Alaa Abdel-Fattah, icône de la révolution égyptienne, condamné à cinq ans de prison pour “diffusion de fausses informations”, a commencé samedi une grève de la faim pour protester contre sa détention.
Alaa Abdel-Fattah, figure centrale de la “révolution” de 2011 et détenu politique le plus célèbre d’Egypte, est en grève de la faim depuis samedi pour dénoncer sa détention, a annoncé lundi 4 avril sa mère Laila Soueif à l’AFP.
“Il refuse de s’alimenter parce que sa situation carcérale doit changer, il est placé sous surveillance renforcée, à l’isolement, il n’a pas droit à des livres, à de l’exercice physique et cette prison est connue pour ne respecter aucune loi”, a-t-elle expliqué.
En décembre, Alaa Abdel Fattah, 40 ans, avait écopé de cinq ans de prison pour “diffusion de fausses informations” et son ancien avocat Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Ibrahim, alias Oxygen, de quatre ans. Condamnés par un tribunal d’exception, ils n’ont pas le droit d’interjeter appel.
Sa sœur Mona Seif a indiqué sur Twitter qu’elle avait rendu visite lundi à son frère en prison, où il a refusé de prendre la nourriture qu’elle lui avait portée, car “il était en grève de la faim depuis le premier jour du ramadan (samedi)”.
Triste record
Figure centrale du soulèvement populaire qui a chassé le président Hosni Moubarak lors du Printemps arabe, Alaa Abdel Fattah détient un triste record : il a été emprisonné sous tous les présidents du plus peuplé des pays arabes depuis plus d’une décennie.
Sa dernière arrestation remonte à septembre 2019 après de rares manifestations contre le président actuel Abdel Fattah al-Sissi, qui a progressivement muselé la population depuis son arrivée au pouvoir en 2013.
Le pays compte 60 000 détenus d’opinion, dont selon Amnesty International, “des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association”.
Parmi eux figure l’ancien candidat malheureux à l’unique présidentielle démocratique d’Égypte, en 2012, Abdel Moneim Aboul Foutouh, un ancien dirigeant des Frères musulmans – organisation déclarée “terroriste” par le pouvoir. Sa famille a indiqué dans un communiqué qu’il avait “subi le 23 mars une agression barbare menée par un officier” dans sa prison d’un faubourg du Caire, tenant “le régime pour responsable de sa vie et de sa santé physique et mentale”.
Avec AFP