Des assaillants ont fait feu, vendredi, dans un camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh. Au moins sept personnes ont été tuées et une vingtaine d’autres blessées, selon Médecins sans frontières.
Au moins sept personnes ont été tuées, vendredi 22 octobre, dans une attaque visant un séminaire islamique d’un camp de réfugiés rohingyas au Bangladesh, à la frontière avec la Birmanie. Quatre personnes sont mortes sur le coup et trois autres ont succombé dans un hôpital à proximité, selon la police.
Certaines victimes ont été touchées par des tirs, d’autres ont été poignardées, dans le camp Balukhali à Cox’s Bazar, a détaillé la même source. On ignore le nombre de blessés mais un membre de Médecins sans frontières (MSF) évoque une vingtaine de blessés. La région est le théâtre de tensions qui montent depuis plusieurs semaines.
Un assaillant arrêté
Des renforts policiers ont été immédiatement envoyés pour boucler le camp, qui abrite plus de 27 000 personnes. Des habitants ont publié sur les réseaux sociaux des images de corps sur le sol de la madrassa.
“Nous avons arrêté un assaillant immédiatement après l’incident”, a expliqué à la presse le chef régional du bataillon de la police armée, Shihab Kaisar Khan. L’homme portait sur lui une arme à feu, six munitions et un couteau.
Cette attaque intervient dans un contexte de montée des tensions dans les camps, qui accueillent plus de 900 000 réfugiés musulmans venus de Birmanie.
Il y a trois semaines, le militant pacifique Mohib Ullah était assassiné devant son bureau par des inconnus. Cet enseignant de 48 ans était devenu une voix modérée proéminente pour cette communauté sans État.
Certains de ses partisans, dont beaucoup se cachent depuis ce meurtre, accusent l’Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), le groupe extrémiste impliqué dans les attaques contre les forces de sécurité birmanes en 2017, qui avaient provoqué une répression militaire puis l’exil vers le Bangladesh de 740 000 Rohingyas.
Malgré les dénégations de l’ARSA et l’arrestation, selon la police, de cinq suspects, les activistes assurent que monte dans les camps un “climat de peur”.
“La sécurité a été renforcée après la mort d’Ullah. Mais moins d’un mois après, sept personnes ont été tuées. Comment avoir confiance dans cette sécurité renforcée”, interroge Hakim, un réfugié qui ne veut pas donner son nom de famille.
Menaces
Human Rights Watch a affirmé, dans un communiqué, qu’une dizaine d’activistes au moins avaient contacté l’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, depuis le meurtre d’Ullah, la plupart d’entre eux se disant menacés par des miliciens.
La Haut-Commissaire aux droits humains de l’ONU, Michelle Bachelet, a qualifié l’assassinat d’Ullah d'”exemple clair de l’insécurité qui règne dans le camp et des tentatives apparentes de faire taire les voix modérées de la société civile”.
D’autres activistes racontent que les rues étroites des camps sont contrôlées par les miliciens et les criminels dès que la nuit tombe et que la police ne patrouille presque plus.
“Ils (les policiers) semblent intimidés et réticents. Une tension grave persiste au sein des camps depuis le meurtre d’Ullah”, a expliqué à l’AFP Kyaw Min, un dirigeant de l’Arakan Rohingya Society for Peace and Human Rights (ARSPH), organisation d’Ullah, dans une récente interview. La police bangladaise assure pour sa part que la sécurité est entièrement assurée.
Avec AFP