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Que sait-on de cette vidéo où l’on voit deux femmes russes arrêtées près de la Place Rouge ?

Le 13 mars, une vidéo montrant deux femmes en Russie se faire arrêter par la police lors d’une manifestation contre la guerre en Ukraine est devenue virale. La première femme semble vouloir manifester contre la guerre, la seconde, manifestement pro-Poutine, s’apprête à s’exprimer avant de se faire arrêter. Cette séquence, filmée sur la place du Manège près de la Rouge, à Moscou, a été partagée sur Twitter le jour même par le groupe activiste russe Activatica, qui milite contre la guerre.

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Dans une vidéo vue plus d’un million de fois sur Twitter, Activatica montre l’arrestation quasiment simultanée de deux femmes sur la place du Manège à Moscou. 

Sur la vidéo, la première femme interrogée porte une pancarte sur laquelle on peut lire en russe “Deux mots” (“dva slova”), visiblement une référence au slogan “Nyet voyne”, qui signifie “Non à la guerre.” Une nouvelle loi russe interdit l’utilisation du mot “guerre” pour décrire le conflit en Ukraine, que les médias de l’état appellent “une opération spéciale.”

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La femme demande à la personne qui filme “J’ai juste écrit ‘deux mots’ ici, est-ce que vous pensez que je vais être arrêtée ?”. 

Elle est immédiatement arrêtée par au moins 7 policiers en tenue anti-émeute et évacuée de la place.

Quelques secondes plus tard, une autre femme est interrogée par la personne qui filme. Cette jeune femme, portant une casquette noire, demande au caméraman : “Qu’en est-il des personnes qui ne manifestent pas et qui pensent que cette opération spéciale que notre pays a initiée… est ce que vous les montrez aussi ?”  Elle est aussi arrêtée par la police.

La femme avec la pancarte s’inquiétait des fourgons de police

Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, Evgueny Kourakine, le caméraman qui a filmé pour le média militant Activatica, explique qu’il est allé tourner à la place de Manège suite à un appel à manifester dans les places centrales des villes russes le 13 mars. 

Il nous a donné une version plus longue de la vidéo, dans laquelle la jeune femme semble évaluer les risques de parler avec lui, et émet des craintes à propos de la police et de la presse qui filme les manifestants. 

Avant de brandir sa pancarte, elle dit au caméraman : “C’est juste qu’il y a tellement de police, tellement de presse. Qu’est-ce qu’on filme en fait ?” Ils parlent des fourgons de police qui sont sur la place, et le caméraman lui conseille : “Vous feriez mieux de traverser rapidement la place pour ne pas finir dans un fourgon de police” Elle demande ensuite au caméraman pour qui il travaille et s’il soutient les manifestants. Il répond qu’il les soutient. Elle hésite avant de dire à la caméra les mots pour lesquels elle sera arrêtée : “J’ai juste écrit “deux mots” ici…”

Evgueny Kourakine explique à la rédaction des Observateurs : 

“C’était le 13 mars, une journée où des actions ont été organisées sur les places centrales des villes. L’événement se déroulait sur la place du Manège (Manejnaya).

À ce moment-là, la place avait déjà été complètement vidée des militants, qui tentaient de brandir des banderoles. Il était impossible de s’approcher du monument [de la place], tout était bouclé par la police – même ceux qui s’arrêtaient, ceux qui ne faisaient que marcher, étaient poussés dans un camion de police. 

Nous avons donc regardé tout le monde se faire arrêter pendant deux heures. Plusieurs personnes sont alors venues vers nous pour nous faire part de leur position ou pour nous montrer leur banderole.

Nous avons prévenu cette femme qu’il était conseillé de quitter la place très rapidement. Malgré tout, elle a décidé d’exprimer son opinion. 

La deuxième femme soutenait l’opération spéciale militaire en Ukraine. Elle a aussi été arrêtée. Les autorités ont dû faire une erreur.”

Quant à la deuxième femme arrêtée, avec la casquette noire, des internautes suggèrent qu’il s’agirait d’une activiste pro-guerre qui aurait déjà été filmée en train d’agresser le militant russe anti-guerre Lev Ponomarev. Il s’agirait de son compte Instagram, qui diffuse des contenus soutenant la guerre en Ukraine. 

Comparaison entre le deuxième femme interrogée, aux vues pro-Poutine, à gauche, et la femme qui a agressé le militant russe Lev Ponomarev, à droite.
Comparaison entre le deuxième femme interrogée, aux vues pro-Poutine, à gauche, et la femme qui a agressé le militant russe Lev Ponomarev, à droite. © Observateurs

Une troisième femme arrêtée en train de réciter une poésie

Evgueny Kourakine a également fourni une vidéo d’une troisième femme, plus âgée que les autres, arrêtée peu après, alors qu’elle récitait un poème de Robert Rojdestvensky. 

Quand il lui dit qu’il est en train de filmer “des gens courageux qui n’ont pas peur de donner leur commentaire” sur la situation en Ukraine, sans se prononcer sur la guerre, elle commence à réciter “Requiem” une poésie de Robert Rozhdestvensky dédié au mémoire des victimes de la guerre. “Hommes ! Tant que le cœur bat, souvenez-vous ! “Souvenez-vous du coût du bonheur, s’il vous plaît, souvenez-vous !” Elle est aussitôt interpellée par la police. 

Le site d’Activatica est bloqué en Russie, mais disponible dans d’autres pays, comme en France.

À Moscou, au moins 30 manifestants et un journaliste ont été emmenés dimanche par la police, selon l’AFP. Plus de 850 manifestants ont été arrêtés à travers la Russie, selon l’ONG OVD-Info.

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