Les 27 chefs d’États de l’Union européenne se sont réunis, jeudi et vendredi, lors d’un sommet à Versailles pour tirer les enseignements de la guerre et Ukraine et tenter d’aider les réfugiés en provenance du pays. Andrej Plenković, Premier ministre croate issu du parti conservateur au pouvoir, est venu parler des sanctions mises en place et de la décision de refuser l’adhésion rapide de l’Ukraine.
“Je dirais que ce sommet de Versailles est un pas en avant”, se réjouit Andrej Plenković. Alors que l’ordre mondial a changé de manière profonde depuis deux semaines après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Premier ministre croate s’est montré confiant au sujet des sanctions européennes mises en place : “Les trois paquets de sanctions ont tous pour but d’empêcher la Russie de faire ce type d’agression brutale envers l’Ukraine. L’unité de l’UE est montrée encore une fois, notre position politique était rapide, efficace et claire.”
Selon lui, cette agression russe a eu trois conséquences majeures : “La première, c’est la tragédie pour le peuple ukrainien avec lequel nous avons beaucoup de solidarité ; la deuxième, c’est un processus de crise des réfugiés sans précédent en Europe depuis 1945 ; et la troisième, c’est la croissance des prix de l’énergie partout dans le monde et c’était le thème principal du sommet. […] On est bien conscient que, jusqu’à présent, plus de 40 % du gaz venait de Russie. L’idée de la Commission européenne serait d’organiser un nouveau système d’approvisionnement du gaz en Europe.”
À ce sujet, Andrej Plenković a mentionné l’exemple croate : “Nous avons investi et construit un terminal de gaz naturel liquide. Avec ce terminal, la Croatie a pratiquement trouvé la solution pour tous les besoins de la Croatie et la consommation personnelle des habitations croates. […] Les autres pays fournisseurs de gaz ont aussi un rôle à jouer. Pour le moment, Je crois qu’un arrêt total n’est pas réaliste.”
Un embargo sur le gaz russe pas envisageable dans l’UE
Pour le Premier ministre, la question de l’embargo du gaz russe n’est pas envisageable : “Il y a une grande différence entre le gaz russe exporté vers les États-Unis et celui dont dépendent les pays européens. Il faut augmenter la production au sein de l’UE et l’approvisionnement depuis d’autres pays”, affirme-t-il.
Andrej Plenković estime que c’est d’ailleurs aux gouvernements de faire le nécessaire pour diminuer le choc de l’augmentation des prix de l’énergie pour les concitoyens : “En Croatie, on a passé plusieurs mesures de plus de 700 millions d’euros pour diminuer le choc de ces augmentations. […] La situation que nous avons aujourd’hui, avec une augmentation de 500, 700 % des prix n’est pas tenable sur la durée. Nous avons besoin d’une action globale.”
Le Premier ministre croate se montre favorable à un second plan de relance demandé par certains pays du Sud : “Nous sommes prêts de trouver des solutions pour relancer l’économie de l’UE et changer la donne, faire un boost vis-à-vis des investissements et des crédits pour renouveler l’économie au niveau national et européen. […] En Croatie, par exemple, nous avons eu une croissance de 10,4 % du PIB en 2021 qui a montré que nous sommes l’un des pays qui a eu une agilité incroyable”, s’est-il félicité.
“Plus grave crise des réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale”
Interrogé sur l’actuelle crise migratoire, Andrej Plenković s’est montré pessimiste : “Je crois que nous sommes en train de vivre la plus grave crise des réfugiés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale”, déplore-t-il. “Les estimations de l’UNHCR parlent de 2 millions de réfugiés et il y en aura peut-être bientôt 5 millions et même plus, car quand on voit les corridors humanitaires mis en place depuis des villes de plus de 3 millions d’habitants, ça veut dire que la crise sera sans précédent. Je pense que tous les pays qui ont une frontière avec l’Ukraine ont déjà montré une grande capacité d’accueil. […] J’ai le sentiment d’une solidarité totale. Je ne pense pas qu’il y ait deux types de réfugiés. Il y a une situation clairement humanitaire qui a besoin de l’aide de l’UE.”
Enfin, alors que les 27 ont pris la décision de refuser l’adhésion rapide de l’Ukraine à l’UE, le Premier ministre du dernier pays à avoir rejoint l’Union a rappelé son engagement : “J’étais à Kiev il y a trois mois et j’ai signé une déclaration avec le président Zelensky pour soutenir la perspective européenne de l’Ukraine. […] On a envoyé un signal fort que nous avons intensifié dans tous les domaines possibles. Attendons la procédure qui est devant nous.”
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Émission préparée par Perrine Desplats, Sophie Samaille et Georgina Robertson.