Un nombre restreint de soldats américains doit être déployé en Europe de l’Est, a annoncé vendredi Joe Biden, maintenant la pression sur Moscou alors que les États-Unis redoutent une invasion de l’Ukraine. Washington affirme néanmoins que la voie diplomatique reste ouverte.
Un nouvel outil de pression dans la crise ukrainienne. Joe Biden a annoncé, vendredi 28 janvier, l’envoi prochain d’un nombre limité de soldats en Europe de l’Est, au terme d’une journée d’échanges tous azimuts qui a laissé une voie ouverte pour un règlement diplomatique des tensions autour de l’Ukraine.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé vendredi les Occidentaux à ne pas semer la “panique” autour du risque d’une invasion russe de son pays, pendant que le président russe Vladimir Poutine et son homologue français Emmanuel Macron convenaient de la “nécessité d’une désescalade”.
“Je vais envoyer des troupes américaines en Europe de l’Est et dans les pays de l’Otan prochainement, pas beaucoup”, a annoncé le président américain, sans plus de précisions. Les États-Unis ont déjà placé 8500 militaires en alerte pour renforcer l’Otan.
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a estimé qu’avec plus de 100 000 soldats russes déployés aux frontières ukrainiennes, la Russie avait amassé des forces suffisantes pour une invasion, mais il a souligné qu’un conflit entre l’Ukraine et la Russie n’était “pas inéluctable”. “Il reste du temps et du champ pour la diplomatie”, a-t-il ajouté.
A Londres, Boris Johnson s’est dit “déterminé à accélérer les efforts diplomatiques et à renforcer la dissuasion pour éviter une effusion de sang en Europe”, selon une porte-parole de Downing Street vendredi soir. Le Premier ministre britannique doit s’entretenir dans les prochains jours avec Vladimir Poutine, avant un déplacement dans la région.
Tentative de désescalade
“La probabilité de l’attaque existe, elle n’a pas disparu et elle n’a pas été moins grave en 2021”, mais “nous ne voyons pas d’escalade supérieure à celle qui existait” l’année dernière, a de son côté déclaré Volodymyr Zelensky, au cours d’une conférence de presse à Kiev.
“Nous n’avons pas besoin de cette panique”, a-t-il souligné, tout en appelant la Russie à “faire des pas pour prouver” qu’elle ne va pas passer à l’attaque.
“Le plus grand risque pour l’Ukraine” actuellement, c’est “la déstabilisation de la situation à l’intérieur du pays”, a-t-il estimé.
Lors d’une conversation avec le président français vendredi, Volodymyr Zelensky a appelé à “multiplier des rencontres et négociations (…) pendant qu’un climat propice au dialogue existe”, selon un communiqué de Kiev. “Tant que des efforts diplomatiques se poursuivent, la probabilité d’une escalade baisse.”
La Russie dément elle tout projet d’invasion, mais s’estime menacée par l’expansion de l’Otan depuis 20 ans et par le soutien occidental à l’Ukraine.
Elle a donc lié la désescalade à la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance atlantique, notamment à l’Ukraine, et au retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.
Les États-Unis et l’Otan ont formellement rejeté mercredi ces demandes.
“Les réponses des États-Unis et de l’Otan n’ont pas tenu compte des inquiétudes fondamentales de la Russie”, a relevé le Kremlin dans un communiqué consacré à l’entretien entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, vendredi matin.
Menace de sanctions
“Le président Poutine n’a exprimé aucune intention offensive”, a noté la présidence française, ajoutant que les deux dirigeants sont convenus de la “nécessité d’une désescalade” et d’une poursuite du “dialogue.”
Les Européens et les Américains ont promis des sanctions féroces et sans précédent en cas d’attaque contre l’Ukraine.
Ont été évoqués le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, ou encore l’accès des Russes aux transactions en dollars, la monnaie reine dans les échanges internationaux.
Washington et l’Union européenne ont affirmé vendredi dans une déclaration commune qu’ils travaillaient à la fourniture de “volumes supplémentaires de gaz naturel” destinés à l’Europe, afin de faire face à un éventuel contre-coup d’une “nouvelle invasion russe de l’Ukraine”.
Les États-Unis ont par ailleurs saisi jeudi le Conseil de sécurité de l’ONU, réclamant une réunion lundi en raison de la “menace claire” que fait peser à leurs yeux la Russie sur “la paix et la sécurité internationales”.
De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a assuré que la Russie ne voulait “pas de guerre” et préférait la “voie de la diplomatie”.
Avec AFP