Le président français présente mercredi matin au Parlement européen ses projets pour la présidence tournante de l’Union européenne, que la France exerce jusqu’au 30 juin. Après un discours d’une vingtaine de minutes, il répondra aux questions des députés européens.
Souveraineté, Schengen, climat, salaire minimum : Emmanuel Macron défend, mercredi 19 janvier, ses priorités pour l’Europe au cours d’un débat avec les eurodéputés qui prend une forte dimension politique à l’approche de la présidentielle en France.
Plus que jamais, le chef de l’État français se présentera en fervent partisan de la cause européenne, qu’il promeut depuis le début de son quinquennat en 2017. Il a pour cela voulu donner une importance particulière au discours traditionnel de lancement de la présidence tournante de l’UE, que la France exerce jusqu’au 30 juin.
Dans l’hémicycle de Strasbourg, il présentera “sa vision pour l’Union européenne”, avec “la souveraineté européenne comme fil rouge”, mais “s’exprimera aussi au nom des 27 États membres”, a indiqué l’Élysée.
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“C’est un exercice institutionnel. Il y va en tant que président de la République et seulement à ce titre”, a insisté mardi Clément Beaune, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, alors qu’Emmanuel Macron n’a pas officiellement annoncé sa candidature à l’élection du 10 avril.
Après un discours d’une vingtaine de minutes, débutera une longue séquence de questions-réponses avec les députés, moins nombreux qu’à l’habitude en raison du format hybride de cette session dû à la pandémie.
“Dénoncer l’instrumentalisation de la présidence française à des fins électorales”
Emmanuel Macron sera interpellé par des élus de tous les pays mais, comme il est de coutume pour les présidences tournantes de l’UE, une place importante sera laissée aux orateurs français. Devraient ainsi s’exprimer les eurodéputés de droite, François-Xavier Bellamy, de gauche radicale Manon Aubry et d’extrême droite, Jordan Bardella et Nicolas Bay, mais aussi l’écologiste Yannick Jadot, seul candidat à la présidentielle à siéger à Strasbourg.
“J’interviendrai pour rappeler son bilan et pour dénoncer l’instrumentalisation de la PFUE (présidence française) à des fins électorales”, a annoncé Manon Aubry, donnant le ton des critiques qui devraient être adressées au chef de l’État.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne sera finalement pas présente dans l’hémicycle, ayant été déclarée cas contact au Covid-19.
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À l’issue de ce débat, Emmanuel Macron déjeunera avec la nouvelle présidente du Parlement, la conservatrice maltaise Roberta Metsola, élue mardi, avant de tenir une conférence de presse.
Dans son discours, Emmanuel Macron présentera “beaucoup de textes pour être concret”, a indiqué Clément Beaune. Après les avoir présentés le 9 décembre à Paris, il devrait revenir sur l’objectif d’obtenir des “résultats rapides” sur les dossiers prioritaires, comme le salaire minimum, le climat ou la réforme de l’espace Schengen pour mieux lutter contre la migration irrégulière.
Montrer “la voie singulière de l’Europe”
Sur le sujet sensible de la taxe carbone aux frontières de l’UE, “on se bat pour, je pense qu’on va arriver” à la mettre en place, a précisé Clément Beaune, en assurant que l’Allemagne avait donné son “accord de principe”.
Depuis son élection en 2017, célébrée au son de l’hymne de l’UE, le président français se pose en chef de file des pro-Européens face aux “nationalistes” et “populistes”.
Ces derniers focalisent leurs critiques sur le dossier de l’immigration, devenu central dans la campagne électorale, accusant Emmanuel Macron et la Commission de “manquer de fermeté”.
“Dans l’UE tout reste à changer”, a ainsi dénoncé mardi la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, en appelant de nouveau au “rétablissement de “contrôles permanents aux frontières nationales”.
À gauche, les critiques se focalisent davantage sur la nécessité de revoir ou de mettre fin au pacte de stabilité et de croissance (PSC).
Devant les eurodéputés, Emmanuel Macron devrait aussi “prendre de la hauteur par rapport au programme de ces six mois” pour montrer “la voie singulière de l’Europe”, qui se veut “une puissance de stabilité” dans “un contexte international agité” marqué notamment par les tensions entre la Russie et l’Ukraine aux frontières de l’UE, selon un conseiller.
Avec AFP