En 2021, plus de 4 200 migrants sont entrés illégalement en Lituanie depuis la Biélorussie voisine, pour la plupart au cours de l’été, une situation inédite pour ce petit pays de l’Union européenne. Ils avaient alors été envoyés dans des centres de détention, comme celui de Medininkai, où nombre d’entre eux sont bloqués depuis des mois. C’est le cas de nos Observateurs, originaires d’Afrique francophone, qui témoignent dans notre émission.
Au cours de l’été dernier, des milliers de migrants ont tenté d’entrer dans l’Union européenne – en Pologne, en Lettonie, ou encore en Lituanie – depuis la Biélorussie voisine. La plupart étaient des Irakiens, arrivés en avion à Minsk, la capitale biélorusse, depuis Bagdad, avec des visas touristiques. En revanche, du côté des Africains, la plupart vivaient déjà en Biélorussie depuis des mois, voire des années, souvent avec des visas étudiants, quand ils ont tenté de traverser la frontière.
Le président biélorusse avait alors été accusé d’orchestrer cet afflux migratoire en représailles à des sanctions européennes, et la Lituanie, dépassée par ces arrivées, avait commencé à construire une clôture à sa frontière. De plus, elle avait ouvert des centres à la hâte, pour placer les migrants arrêtés en situation illégale.
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Dans notre émission, deux d’entre eux, originaires d’Afrique francophone, racontent leurs conditions de détention dans l’un de ces centres, situé à Medininkai, à deux kilomètres de la frontière biélorusse : problèmes d’hygiène, nourriture insuffisante, chauffage parfois en panne, insomnies et problèmes mentaux liés à l’enfermement, tensions avec les gardes-frontières du centre… Tous deux y sont bloqués depuis des mois.
Autre problème : seules 2 % des demandes d’asile ont été acceptées jusqu’à présent. Tshetshe (pseudonyme), l’un de nos Observateurs, estime d’ailleurs qu’ils ne reçoivent pas l’assistance juridique nécessaire, et que la Lituanie ne prend pas le temps d’examiner leurs histoires en profondeur.
Des migrants pouvant être gardés en détention jusqu’à 12 mois
Le 23 décembre dernier, le Parlement lituanien a approuvé des amendements à la loi sur le statut juridique des étrangers, autorisant à les maintenir en détention jusqu’à 12 mois.
Actuellement, les migrants craignent que la Lituanie ne les force à accepter de retourner “volontairement” dans leur pays, moyennant le versement de 1 000 euros et le paiement de leur billet d’avion, pour les inciter à partir.
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