Une enquête préliminaire a été ouverte jeudi par le parquet d’Évry, dans la foulée de la publication des résultats d’un questionnaire interne de l’école Polytechnique. Il révélait qu’une étudiante sur quatre avait été victime d’agression sexuelle depuis le début de sa scolarité. Par ailleurs, 11 personnes se sont déclarées victimes d’une tentative de viol ou d’un viol pendant leurs années d’études.
L’école de l’élite française au cœur d’un scandale : une enquête préliminaire a été ouverte pour viols et agressions sexuelles après un questionnaire interne de Polytechnique, selon lequel une étudiante sur quatre y a été victime d’agression sexuelle depuis le début de sa scolarité, a déclaré jeudi 14 avril le parquet d’Évry à l’AFP, confirmant une information de France Inter.
Alors que onze élèves au total disent avoir été victimes de viol ou de tentatives de viol, cette ouverture d’enquête intervient sept mois après celle portant sur CentraleSupélec, où une étude interne avait également fait état d’une centaine de faits de harcèlements sexuels, agressions sexuelles ou viols pendant l’année universitaire.
Dans les deux cas, les directions des établissements avaient adressé un signalement au parquet d’Évry, ces écoles étant situées sur le plateau du Saclay, en Essonne, au sud de Paris.
Selon le parquet, le signalement de Polytechnique a été reçu fin mars et a débouché sur l’ouverture mercredi de cette enquête, confiée à la brigade de recherche de la gendarmerie de Palaiseau.
Le questionnaire, mené du 19 janvier au 6 février en concertation avec les étudiants, “fait suite aux agissements commis à CentraleSupélec”, a justifié la direction de Polytechnique.
“On a décidé de réagir immédiatement en lançant une enquête nous-mêmes pour savoir ce qu’il en était à l’école Polytechnique”, a expliqué mardi à l’AFP François Bouchet, le directeur général de la prestigieuse école d’ingénieurs.
“On est sous le choc”
À Polytechnique, le questionnaire a été rempli par environ 2 100 jeunes, sur les 3 300 ayant intégré l’X entre 2018 et 2021, “soit plus de 60 % de réponses, une très forte participation”, a noté le directeur général.
“On se doutait qu’il y aurait des cas de violences sexistes et sexuelles qui remonteraient, de harcèlement, d’exhibitionnisme, de contacts non souhaités, car on a aussi une cellule d’écoute qui avait été saisie de certains cas”, a souligné François Bouchet.
Selon le sondage, 23 % des élèves – très majoritairement des femmes – disent avoir subi une agression sexuelle lors de leur scolarité : on s’est frotté à elles, on a touché leurs seins, leurs fesses, on les a embrassées contre leur gré.
Onze personnes se sont déclarées victimes d’une tentative de viol ou d’un viol pendant leurs années à Polytechnique.
“On est sous le choc, je ne pensais pas que ce questionnaire allait mener jusqu’à recenser des tentatives de viol ou des viols”, a ajouté François Bouchet.
“Ces faits révélés d’une grande gravité sont inacceptables. On doit se mobiliser pour que la parole se libère et améliorer encore notre plan d’actions lancé en 2017”, a-t-il dit. “Des ateliers sur les violences sexistes et sexuelles vont être rendus obligatoires pour tous les élèves dès juin prochain.”
Avec AFP