Dans le sillage du hashtag #BalanceTonBar, recueillant les témoignages de femmes droguées à leur insu dans des bars et discothèques, puis agressées sexuellement, un appel au boycott, vendredi à Bruxelles, a été lancé par un collectif féministe qui entend dénoncer ces abus sexuels et viols, mais aussi la passivité des autorités face aux plaintes des victimes.
“Les soirées, c’est pour s’amuser, pas pour être drogué·e et agressé·e !” À Bruxelles, les femmes sont appelées à boycotter les clubs et bars, vendredi 12 novembre, pour dénoncer les abus sexuels et viols subis dans ces établissements, et la passivité des autorités accusées de ne pas traiter les plaintes suffisamment sérieusement.
Depuis un mois, de très nombreux témoignages de femmes, droguées puis agressées sexuellement dans des bars et discothèques, déferlent sur les réseaux sociaux sous le hashtag #BalanceTonBar, faisant suite à de précédents mouvements tels que #MeToo ou #BalanceTonPorc.
À l’appel du collectif féministe “Les sous-entendu·e·s” et l’espace d’art bruxellois “That’s What x Said”, réunis au sein de l’Union féministe intersectionnelle autogérée (UFIA), un rassemblement est prévu à 20 h, place de l’Albertine à Bruxelles, afin que les femmes puissent créer leur propre “safe night”.
La suite ? C’est ce vendredi 12 novembre : boycott total des bars et boîtes de nuit de Bruxelles, et rdv place Albertine à 20h, pour montrer ensemble notre refus de continuer à voir nos soeurs droguées et violées dans ces lieux qui préfèrent fermer les yeux.
RT SVP#balancetonbar— Anna Toumazoff (@AnnaToumazoff) November 8, 2021
“La seule manière de te faire réagir est de toucher à ton porte-monnaie”
“Nous exigeons de vivre sans le poids d’être en danger perpétuellement et en tous lieux. Nous voulons un changement radical et immédiat, car ce fléau sévit depuis de trop nombreux siècles et nous ne pouvons plus le tolérer”, écrit le collectif dans son communiqué. Ces militantes, défendant les femmes et minorités de genre (LGBTQIA+), ont demandé, dans un courrier adressé aux 19 bourgmestres (maires, ndlr) de la région de Bruxelles, le soutien du monde judiciaire et du milieu de la nuit pour lutter contre ce qu’elles présentent comme des “violences sexuelles systémiques” dans les bars et clubs de la capitale belge.
Les autorités doivent notamment pouvoir “identifier, ficher et sanctionner systématiquement les établissements et membres du personnel problématiques” dès qu’un signalement de violences sexuelles leur est fourni, estime l’Ufia.
Dans une vidéo postée sur ses réseaux sociaux, le collectif justifie l’appel au boycott de vendredi. “La seule manière de te faire réagir est de toucher à ton précieux porte-monnaie”, déclare une militante à l’adresse d’un patron de bar.
“On est fatiguées de ce que l’on vit au quotidien, mais il y a aussi l’espoir d’un réel sursaut”, a affirmé Anna Toumazoff, vendredi sur Bel RTL. Co-organisatrice du mouvement de boycott des bars et clubs, la militante féministe française ajoute que cette action touche au portefeuille des tenanciers afin de les faire réagir. “Tous les tenanciers ne sont bien sûr pas responsables, mais nous sommes obligées de taper du poing sur la table.”
“Une demande de prise de responsabilité politique”
“#BalanceTonBar n’est pas une réaction émotionnelle, mais une demande de prise de responsabilité politique”, a réagi, vendredi, la députée belge Margaux De Ré, évoquant l’urgence de faire de la lutte contre les violences faites aux femmes un réflexe dans toutes les politiques publiques.
Le mouvement, né au début de l’automne en Belgique quand ont été rendus publics plusieurs cas d’agressions contre des femmes dans deux bars d’un quartier étudiant d’Ixelles, a ensuite essaimé au Royaume-Uni et en France. Plusieurs comptes, visant à recueillir des témoignages de victimes lilloises, parisiennes, nantaises, lyonnaises, grenobloises, toulousaines ou encore niçoises, ont alors été créés.
Parmi les témoignage recueillis, ceux de femmes soupçonnant leur agresseur présumé, barman ou membre du personnel, de les avoir droguées à leur insu avant de passer à l’acte. Certaines évoquent le GHB (communément connu sous le nom de “drogue du violeur”). En Angleterre, la police enquête sur plusieurs cas de femmes ayant présenté des traces d’injection.
Dans la capitale belge, plusieurs plaintes ont été déposées, a indiqué le mois dernier le parquet de Bruxelles, qui a ouvert une enquête.
Comme pour chaque plainte concernant des infractions sexuelles, les enquêteurs travaillent de manière “approfondie et minutieuse” en respectant la présomption d’innocence du ou des suspects, avait dû se justifier le parquet dans un communiqué le 20 octobre. La justice était alors déjà accusée de ne pas traiter les plaintes suffisamment sérieusement.
Avec AFP