Le gazoduc Nord Stream 2, entre la Russie et l’Allemagne, pourrait ne pas aller de l’avant si Moscou envahit l’Ukraine, ont prévenu jeudi les États-Unis, qui ont réclamé pour lundi une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.
Les États-Unis ont assuré, jeudi 27 janvier, que le gazoduc Nord Stream 2 cher à Moscou serait mort-né en cas d’invasion russe de l’Ukraine. Washington par ailleurs saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, réclamant une réunion lundi en raison de la “menace claire” que fait peser à leurs yeux la Russie sur “la paix et la sécurité internationales”.
Le sort de Nord Stream 2, un gazoduc controversé entre la Russie et l’Allemagne, dont Washington n’a jamais voulu mais qui est désormais achevé avec la bénédiction de Berlin, sera certainement au cœur de la prochaine visite du chancelier allemand Olaf Scholz à la Maison Blanche, le 7 février, pour rencontrer le président américain Joe Biden.
Accusé de timidité et tergiversations, le gouvernement allemand a tenté de clarifier jeudi sa position. Les “sanctions fortes” en cours de préparation par les Occidentaux en cas d’offensive russe incluent aussi Nord Stream 2, qui attend toujours sa mise en service, a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock.
S’appuyant sur ces propos et sur ses “conversations” avec l’Allemagne, le gouvernement américain s’est montré encore plus catégorique. “Je veux être claire avec vous aujourd’hui : si la Russie envahit l’Ukraine, d’une manière ou d’une autre, Nord Stream 2 n’ira pas de l’avant”, a prévenu la numéro 3 de la diplomatie américaine, Victoria Nuland.
“Nette possibilité” d’une invasion
Le président Biden a appelé jeudi son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky et lui a réaffirmé que les États-Unis répondraient “résolument” en cas d’invasion russe, les deux hommes discutant de la possibilité d’une assistance économique accrue, selon un communiqué de l’administration américaine.
Le démocrate a également soulevé la “nette possibilité que les Russes puissent envahir l’Ukraine en février”, une date déjà évoquée par les renseignements américains, a précisé sur Twitter la porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
Les Occidentaux continuent donc de mettre la pression sur la Russie, qui s’est montrée pour le moins réservée au lendemain de la réception des réponses écrites des États-Unis et de l’Otan à ses demandes pour sortir de l’impasse actuelle.
“La balle est dans leur camp”, “nous espérons que Moscou va étudier ce que nous leur proposons et revenir à la table des négociations”, a dit Victoria Nuland, réaffirmant qu’en cas de “rejet” de cette “offre de dialogue”, les sanctions seraient “très douloureuses”.
“Questions secondaires”
La Russie réclame la fin formelle de l’élargissement de l’Alliance atlantique, notamment à l’Ukraine, et un retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.
Les États-Unis et l’Otan ont, sans surprise, formellement rejeté mercredi ces demandes clés, tout en ouvrant à nouveau la porte à des négociations sur des limites réciproques au déploiement des missiles de courte et moyenne portée des deux puissances nucléaires rivales en Europe ainsi qu’aux exercices militaires aux abords du camp adverse.
“On ne peut pas dire que nos points de vue aient été pris en compte”, a regretté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a lui aussi constaté l’absence d’une “réponse positive” à la principale revendication russe. Mais il n’a pas fermé la porte au dialogue, relevant qu’on pouvait “espérer le début d’une conversation sérieuse sur des questions secondaires”.
Avec AFP