En cette semaine d’ouverture de la COP26, Daniel Cohn-Bendit, figure de l’Europe écolo et qui fut député européen pour le groupe des Verts pendant 20 ans, revient avec nous sur les enjeux de cette grand-messe de la cause environnementale, tels que l’énergie nucléaire, ainsi que sur les grands débats qui agitent les couloirs de Bruxelles. Et comme toujours, “Dany le Rouge” ne mâche pas ses mots.
Face à la crise qui oppose notamment la Pologne et la Hongrie aux institutions européennes sur l’État de droit, Daniel Cohn-Bendit soutient les sanctions décidées par l’UE : “Je crois que maintenant il faut couper le flux monétaire vers la Pologne… parce que les Polonais sont dépendants des subsides européens. Il faut maintenant décider vraiment des sanctions financières tant que la Pologne ne se soumet pas au droit européen.”
Il s’inquiète aussi de la contagion de l’extrême droite et du populisme en Europe : “Si Marine Le Pen ou Eric Zemmour vont voir Orban, c’est qu’ils décident qu’ils sont pour une démocratie illibérale, donc ils sont pour une démocratie autoritaire. C’est-à-dire que Marine Le Pen et Eric Zemmour soutiennent un PM hongrois qui est totalement corrompu.”
Il commente aussi la nouvelle coalition après les élections allemandes. Selon lui, la présence des Verts au gouvernement ferait que “l’Allemagne ne rejoindra pas le camp des frugaux, comme on les appelle, et qu’elle va accepter, dans une discussion avec la France, l’Italie ou l’Espagne, d’après moi, aussi, de structurer une nouvelle idée d’un deuxième plan de relance de l’économie européenne.”
“Le plan ambitieux de l’UE” pour réduire ses émissions de CO2
À la veille de l’ouverture de la COP26, Daniel Cohn-Bendit reste pessimiste sur l’atteinte des objectifs visés et circonspect sur les efforts menés par les grandes puissances : “Si vous prenez la Chine, les États-Unis et l’Inde, vous avez 50 % de la production de CO2 de la planète. Après, le 4ème plus grand producteur, c’est l’Union européenne. Et là, l’Union européenne a un plan ambitieux, mais la mise en place est difficile parce que justement, en ce qui concerne l’énergie, les Polonais dépendent totalement du charbon.”
Enfin, il réaffirme son opposition au nucléaire, pour des raisons pas seulement environnementales. “On ne peut pas produire des mini-centrales que pour la France. Donc à partir du moment où vous exportez des mini-centrales, disons en Arabie saoudite, en Afrique, je ne sais pas où, eh bien il y a un danger de terrorisme”. Face au dilemme entre le charbon, le gaz russe ou le nucléaire, “la seule solution c’est la souveraineté énergétique. L’Allemagne – qui a mis trop longtemps à se débarrasser du charbon – mise pour le développement rapide des énergies renouvelables, que ça soit les éoliennes ou le solaire.”
Émission préparée par Isabelle Romero, Georgina Robertson, Céline Schmitt et Perrine Desplats.