Israël a annoncé la construction de 1 355 nouveaux logements dans des colonies juives en Cisjordanie occupée, a annoncé dimanche le ministère de la Construction. Une décision rapidement dénoncée côté palestinien, notamment par le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh.
Israël a annoncé, dimanche 24 octobre, la construction prévue de 1 355 nouveaux logements dans des colonies juives de Cisjordanie occupée. Cette décision, qui a été dénoncée par les Palestiniens, témoigne des difficultés d’arbitrage de la nouvelle coalition au pouvoir.
Le ministre de la Construction Zeev Elkin a indiqué dans un communiqué avoir lancé des appels d’offre pour ces nouveaux logements dans différentes colonies en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Ces nouveaux logements doivent s’ajouter aux quelque 2 000 annoncés en août par les autorités et qui doivent obtenir cette semaine un feu vert définitif du ministère de la Défense.
“Le renforcement de la présence juive (en Cisjordanie) est essentiel dans la vision sioniste”, a déclaré Zeev Elkin, membre du parti de droite Nouvel Espoir, membre de la coalition gouvernementale dirigée par Naftali Bennett, chef du parti de droite nationaliste Yamina.
Le gouvernement, qui regroupe des formations de droite, du centre, de gauche et un parti arabe, a mis fin en juin à douze ans de règne de Benjamin Netanyahu.
Sept colonies concernées par ces nouveaux logements
Ces nouveaux logements doivent être construits dans sept colonies, notamment 729 à Ariel, dans le nord, 346 à Beit-El (près de Ramallah) et 102 à Elkana, dans le nord-ouest, ont détaillé les autorités israéliennes.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a rapidement dénoncé ce projet, appelant la communauté internationale à “faire payer à Israël le prix de ses agressions” contre les Palestiniens, “particulièrement après cette vague de construction dans les colonies”.
Au moins 675 000 Israéliens habitent aujourd’hui dans des colonies à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, où vivent au total plus de trois millions de Palestiniens. Or ces colonies sont contraires au droit international.
La Jordanie, pays voisin d’Israël où plus de la moitié de la population est d’origine palestinienne, a elle dénoncé “une violation du droit international” qui “met en péril la solution à deux États et la chance d’arriver à une paix juste”.
L’ONG israélienne anti-colonisation “La paix maintenant” s’est aussi opposée cette annonce, affirmant que le nouveau gouvernement n’était “pas un gouvernement de changement”.
“Il est triste de constater que quand l’extrême-droite se félicite de la quasi annexion de la Palestine par l’État d’Israël, les partisans au sein du gouvernement de la solution à deux États (une Palestine indépendante aux côtés de l’État hébreu, ndlr) restent muets”, a commenté l’ONG.
Cette annonce intervient alors que le gouvernement a pris parallèlement des mesures pour améliorer le quotidien des Palestiniens, sans toutefois aborder la question délicate de la relance du processus de paix.
“Un équilibre fragile”
De plus, la coalition doit faire adopter d’ici la mi-novembre un budget d’État par les parlementaires, sans quoi de nouvelles élections seront déclenchées.
Or, selon les derniers sondages, de nouvelles élections pourraient notamment mener à une réduction du nombre de sièges pour des partis de droite membre de cette coalition hétéroclite.
Pour Moshé Hellinger, professeur de sciences politique à l’Université Bar Ilan, près de Tel-Aviv, “les partis de droite au sein du gouvernement ont besoin de prouver à leurs électeurs qu’ils défendent leurs intérêts malgré l’union avec des partis de gauche”.
“L’existence de ce gouvernement tient à un équilibre fragile qui oblige chaque parti à avaler des couleuvres pour maintenir l’unité au-delà des divergences idéologiques”, a déclaré Moshé Hellinger dimanche à l’AFP.
“Ce gouvernement ne signera pas d’accord de paix avec les Palestiniens mais n’ira pas trop loin non plus dans le développement des colonies afin de rester au pouvoir”, a-t-il ajouté.
Peu après l’annonce de nouvelles constructions dans les colonies, l’État hébreu a annoncé en soirée l’octroi de 9 000 nouveaux permis de travail en Israël pour des Palestiniens.
Avec AFP