Le réchauffement climatique fait davantage parler de lui à six jours de la COP26 et après une nouvelle mise en garde de l’Organisation météorologique mondiale. En Sicile, celui-ci a eu raison de la production de miel, désastreuse après un été caniculaire piégeant les abeilles dans des ruches transformées en four. France 24 est allé à la rencontre d’apiculteurs siciliens, qui déplorent la perte de leurs abeilles, mais aussi la destruction de pâturages essentiels.
Le miel pourrait devenir une denrée rare. En cause : le réchauffement climatique. À six jours de la COP26, lOrganisation météorologique mondiale avertit : si l’on continue sur cette lancée, le monde ne respectera pas les engagements pris à Paris, à savoir une limitation maximum de la température de 2 °C. Parmi les conséquences de ce dérèglement climatique, les récoltes désastreuses de miel en France, mais aussi en Sicile.
Les étés, de plus en plus chauds, bouleversent la production agricole de cette île, située à l’extrême sud de la péninsule italienne. Cet été, les apiculteurs de la région ont fait les frais de cette situation, entraînant de lourdes pertes pour l’ensemble de la filière. Un phénomène qui inquiète le monde scientifique et environnemental, car des abeilles dépendent à 84 % de la pollinisation des plantes à fleur.
“Les ruches se sont transformées en fours”
“Regardez ces ruches : toutes vides… Complètement abandonnées par les colonies que j’avais ici”, déplore Piero Anello, apiculteur rencontré par France 24. Pour lui, c’est du jamais-vu. Il fait partie des quelque 2 000 apiculteurs siciliens et a perdu plus de la moitié de ses abeilles, quand une canicule d’une force inédite a frappé l’ensemble de la région. “Cet été, ça a été une tragédie, à cause de la chaleur excessive. Les températures ont frôlé les 50 °C : les abeilles sont mortes ou ont fui les ruches qui se sont transformées en fours.”
Conséquence des températures records : des incendies ont ravagé la région. Plusieurs milliers d’hectares de terrain ont été dévorés par les flammes, détruisant sur leur passage une végétation indispensable pour les abeilles, et vice-versa. C’est en effet de ces insectes que dépend la pollinisation de trois quarts des cultures destinées à l’alimentation humaine.
“Tous ces conifères sont détruits pour toujours : il faudra tout replanter”, se désole Giovanni Caronia, président de l’association régionale d’apiculteurs siciliens, au micro de France 24. “La destruction d’un bois comme celui-ci entraîne la disparition de la faune et des pâturages essentiels pour les abeilles, car ces incendies ont détruit les floraisons de la fin de l’été et du début de l’automne.”
Nutrition artificielle pour compenser le manque de nectar
Sans floraison, pas de nectar pour nourrir les abeilles. Alors pour sauver les survivantes, Fortunato, apiculteur depuis 28 ans, n’a pas d’autre choix : pour la première fois, il opte pour la nutrition artificielle.
“Ceci est une préparation sucrée. On la met pour compenser le manque de nourriture naturelle. Sinon la colonie d’abeilles risque de mourir pendant l’hiver”
Cela ne sauvera toutefois pas la production de miel sicilien de cette année, qui a chuté de 70 %. Une crise inédite qui a poussé les autorités de la région à déclarer l’état de calamité pour le secteur de l’apiculture.