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Le vote du plan d’infrastructures aux États-Unis, “un véritable succès pour Joe Biden”

Le Congrès américain a adopté, vendredi soir, le vaste plan d’investissements dans les infrastructures de Joe Biden. “Une réussite à plusieurs niveaux” pour le président américain, selon Jean-Éric Branaa, maître de conférences spécialiste des États-Unis, mais aussi un vote qui affiche l’état des divisions au sein du camp démocrate.

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“Une avancée colossale”. Voici les mots utilisés, samedi 6 novembre, par le président des États-Unis pour saluer l’adoption, vendredi soir par le Congrès américain, de son vaste plan d’investissements dans les infrastructures. Joe Biden a affirmé qu’il promulguerait “bientôt” cette loi d’un montant global de 1 200 milliards de dollars, qui doivent servir entre autres à refaire les routes, les ponts ou encore le réseau Internet du pays.

“À tous ceux qui, chez vous, se sentent abandonnés et laissés-pour-compte dans une économie qui change si rapidement : cette loi est pour vous”, a aussi déclaré le président démocrate, qui espère dynamiser l’économie américaine et en particulier l’emploi avec ce plan d’investissements.

Malgré le vote compliqué à venir concernant le plan de réformes sociales et environnementales, d’un montant de 1 750 milliards de dollars, celui sur le plan d’infrastructures apparaît déjà pour Joe Biden comme une “réussite” de son mandat à plus d’un titre, comme l’explique à France 24 Jean-Éric Branaa, maître de conférences à l’université Panthéon-Assas et spécialiste de la politique et de la société américaines.

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France 24 : Que signifie le vote du plan d’infrastructures de Joe Biden par le Congrès américain ?

Jean-Éric Branaa : C’est une victoire pour Joe Biden, qui a réussi à plusieurs niveaux. D’abord, faire voter un tel plan n’a jamais été concrétisé au Congrès depuis Bill Clinton. George W. Bush, Barack Obama et Donald Trump : tous avaient des plans d’investissements dans les infrastructures dans leur projet présidentiel, et aucun d’entre eux n’a réussi à le faire voter, principalement pour des raisons de dette. Joe Biden a donc réussi un tour de passe-passe assez fort, c’est un véritable succès pour lui.

C’est une victoire également parce que c’est un plan bipartisan. Il a été voté par des républicains – 19 au Sénat et 13 cette nuit (vendredi soir, NDLR) à la Chambre des représentants. C’est très fort de la part de Joe Biden : il est en train de réussir ce qu’il avait promis, à savoir réconcilier le pays en arrivant à faire voter des députés et des sénateurs des deux camps politiques aux États-Unis. Cela n’était pas arrivé depuis les années Obama, en 2008, et on semble vraiment au début d’une réconciliation entre les républicains et les démocrates.

C’est enfin, et surtout, une victoire pour le pays, qui va mal du point de vue de ses infrastructures : les routes, les ponts, le réseau Internet, tout cela est assez sinistré aux États-Unis. Il fallait donc absolument un plan pour réparer l’Amérique et bien sûr, le corollaire de tout ça, c’est l’emploi qui va exploser. Pour construire ces infrastructures, il faudra énormément d’ouvriers, d’ingénieurs, il faudra mobiliser l’industrie américaine… et donc beaucoup d’argent va être injecté dans l’économie. 1 200 milliards de dollars, c’est le PIB de l’Espagne, c’est presque dix fois le PIB du Portugal ou cinq fois celui de la Belgique. C’est vraiment colossal.

Que dit ce vote de l’état du camp démocrate à l’heure actuelle ?

C’est vrai que le plan a été accouché dans la douleur, mais ce qui va rester, c’est ce vote. Maintenant, on se rend compte que les démocrates ont un véritable problème puisque les progressistes et les modérés ne s’entendent pas entre eux, même si Joe Biden arrive à faire le pont entre eux.

Les progressistes ont demandé à ce que le “Build Back Better” (le plan de réformes sociales et environnementales, NDLR) soit voté en même temps et même avant le plan d’infrastructures, c’était une condition sine qua non pour le voter. D’ailleurs, six démocrates ont été jusqu’à l’extrême vendredi soir puisqu’ils ont refusé de voter le plan, au risque même de le faire capoter. S’il n’y avait pas eu de voix républicaines au rendez-vous, c’était la fin de ce projet de loi et il fallait tout recommencer, y compris la procédure au Sénat. Donc c’était jouer avec le feu.

De l’autre côté, des modérés ont également joué un jeu dangereux. Pour voter le “Build Back Better”, ils demandaient à être rassurés sur le budget, qu’on leur dise qu’il n’y aurait pas le moindre dollar supplémentaire ajouté au déficit américain. C’était là aussi un peu extrémiste et dangereux.

Chacun est donc sur ses positions et la confiance a disparu entre les deux franges du Parti démocrate. Cela n’est pas bon pour la suite, même si la présidence Biden va être pleinement réussie avec ce vote du plan d’infrastructures.

Dans ce contexte, que va-t-il advenir maintenant du plan social et écologique ?

Il va être voté. Les règles de procédure qui sont nécessaires pour le mettre aux voix ont été adoptées sur une base partisane. Pour le plan de réformes sociales, il devrait y avoir une scission entre démocrates et républicains : à mon avis, il n’y aura pas de voix républicaines pour le voter. Mais peu importe puisque les démocrates ont la majorité à la Chambre et qu’ils l’ont aussi au Sénat.

Le “Build Back Better” va donc certainement être voté à la Chambre fin novembre. Ensuite, la lutte s’annonce un peu plus forte au Sénat, notamment avec Joe Manchin qui est un démocrate un peu plus opposé que les autres au plan de réformes sociales. Il va être plus dur à convaincre, mais il va revenir au président Biden de sortir tout son talent de faiseur de compromis pour essayer de convaincre celui qui est malgré tout un de ses amis.

Ce vote de vendredi peut-il influer sur les élections parlementaires de mi-mandat en novembre 2022 ?

Bien sûr, d’autant qu’il y a deux jours encore, on pouvait penser que les démocrates se tiraient eux-mêmes une balle dans le pied en continuant à être sur des positions de principe politiciennes. Ils allaient à la catastrophe et c’était une autoroute qui se dessinait pour les républicains.

Il fallait que ce plan soit voté très vite parce qu’il s’agit maintenant de le mettre en place. Il faudra bien un an pour en voir les premiers effets : cela devrait pouvoir se constater en novembre 2022, notamment pour l’emploi, qui est déjà en train de repartir (le taux de chômage est retombé à 4,66 %, NDLR).

Avec, en outre, une accalmie de la pandémie, les États-Unis s’attendent à une remontée très forte de l’économie américaine qui pourrait ramener le taux de chômage à 3,5-3,6 % pour les prochaines élections de mi-mandat. S’ils arrivent à cet objectif, les démocrates pourraient créer la surprise et garder le contrôle des deux chambres du Congrès.

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