Des “écarts importants” subsistent entre Londres et Paris sur la question de la pêche, a estimé jeudi le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, après une rencontre à Paris avec le secrétaire d’État britannique chargé du Brexit, David Frost. De nouvelles discussions sont prévues en début de semaine prochaine.
La France et le Royaume-Uni sont convenus d’accélérer leur travail commun en vue de régler le litige post-Brexit relatif à la pêche, a déclaré jeudi 4 novembre le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, à l’issue d’un entretien à Paris avec le ministre britannique chargé du Brexit, David Frost. Cela malgré les “écarts importants” subsistant entre les deux pays, selon Paris.
Lors d’un briefing par téléphone avec des journalistes, Clément Beaune a fait état d’une discussion “utile et positive” marquant “la reprise d’un dialogue à un niveau politique entre la France et le Royaume-Uni“, qui “s’inscrit toujours dans le cadre européen”.
Les deux hommes se sont mis d’accord pour “accélérer, intensifier le travail qui avait repris en début de semaine et donner une impulsion politique nouvelle aux discussions sur les licences de pêche”, objet d’un contentieux entre Paris et Londres dans le sillage de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
“À la suite des mesures de pression et des signaux politiques beaucoup plus fermes que nous avons adressés, après un moment de grande patience, ces derniers jours, cela a facilité cette reprise du dialogue”, a commenté Clément Beaune, qui qualifie de “signal positif” la venue à Paris de David Frost, avec lequel il s’est entretenu pendant une heure et demie, a-t-il précisé.
“Des écarts restent importants”, a-t-il toutefois ajouté, évoquant des divergences avec les Britanniques sur des questions de méthodologie pour l’attribution des licences.
Nouvelles discussions “en début de semaine prochaine”
“Si le dialogue ne marche pas, on passera à une autre phase”, a-t-il prévenu, deux jours après la suspension par la France de la mise en application de mesures de rétorsion contre les Britanniques. “Nous regarderons les preuves et il n’y aura pas de naïveté au niveau français”, a insisté Clément Beaune.
Au total, selon lui, le nombre de licences définitives manquantes par rapport aux demandes françaises exprimées et documentées est d’environ 200.
“Les deux côtés ont exposé leurs positions et leurs préoccupations”, a pour sa part déclaré un porte-parole du gouvernement britannique, qui a annoncé de nouvelles discussions “en début de semaine prochaine” avec la France.
D’ici là, David Frost doit rencontrer vendredi à Bruxelles le vice-président de la Commission européenne, Maros Sefcovic. Des discussions techniques auront également lieu au cours du week-end ou en début de semaine.
Pas de réelle avancée, selon Londres
De source britannique proche du dossier, on estime que l’entretien organisé au Quai d’Orsay, qui s’est terminé par une poignée de mains devant les caméras, n’a pas permis de réelle avancée.
Le conflit de la pêche, qui dure depuis des mois, s’est intensifié fin octobre, conduisant les gouvernements des deux pays à se menacer mutuellement de représailles au point de conduire le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Boris Johnson à aborder le sujet en marge du G20, dimanche à Rome.
Lundi 1er novembre au soir, la France avait suspendu l’application des mesures de rétorsion, programmées pour le lendemain, qui consistaient notamment à interdire l’accès aux ports français à des pêcheurs britanniques pour décharger leur cargaison et à renforcer des contrôles frontaliers et sanitaires sur les marchandises en provenance de Grande-Bretagne.
La France reproche au Royaume-Uni d’accorder trop peu de licences à ses pêcheurs pour accéder à une zone de 6 000 à 12 000 nautiques au large des côtes britanniques, ainsi que de celles de Jersey et Guernesey. Avec pour conséquence une bataille de chiffres de part et d’autre de la Manche. Paris dit n’avoir obtenu qu’un peu plus de 50 % des permis auxquels les pêcheurs français pouvaient prétendre, tandis que Londres assure avoir délivré 98 % des autorisations réclamées.
La semaine dernière, la France a arraisonné un bateau de pêche britannique, le “Cornelis Gert Jan”, qui opérait illégalement, selon elle, dans les eaux françaises au large du Havre. Le navire a pu reprendre la mer mercredi après avoir été autorisé par la justice à quitter le port normand.
Avec Reuters et AFP