Odessa a été à son tour touchée par des frappes russes lundi. Cette ville fait partie des objectifs stratégiques de Vladimir Poutine, car elle lui assurerait le contrôle de l’axe logistique entre la mer noire et Kiev. Mais ses habitants sont forts d’un atout particulier : les catacombes de la ville, qui ont déjà servi pendant la Seconde Guerre mondiale. Nos reporters Julie Dungelhoeff et Amar Al Hameedawi sont allés à la rencontre d’Ukrainiens réfugiés vingt mètres sous terre.
Voilà des semaines que ses habitants s’étaient préparés à ces instants : depuis lundi 21 mars, la ville ukrainienne d’Odessa est à son tour la cible du feu russe. Cette cité historique de la Russie impériale et porte d’entrée sur la Mer noire constitue un objectif à la fois stratégique et symbolique pour le Kremlin dans sa guerre contre l’Ukraine. Mais les catacombes de la ville jouent représentent un atout pour la population ukrainienne.
Les Ukrainiens le savent tous désormais : les sirènes annoncent l’imminence d’un bombardement russe. À Odessa, beaucoup d’habitants se sont mis à l’abri sous terre, dans les catacombes : 2500 km de tunnel à 20 mètres sous leurs pieds. Parmi eux, Alexandre, qui explique que ce refuge peut supporter une bombe d’une tonne. Et pour cause : c’est ce type de bombes qui frappe la ville Marioupol ces derniers jours.
En dehors de la nuit, on trouve dans cette ville souterraine essentiellement des femmes et des enfants. Une mère de famille ne cache pas son effroi : “Qui ne serait pas effrayé ? On veut tous rester en vie.” Depuis le début de l’offensive russe, des bénévoles comme Alexandre veulent préparer les habitants au pire : “On a mis en place des lits pour que le tout le monde puisse dormir, on a isolé les murs au cas où nous devions rester longtemps. Mais on espère que ça n’arrivera pas.”
Les frappes tirées depuis les navires russes sur Odessa ont décuplé l’angoisse de sa population, qui trouve dans ses tunnels un semblant de réconfort : “Dimanche, nous avons entendu les explosions. Nous étions loin de l’abri mais on s’y est réfugiés en courant. Ici on se sent plus en sécurité. On n’entend pas ce qui se passe dehors et les enfants ne paniquent pas”, explique une mère de famille. Un réconfort bien précaire toutefois, pour une population remplie d’inquiétudes, à l’image d’une jeune fille : “Moi ce qui me fait peur c’est que cela dure très longtemps.”