Les dirigeants du G20 se sont entendus a minima, dimanche, sur un objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré au-dessus des niveaux pré-industriels, selon la dernière version du texte consultée par l’agence de presse Reuters.
C’était l’un des grands projets du G20, organisé à Rome jusqu’au dimanche 31 octobre. Mais à quelques heures de la COP26 de Glasgow, les dirigeants des pays les plus développés du monde sont parvenus à un accord a minima sur leur engagement à lutter contre le changement climatique, qui va figurer dans le communiqué final du sommet de Rome, selon l’ultime mouture du texte que Reuters a pu consulter.
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Les discussions sur les mesures à prendre pour tenter de limiter les effets catastrophiques du changement climatique ont été particulièrement difficiles alors que s’est ouvert, dimanche, la conférence des Nations unies sur le climat à Glasgow.
Après des négociations toute la nuit au niveau diplomatique, les chefs d’État et de gouvernement n’ont pris aucun engagement qui laisse penser qu’ils pourront tenir l’objectif affiché d’une limitation de la hausse du réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius.
Disparition de la date butoir, 2050
Le projet de communiqué final est même moins ambitieux que les versions précédentes qui avaient circulé depuis samedi, la date butoir de 2050 pour parvenir au “zéro émission nette” n’y figurant notamment pas.
“La lutte contre le changement climatique est le défi décisif de notre époque”, avait pourtant prévenu le chef du gouvernement italien, Mario Draghi, en accueillant ses pairs dimanche à la reprise des débats.
“Soit nous agissons maintenant, assumons le coût de la transition et parvenons à conduire notre économie sur une voie plus durable, soit nous procrastinons, payons un coût plus élevé plus tard et risquons l’échec”, a-t-il dit.
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Le projet de communiqué final ne traduit aucun engagement nouveau laissant espérer une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre, dont les experts et les organisations environnementales soulignent l’urgence pour éviter une catastrophe.
L’absence de percée majeure au sommet du G20 est de mauvais augure au moment où s’ouvre la COP26 sur le climat à Glasgow, auquel la plupart des dirigeants se sont rendus directement à la fin du sommet de Rome – à l’exception notable des présidents chinois, Xi Jinping, et russe, Vladimir Poutine, qui ne se sont pas déplacés dans la capitale italienne.
Neutralité carbone “d’ici ou aux alentours de la moitié du siècle”
Le projet de communiqué final reste très en deçà des espérances des experts, faute notamment de consensus sur le rythme auquel les plus gros pollueurs peuvent parvenir au “zéro émission nette”.
Les experts des Nations unies jugent nécessaire d’y parvenir d’ici 2050 pour éviter un réchauffement qui devrait atteindre 2,7 degrés d’ici la fin du siècle si aucune mesure supplémentaire n’est prise.
La Chine, premier émetteur mondial, n’envisage cependant pas d’atteindre le zéro émission nette avant 2060, tandis que la Russie et l’Inde, deux autres gros pollueurs, n’ont pris aucun engagement à ce sujet.
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Dans leur projet de communiqué final, les dirigeants du G20 reconnaissent l’importance de parvenir au “zéro émission nette” ou à la neutralité carbone “d’ici ou aux alentours de la moitié du siècle”, une formulation suffisamment vague pour laisser place à toutes les interprétations, même si le texte appelle aussi les pays à agir dès “cette décennie”.
Ils ne s’engagent même plus à tout faire pour “réduire les émissions de manière significative”, comme c’était le cas auparavant, se contentant de constater que la décarbonation de l’économie est “un des moyens les plus rapides, les plus faisables et les moins coûteux de limiter le changement climatique”.
Fin du financement des centrales à charbon
Les dirigeants du G20 s’engagent également à coopérer sur le plan technologique pour aider les pays en développement à se passer des centrales électriques fonctionnant au charbon “dès que possible”, et promettent de supprimer les subventions des énergies fossiles “à moyen terme” – des engagements là aussi trop vagues aux yeux des experts.
De manière plus concrète mais relativement symbolique, ils s’engagent à cesser de financer la construction de centrales à charbon de nouvelle génération dans d’autres pays d’ici la fin de l’année.
Le communiqué final reconnaît enfin “l’importance” de fournir aux pays en voie de développement les 100 milliards de dollars par an que les pays riches ont promis il y a 12 ans de leur verser à partir de 2020 pour les aider à lutter contre les conséquences du changement climatique.
Promesse qu’ils n’ont pas tenue jusqu’à présent, ce qui aggrave la crise de confiance au niveau mondial, avait déploré, vendredi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Avec Reuters