Le procès de “l’affaire de la sextape” de Mathieu Valbuena se poursuit jeudi devant le tribunal correctionnel de Versailles. Une journée qui a mis en lumière le “milieu parasite du football” et ses intermédiaires douteux.
Le deuxième jour du procès de “l’affaire de la sextape”, où s’affrontent Mathieu Valbuena et Karim Benzema, a mis en lumière jeudi 21 octobre le “milieu parasite du football” où gravitent des intermédiaires à la morale douteuse, comme ceux qui se retrouvent actuellement sur le banc des prévenus.
En fin d’après-midi, le parquet a requis dix mois de prison avec sursis et 75 000 euros d’amende contre Karim Benzema, accusé de complicité de tentative de chantage dans “l’affaire de la sextape”. Contre les quatre autres prévenus –poursuivis pour chantage–, le ministère public a requis des peines allant de 18 mois de prison avec sursis à quatre ans de prison.
Ils “polluent le monde du football”
Tout au long des débats de la journée, les quatre prévenus présents ont dépeint un monde abreuvé par l’argent des joueurs et où s’échangent les “services” et les coups de pression, contre des montres de luxe, des articles de maroquinerie ou des sextapes.
Ainsi, Axel Angot est un “concierge”, homme à tout faire, doué en informatique. Proche de Mathieu Valbuena, c’est lui qui a récupéré la vidéo des ébats intimes lorsque l’ancien international lui a confié son téléphone.
Son ami Mustapha Zouaoui, la “cheville ouvrière” du projet, avoue lui avoir déjà “rendu service” à un autre international, Djibril Cissé, en “réglant” un “problème” de sextape, avant de recevoir 15 000 euros.
Younes Houass, lui, joue les intermédiaires. Il est entré en contact avec Mathieu Valbuena pour “arranger (ses) intérêts”.
“La voix de ces trois-là qui polluent le monde du football est rentrée, directement ou indirectement, dans une chambre de Clairefontaine”, le centre d’entraînement des Bleus, a tonné Me Benjamin Peyrelevade, l’avocat de la Fédération française de football (FFF), dans une allusion au rôle prétendument joué par Karim Benzema, missionné par les maîtres-chanteurs auprès de Mathieu Valbuena.
L’avocat de la FFF regrette que « la voix de ces trois là, qui polluent le monde du football, ait réussi à pénétrer une chambre de Clairefontaine ». La Fédération demande 1 euro d’indemnisation et 6000 euros d’après l’article 75-1
— Eloïse Bartoli (@Eloise_Bartoli) October 21, 2021
La FFF, partie civile dans cette affaire, “doit protéger ses joueurs”, a-t-il appuyé, saluant l’attitude de Mathieu Valbuena, le “premier joueur qui a le courage de dire non, de résister, de porter plainte”.
Me Benjamin Peyrelevade demande que tous les prévenus qui seront condamnés par le tribunal – donc possiblement Karim Benzema – indemnisent symboliquement la FFF en versant un euro chacun.
“Je m’en excuse du fond du cœur, je le regrette à mort”
Me Paul-Albert Iweins, l’avocat de Mathieu Valbuena, a lui tonné contre ce “milieu parasite du football”, qui profite de “garçons jeunes” et fortunés. Il a demandé 150 000 euros de réparation au nom du préjudice moral.
À la mi-journée, Mathieu Valbuena, qui s’est longtemps exprimé mercredi sur les conséquences de cette tentative de chantage pour lui et pour sa carrière, a quitté Versailles et a rejoint Francfort, où son équipe de l’Olympiakos dispute dans la soirée un match de Ligue Europa.
Il a pris l’avion avec en tête les excuses de Mustapha Zouaoui. “Je m’en excuse du fond du cœur, je le regrette à mort”, a déclaré ce dernier, considéré comme le “cerveau” de cette entreprise. Très bavard devant la presse et dans le prétoire, il s’était pourtant moqué du joueur mercredi à la barre.
Poursuivi pour “complicité de tentative de chantage” sur Mathieu Valbuena, Karim Benzema n’assiste pas aux débats, ses avocats ayant cité les impératifs “professionnels” de la star du Real Madrid.
Après les débats mercredi soir, l’un des conseils de l’attaquant de l’équipe de France, Me Sylvain Cormier, a évoqué devant les journalistes “la rancœur” et la “jalousie” de Mathieu Valbuena à l’encontre de l’attaquant des Bleus.
“Son calcul est simple : ‘Moi, j’ai été écarté, moi je n’ai plus retrouvé l’équipe de France, et sportivement j’ai décliné’ et puis en face, il y a Karim Benzema qui survole le football mondial actuel”, a également commenté l’avocat.
L’audience a été suspendue après les réquisitions du ministère public et doit reprendre avec le début des plaidoiries de la défense.
Avec AFP