Ali Harbi Ali, qui avait mortellement poignardé le député britannique David Amess en pleine permanence parlementaire en octobre, a été reconnu, lundi, coupable de meurtre et de préparation d’actes terroristes par une cour londonienne.
L’auteur des coups de poignard mortels contre le député David Amess – dont l’affaire avait bouleversé le Royaume-Uni – a été reconnu coupable, lundi 11 avril, de meurtre et de préparation d’actes terroristes.
Il n’a fallu que 18 minutes aux jurés de la cour londonienne de l’Old Bailey pour délibérer et condamner Ali Harbi Ali, qui est né et a grandi à Londres dans une famille d’origine somalienne. Sa peine sera prononcée mercredi. Jugé depuis le 21 mars, il a refusé de se lever pour entendre le verdict prononcé par le juge Nigel Sweeney, invoquant des motifs religieux.
Le jeune homme avait plaidé non coupable, mais il avait déclaré, la semaine dernière, à l’audience, avoir visé l’élu de 69 ans parce que ce dernier avait voté en faveur de frappes aériennes en Syrie.
“Je l’ai tué parce qu’il faisait du mal aux musulmans”, avait-il déclaré. “J’avais le sentiment que si je pouvais tuer quelqu’un qui décidait de tuer des musulmans, cela pourrait empêcher que plus de mal soit fait à ces musulmans”, avait-il poursuivi. “Cela envoie peut-être un message à ses collègues” aussi.
Frustré de ne pas aller combattre lui-même en Syrie avec l’organisation État islamique, l’accusé s’était dit qu’il devait “essayer de faire quelque chose ici pour aider les musulmans là-bas”.
L’attaque était survenue le 15 octobre 2021 alors que David Amess, père de cinq enfants, recevait ses administrés dans une église méthodiste à Leigh-on-Sea, à 60 kilomètres à l’est de Londres.
“Terroriste islamiste fanatique, radicalisé”
La mort du député, élu depuis 1983, avait ravivé le traumatisme de l’assassinat de l’élue travailliste Jo Cox en juin 2016. La députée de 4 ans avait été tuée de plusieurs balles et coups de couteau par un extrémiste de droite, Thomas Mair, 53 ans, une semaine avant le référendum britannique sur l’appartenance à l’Union européenne.
Ces deux drames ont suscité des appels à renforcer la sécurité des élus et à apaiser un débat politique électrique ces dernières années, notamment depuis les échanges autour du Brexit.
Ali Harbi Ali avait, selon les médias britanniques, suivi brièvement un programme de lutte contre la radicalisation, sans être considéré comme à risque par les services de sécurité. Jugé pour préparation d’actes de terrorisme entre le 1er mai 2019 et le 28 septembre 2021, il avait été qualifié par le procureur de “terroriste islamiste fanatique, radicalisé”.
Il avait envisagé de tuer d’autres députés, et avait rodé autour du Parlement armé d’un couteau l’été dernier, avait mené des recherches sur plusieurs élus et s’était rendu plusieurs fois près du domicile du ministre Michael Gove.
Affirmant lors du procès être “un musulman modéré”, le Londonien a assuré n’avoir pas de regret : “Si je pensais faire quelque chose de mal, je ne l’aurais pas fait”.
Le Royaume-Uni a connu plusieurs attaques jihadistes au couteau ces dernières années, certaines revendiquées par l’organisation État islamique. Aucune revendication n’a été rendue publique depuis la mort de David Amess.
Un mois après le meurtre du député et au lendemain de l’explosion d’un taxi devant un hôpital de Liverpool (nord de l’Angleterre) – considérée par la police comme étant un attentat –, le gouvernement avait relevé à “grave” le niveau de la menace terroriste sur le sol britannique. Il a depuis été rétrogradé à “important”.
Avec AFP