Des doutes planent sur l’état psychiatrique de l’auteur de l’attaque à l’arc, qui a fait cinq morts en Norvège mercredi. Désormais pris en charge par les services de santé, ses attaques portent la marque d’un “acte terroriste” selon les autorités norvégiennes, mais celles-ci n’excluent pas non plus la possibilité de troubles mentaux.
L’homme qui a avoué être l’auteur d’une attaque meurtrière à l’arc, le 13 octobre, à Kongsberg, dans le sud-est de la Norvège, a été confié aux services de santé, a annoncé, vendredi 15 octobre, la justice norvégienne, alimentant les questions sur son état mental.
“Il a été pris en charge par les services de santé jeudi soir à la suite d’une évaluation de son état de santé”, a déclaré à l’AFP la procureure Ann Iren Svane Mathiassen.
Des doutes planent sur l’état psychiatrique, et donc la responsabilité pénale, d’Espen Andersen Bråthen, un Danois soupçonné de radicalisation islamiste qui a reconnu avoir tué cinq personnes et en avoir blessé trois autres mercredi à Kongsberg, dans le sud-est de la Norvège, où il réside.
Bråthen avait commencé, jeudi, à faire l’objet d’une évaluation psychiatrique dont les conclusions devraient prendre plusieurs mois.
Une juge doit se prononcer vendredi sur son placement en détention provisoire, sans présence physique du suspect. Les autorités ont demandé une détention de quatre semaines, dont les deux premières à l’isolement. En cas de décision positive, il ne serait pas incarcéré mais laissé sous la responsabilité des médecins, a précisé Ann Iren Svane Mathiassen.
Si les attaques portent la marque d’un “acte terroriste” selon elles, les autorités norvégiennes n’excluent pas non plus la possibilité de troubles mentaux.
“Il n’y aucun doute que l’acte lui-même fait penser, en apparence, qu’il peut s’agir d’un acte terroriste mais il importe maintenant que l’enquête avance et que l’on clarifie les motivations du suspect”, a déclaré le chef des services de sécurité PST, Hans Sverre Sjøvold, jeudi.
“C’est une personne qui a fait des allers-retours dans le système de santé pendant un certain temps”, a-t-il souligné.
Signalé dans le passé pour radicalisation, Bråthen, converti à l’islam il y a quelques années, a admis lors de son interrogatoire avoir commis l’attaque, armé notamment d’un arc et de flèches.
“Jamais un sourire”
Le suspect “est connu” du PST, services qui sont notamment chargés de l’antiterrorisme en Norvège, mais peu de détails ont été fournis à ce sujet.
“Il y a eu des craintes liées à une radicalisation précédemment”, a expliqué un responsable de la police, Ole Bredrup Saeverud. Ces craintes remontaient à 2020, et avant, et avaient donné lieu à un suivi de la police, a-t-il dit.
Selon des médias norvégiens, Bråthen a été visé par deux décisions judiciaires dans le passé : une interdiction, l’an dernier, de rendre visite à deux membres proches de sa famille après avoir menacé de tuer l’un d’eux et un vol et achat de haschich en 2012.
Une vidéo de lui datant de 2017 a également été mise au jour par plusieurs médias, où on le voit faire une profession de foi d’un ton menaçant. “Je suis un messager. Je suis venu avec un avertissement: ‘est-ce vraiment ce que vous voulez ?’ (…) Soyez témoin que je suis musulman”, y déclare-t-il.
Bråthen, qui a très probablement agi seul selon la police, a tué quatre femmes et un homme âgés d’entre 50 et 70 ans, à plusieurs endroits de Kongsberg, petite ville sans histoire d’environ 25 000 habitants, à quelque 80 kilomètres à l’ouest d’Oslo.
Sous le couvert de l’anonymat, un voisin l’a décrit comme une personne peu aimable à la carrure imposante et aux cheveux ras. “Jamais un sourire, aucune expression sur le visage”, a-t-il dit à l’AFP, ajoutant l’avoir vu “toujours seul”.
Plusieurs projets d’attentats islamistes ont été déjoués en Norvège dans le passé.
Mais le pays a été endeuillé par deux attaques d’extrême droite au cours des dix dernières années, notamment celle du 22 juillet 2011 commise par Anders Behring Breivik.
Avec AFP