue de laquelle un certain nombre d’entre eux – entre 60 et 100 selon des étudiants – avaient décidé de rester.
L’ensemble des sites de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne (une dizaine, dont celui de Tolbiac) étaient “fermés aux étudiants mais ouverts aux personnels” jeudi, selon la direction de la communication.
“La jeunesse est face à un faux choix”
À quelques rues de là, à Sciences-Po Paris, quelque 150 étudiants ont bloqué jeudi l’entrée de l’école au 27 rue Saint-Guillaume. Des banderoles indiquaient : “Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers” ou “Non à l’extrême droite”.
“Les cours prévus aujourd’hui sur ce site ont été basculés en distanciel. Les autres sites de Sciences-Po restent ouverts et fonctionnent normalement”, a indiqué Sciences Po à l’AFP.
“Nous on est là principalement pour combattre l’extrême droite, parce qu’aujourd’hui on est effrayé par le pourcentage de votes qu’a fait Marine Le Pen à l’élection”, a expliqué à l’AFP Sarah Bonvalet-Younès, présidente de l’Unef Sciences-Po.
“La jeunesse est face à un faux choix, deux options qui dans les deux cas lui sont néfastes”, a renchéri Baptiste, 22 ans, étudiant en 3e année, syndiqué à Solidaires Sciences-Po.
Vers 15 h 30, 30 à 40 militants d’extrême droite munis “de manches de pioche, de parapluies et de gazeuses à main”, ont attaqué les étudiants encore présents, qui sont partis en courant sans qu’il y ait de blessés, a-t-il indiqué.
“Le blocus de Sciences-Po vient d’être évacué par nos soins”, a tweeté plus tard la Cocarde Étudiante, montrant dans une vidéo des jeunes en train d’enlever banderoles et barricades.
Avec AFP