Avec onze médailles d’or, l’Ukraine a terminé les Jeux paralympiques de Pékin à la deuxième place du classement des nations, derrière la Chine et devant le Canada. Malgré le conflit qui touche leur pays, les sportifs ukrainiens ont décroché au total 29 médailles et ont particulièrement dominé les épreuves de biathlon.
La flamme paralympique s’éteint dimanche 13 mars sur les Jeux d’hiver, après dix jours de performances exceptionnelles des sportifs ukrainiens confrontés à l’invasion de leur pays.
Malgré un contexte très difficile, l’équipe d’Ukraine a particulièrement brillé lors de cette compétition. Elle a dépassé son record de médailles (25) atteint en 2006 à Turin en décrochant 29 médailles dont 11 en or et a terminé à la deuxième place du classement des nations, derrière le pays hôte, la Chine (61 médailles dont 18 en or), et devant le Canada (25 médailles dont huit en or).
Lors de la dernière journée, l’Ukraine a été sacrée pour la première fois de son histoire sur le relais de ski de fond 4 x 2,5 km libre. Le pays a particulièrement brillé en biathlon avec 22 de ses 29 médailles décrochées, dont huit en or.
La participation de ces athlètes avait pourtant semblé compromise dans un premier temps en raison de l’invasion russe. Après un long voyage à travers l’Europe, la délégation ukrainienne, composée d’une vingtaine de sportifs, était finalement arrivée à Pékin, près d’une semaine après le début du conflit, et deux jours avant le début de la compétition. “C’est un miracle qu’on soit arrivés ici”, avait déclaré le président du Comité paralympique ukrainien, Valeriy Sushkevych, au début de la compétition.
“Nous souhaitons protéger l’honneur de notre pays”
Tout au long de ces deux semaines, les sportifs ukrainiens n’ont cessé de penser à leurs compatriotes. Lors de la cérémonie d’ouverture le 4 mars, la délégation a défilé, poing levé, devant le président du Comité international paralympique (CIP), Andrew Parsons.
Dès le premier jour de la compétition, Vitalii Lukianenko, sacré en sprint dans la catégorie malvoyant, a dédié son titre “aux gars qui protègent nos villes”. Championne paralympique sur le biathlon longue distance femmes debout, Liudmyla Liashenko, qui avait appris la destruction de sa maison à Kharkiv, a aussi rendu hommage “aux Ukrainiens, à l’armée qui nous protège et à ma famille”.
Sa compatriote, Oksana Shyshkova, sacrée trois fois à Pékin, a également eu une pensée pour son pays à chaque victoire. “Nous souhaitons protéger l’honneur de notre pays”, a t-elle commenté. “C’est peut-être ce qui nous motive à rester concentrés et à faire du mieux possible. C’est peut-être ça le secret.” La biathlète Anastasiia Laletina n’a en revanche pas pu prendre part à la course en catégorie assis. L’équipe a annoncé que son père, soldat, avait été “fait prisonnier” et “battu” par des militaires russes.
Pour montrer leur unité et leur force, sportifs et membres du personnel ukrainiens ont protesté jeudi. L’ensemble de la délégation s’était rassemblée au village olympique. Devant une banderole frappée du message “la paix pour tous”, ils ont observé une minute de silence pour les victimes de la guerre. Valeriy Sushkevych a alors expliqué : “Cette minute est pour les milliers de personnes, y compris les enfants et les personnes handicapées, qui se trouvent en Ukraine. Si l’humanité est civilisée, alors cette guerre doit être arrêtée. Les gens, les femmes et les enfants méritent de vivre, pas de mourir.”
“Cela montre au monde qui sont les Ukrainiens et quelle force nous avons”
Comme le rapporte The Guardian, le président Volodymyr Zelensky n’a pas manqué de saluer la performance de l’équipe nationale. Dans un discours vendredi, il a expliqué que “les victoires de l’Ukraine valent pour nous tous leur pesant d’or, d’argent ou de bronze”. Pour le chef de l’État ukrainien, devenu un héros national, “cela montre au monde qui sont les Ukrainiens et quelle force nous avons, avec une arme à la main sur le champ de bataille ou avec un fusil de sport sur une piste de biathlon”.
Ce succès n’est pas non plus une surprise. Depuis plusieurs années, l’Ukraine est dans le top six du tableau des médailles des Jeux paralympiques. Mais cette impressionnante moisson de médailles a sans doute été stimulée par la guerre et l’absence de concurrents russes. Alors qu’ils avaient été autorisés au départ à participer sous bannière neutre, ces derniers, ainsi que les Biélorusses, ont finalement été exclus des Jeux sous la pression d’équipes et d’athlètes.
Après la parenthèse paralympique, l’équipe ukrainienne s’envolera pour Istanbul, puis restera quelques jours à Varsovie avant de retourner en Ukraine en car. Plusieurs membres de l’équipe, habitant notamment Kharkiv, ville lourdement bombardée, pourraient ne pas rentrer chez eux. D’autres ont évoqué leur envie d’aider en donnant leur sang, des vêtements ou en offrant des abris.
Avec AFP