La France a temporairement levé, jeudi, les restrictions de circulation qui pesaient sur les Britanniques souhaitant emprunter le tunnel sous la Manche pour se rendre en Belgique ou dans d’autres pays européens.
Après deux jours de confusion, la France a temporairement levé, jeudi 30 décembre, les restrictions qui empêchaient les Britanniques en transit vers la Belgique ou d’autres pays européens d’emprunter le tunnel sous la Manche avec leur véhicule, des consignes qui avaient pris de court les habitués et même le gouvernement britannique.
Le blocage concernait les Britanniques officiellement résidents d’un pays de l’Union européenne autre que la France et qui pour s’y rendre traversent habituellement la France en voiture, comme c’est le cas en cette période de retour des fêtes. Ceux qui résident en France ne sont pas concernés, ni les passagers des trains Eurostar.
Le ministère britannique des Affaires étrangères avait indiqué demander “en urgence des clarifications de la part du gouvernement français” après la découverte des blocages. Plusieurs voyageurs avaient assailli de questions sur Twitter Eurotunnel, la société qui gère le tunnel, emprunté par des trains sur lesquels les automobilistes chargent leur voiture le temps de traverser la Manche.
“À moins qu’ils ne détiennent une résidence française, les citoyens britanniques sont désormais considérés comme des citoyens de pays tiers et ne peuvent plus transiter par la France par la route pour rejoindre leur pays de résidence dans l’UE”, avait fini par tweeter mercredi soir Eurotunnel, évoquant une décision du gouvernement français du 28 décembre.
Idem pour les ferries : “Seuls ceux qui possèdent une résidence en France seront autorisés à entrer en France”, avait tweeté la compagnie P&O Ferries.
Le ministère de l’Intérieur français avait d’abord répondu à l’AFP qu’il s’agissait de l’application des consignes aux frontières, mises à jour le 18 décembre et qui imposent désormais un “motif impérieux” pour entrer sur le territoire. Il avait expliqué que les Britanniques étaient “des ressortissants de pays tiers”, une catégorie de voyageurs pour laquelle le transit vers un autre pays de l’UE n’est pas permis.
Mais jeudi, le ministère a fait machine arrière.
De nombreux ressortissants britanniques se sont rendus “de bonne foi” au Royaume-Uni pour les fêtes de fin d’année et “éprouvent des difficultés à rejoindre leur pays de résidence”, selon le ministère qui a décidé d’adresser des “consignes de tolérance” aux effectifs de police aux frontières afin que chacun puisse rejoindre sa résidence.
Une “question de Brexit déguisée”
L’application de ces règles semble s’être faite sans information préalable ni des voyageurs, ni des opérateurs. Les contrôles français se font du côté anglais, avant la traversée de la Manche, au terminal Eurotunnel de Folkestone.
Roland Moore, un Britannique installé à Bruxelles depuis huit ans et qui fait l’aller-retour avec sa voiture immatriculée en Belgique au moins six fois par an, raconte ainsi à l’AFP avoir présenté son passeport britannique et sa carte de résident belge au contrôle de la police aux frontières française mardi soir.
“On m’a dit que je ne rentrerai pas chez moi ce soir. On m’a tendu un document, m’expliquant qu’il y avait de nouvelles règles”, dit ce responsable de relations publiques. “Même l’Eurotunnel n’était pas au courant de ce changement.”
“Je suis complètement perdue, ça n’a pas de sens!”, a aussi confié jeudi matin Fiona Navin-Jones, une Britannique qui vit en Belgique depuis 14 ans, et qui était rentrée avec sa famille en Angleterre en voiture pour la fin d’année.
Elle a fini par pouvoir prendre le Shuttle d’Eurotunnel dans la journée de jeudi, ayant lu que les conjoints de personnes d’une nationalité de l’Union européenne étaient autorisées à transiter par la France.
“Nous avons finalement réussi à passer par la route grâce à la carte de résidence et la composition de ménage (un document belge, NDLR) parce que mon mari est irlandais”, a témoigné Fiona Navin-Jones. “Les règles françaises craignent toujours autant”, s’est-elle agacée, concluant qu’il s’agit d’une “question de Brexit déguisée avec du Covid”.
Avec AFP