Un hommage national à Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération, présidé par Emmanuel Macron, a été rendu, vendredi, dans la cour des Invalides à Paris. Lors d’un éloge funèbre, le chef de l’État a salué “un résistant de la première heure qui fut le dernier à rendre les armes”.
“La vie d’Hubert Germain est une anthologie d’engagement et de courage”, lance Emmanuel Macron, alors que vient d’être déposé, dans la cour des Invalides, à Paris, le cercueil d’Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération.
Un hommage national lui a été rendu, vendredi 15 octobre, sous la forme “d’une cérémonie militaire dite d”honneurs funèbres'”, selon ce qui avait été indiqué par l’Élysée, après l’annonce de la mort, à l’âge de 101 ans, du dernier membre de l’Ordre créé par le général de Gaulle en 1940.
“Avec les 1 037 compagnons de la Libération qui ont relevé la France de l’abîme, il forma un ordre fraternel, une phalange de l’idéal”, poursuit le chef de l’État, dans un éloge funèbre prononcé dans le silence le plus absolu. “À l’aube comme au crépuscule, il fut le dernier à rendre les armes”.
Les honneurs militaires lui ont été rendus par les soldats de son ancienne unité, la 13e demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE) qui, coiffés du képi blanc des légionnaires, ont porté ses médailles et son cercueil drapé de bleu-blanc-rouge dans la cour de l’hôtel des Invalides.
“Une insoumission farouche”
Avec la disparition d’Hubert Germain, c’est une page de l’Histoire qui se tourne. “Résistant de la première heure”, ancien député gaulliste et ministre de Georges Pompidou, Grand Croix de la Légion d’honneur, son destin exceptionnel fait de lui un véritable symbole.
“Tout commence au printemps 1940, alors que Pétain vient de signer l’armistice”, relate Emmanuel Macron, après avoir dressé le portrait d’un adolescent “indiscipliné en tout, d’une insoumission farouche”. “Il passe le concours de l’École navale, et tandis qu’il compose sur la table d’examen, une révélation : réussir le conduirait à servir une armée aux ordres de l’Allemagne nazie. Alors le voilà qui se lève, refuse d’achever ce travail et déclare : ‘Je pars faire la guerre'”.
Hubert Germain s’est éteint, mardi 12 octobre, à l’âge de 101 ans. Après cet hommage national, Emmanuel Macron présidera la cérémonie d’inhumation, prévue le 11 novembre à l’Arc de Triomphe et au Mont-Valérien, principal lieu d’exécution des résistants durant la Seconde Guerre mondiale. Le corps d’Hubert Germain reposera dans la crypte du mémorial de la France combattante.
“Avec ses frères d’armes, il avait défendu la liberté. Avec ses frères d’âmes, toutes celles et ceux qui se reconnaissent comme tels, il allait rebâtir la fraternité”, a également déclaré le chef de l’État, qui avait nommé Hubert Germain chancelier d’honneur de l’Ordre de la Libération en novembre 2020.
“Notre tâche sera de poursuivre avec la même ardeur ce combat. Nous le ferons”, promet Emmanuel Macron. Une promesse soutenue par la ministre chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, sur Twitter. “Souvenons-nous et ne laissons pas s’éteindre la flamme de la Résistance. Portons la transmission de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, c’est notre mémoire commune”, écrit-elle.
“Fidèle aux valeurs qu’incarnait le général de Gaulle
Si Hubert Germain est avant tout reconnu comme un symbole de la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale, il l’est aussi pour son engagement politique. “Il est celui qui est resté fidèle jusqu’au bout au général de Gaulle et au gaullisme”, rappelle Bruno Daroux, chroniqueur international pour France 24. “Il a présidé une organisation gaulliste à la fin des années 1960 et est devenu ministre sous Pompidou de 1972 à 1974, mais toujours dans l’orbite gaulliste”, poursuit-il.
En effet, démobilisé à la fin de la guerre, Hubert Germain s’était ensuite lancé en politique, devenant maire de Saint-Chéron (Essonne), puis dans les années 1960 député et vice-président du groupe UDR, le mouvement gaulliste, et enfin ministre du gouvernement de Pierre Messmer.
Il avait mis “la même ardeur à reconstruire la France d’après-guerre et à refonder la République qu’il avait mise à libérer son pays”, avait salué l’Élysée dans un communiqué diffusé à l’annonce de son décès.
“Ç’aura été son alpha et son oméga”, ajoute Bruno Daroux. “De son très jeune âge jusqu’à sa mort, il est resté fidèle aux valeurs qu’incarnait le général de Gaulle”.
Avec Reuters