La Pologne a pointé la responsabilité russe dans la crise migratoire en cours à sa frontière avec la Biélorussie, accusant directement le président russe Vladimir Poutine. L’UE a annoncé quant à elle une surveillance accrue de vingt pays, dont la Russie, soupçonnés d’avoir organisé l’acheminement de migrants vers Minsk.
Le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a accusé mardi 9 novembre le président russe Vladimir Poutine d’orchestrer la crise migratoire à la frontière polono-biélorusse, limite orientale de l’Union européenne.
Le dirigeant biélorusse Alexandre “Loukachenko est l’exécuteur de la dernière attaque, mais cette attaque a son commanditaire qui se trouve à Moscou et ce commanditaire est le président Poutine”, a déclaré Mateusz Morawiecki lors d’une réunion d’urgence du Parlement polonais.
La Pologne a dénoncé depuis lundi l’arrivée d’une vague de migrants venus du Biélorussie comme une “attaque hybride” menaçant l’UE tout entière.
Paris accuse Minsk de chercher à “déstabiliser” l’UE
La France a, quant à elle, accusé le régime d’Alexandre Loukachenko de chercher à “déstabiliser” l’UE en organisant un “trafic de migrants” à ses frontières. “Ce régime alimente un trafic de migrants visant à déstabiliser l’Union européenne”, a déclaré la porte-parole de la diplomatie française, Anne-Claire Legendre.
“Nous réitérons notre solidarité à l’égard de la Pologne, comme de la Lituanie et de la Lettonie plus tôt, face à cette instrumentalisation inacceptable des flux migratoires par le régime biélorusse”, a-t-elle ajouté.
Paris s’est dit “prêt à examiner un renforcement des mesures” contre le régime et contre “les personnes et les entités impliquées dans ce trafic d’êtres humains”. Ce sujet sera à l’ordre du jour de la prochaine réunion lundi des ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept.
Pour sa part, Bruxelles a indiqué mardi surveiller vingt pays, dont la Russie, pour leur possible rôle dans l’acheminement de migrants vers la Biélorussie. L’UE a aussi entrepris des démarches auprès de treize autres pays où des vols pour le transport des migrants vers la Biélorussie ont participé à leur “instrumentalisation”.
De son côté, Minsk a mis en garde Varsovie contre des “provocations” à la frontière.
Des milliers de migrants massés dans le froid glacial
La Pologne avait averti lundi de l’arrivée d’au moins 3 000 à 4 000 migrants à sa frontière avec la Biélorussie, théâtre depuis cet été d’une crise migratoire, et bloqué une tentative de passage en masse.
Ces milliers de personnes, principalement des Kurdes du Moyen-Orient, sont massées à la frontière entre la Pologne et le Biélorussie sous des températures glaciales. Ils se retrouvent face aux barbelés et à l’important dispositif militaire déployé par Varsovie, déterminé à les stopper.
Selon les gardes-frontières de Minsk, ces migrants désormais entassés dans un camp improvisé côté biélorusse, non loin du village polonais de Kuznica, se trouvent dans un état physique et psychologique “extrêmement mauvais”, en manque notamment d’eau et de nourriture.
Avec AFP et Reuters