La police norvégienne a présenté jeudi l’auteur présumé d’une attaque à l’arc qui a fait cinq morts la veille à Kongsberg comme un Danois de 37 ans converti à l’islam avec lequel elle avait été en contact dans le passé pour des “craintes de radicalisation”.
L’homme soupçonné d’avoir tué cinq personnes, mercredi 13 octobre, dans le sud-est de la Norvège, à l’aide d’un arc et de flèches s’est converti à l’islam et la police le suivait en raison de signes inquiétants de radicalisation, a déclaré jeudi le chef de la police régionale, Ole Bredrup Saeverud, lors d’une conférence de presse.
“Il est question d’un converti à l’islam”, a dit un responsable de la police norvégienne, Ole Bredrup Saeverud, lors d’un point de presse jeudi à Tønsberg. “Il y a eu des craintes liées à une radicalisation précédemment”, a-t-il ajouté, précisant que ces craintes remontaient à 2020 et avant, et qu’elles avaient donné lieu à un suivi de la police. “Nous n’avions pas eu de signalement sur lui en 2021, mais avant”, a expliqué l’officier de police.
La police avait déjà fait savoir que le suspect, interpellé peu de temps après les faits vers 18 h 45 locales (16 h 45 GMT) mercredi soir, résidait à Kongsberg, petite ville d’environ 25 000 habitants à environ 80 kilomètres à l’ouest d’Oslo.
Il a utilisé un arc et des flèches pour abattre ses victimes, même si la police a aussi évoqué d’autres armes. “Nous enquêtons pour confirmer que l’homme agissait seul, nous n’avons pas d’information indiquant le contraire, mais nous poursuivons les investigations pour être complètement sûrs”, a ajouté Ole Bredrup Saeverud.
Cinq personnes sont mortes et deux autres ont été blessées dans cette attaque qui a choqué le paisible royaume scandinave, déjà meurtri par deux attentats d’extrême droite au cours de la dernière décennie.
La police n’exclut pas la piste terroriste
Tout en restant prudente sur les possibles mobiles de ce nouvel épisode sanglant, la police n’avait pas exclu un acte terroriste mercredi soir. “Nous enquêtons entre autres pour tirer au clair s’il s’agit d’une attaque terroriste”, a souligné Ole Bredrup Saeverud. “Nous sommes relativement certains qu’il a agi seul”, a-t-il ajouté.
Les victimes sont quatre femmes et un homme âgés entre 50 et 70 ans, a-t-il dit, précisant qu’aucun des blessés n’était dans un état critique. Le suspect a reconnu les faits lors de son interrogatoire, selon la police.
Il a été entendu par les enquêteurs dans la nuit et doit être présenté à un juge jeudi ou vendredi en vue de son placement en détention provisoire. Selon son avocat, Fredrik Neumann, il se montre coopératif. “Il s’explique en détails et il parle et coopère bien avec la police”, a-t-il déclaré à la presse.
L’attaque s’est produite en plusieurs endroits sur une zone étendue de Kongsberg, notamment dans un supermarché. C’est là qu’un policier, qui n’était alors pas en service, a été blessé. Alertés à 18 h 12 (16 h 12 GMT), les policiers ont arrêté le suspect plus d’une demi-heure plus tard, à 18 h 47. Ils ont essuyé des tirs de flèches au moment de l’interpellation et ont dû tirer des coups de semonce.
Les Norvégiens sous le choc
Des témoignages ont illustré le sentiment de terreur qui s’est emparé des habitants de Kongsberg. Une femme, Hansine, qui a en partie assisté à l’attaque, a dit à TV2 avoir entendu du vacarme et vu une femme se mettre à l’abri ainsi qu'”un homme au coin de la rue avec des flèches dans un carquois sur l’épaule et un arc dans la main”.
“Après, j’ai vu des gens courir pour leur vie. L’un d’eux était une femme qui tenait un enfant par la main”, a-t-elle témoigné auprès de la chaîne.
L’attaque, au mode opératoire inhabituel, a eu lieu au dernier jour du mandat de la Première ministre conservatrice Erna Solberg, qui doit céder ce jeudi les rênes à un nouveau gouvernement de centre gauche dirigé par Jonas Gahr Støre, vainqueur des législatives du 13 septembre. Jonas Gahr Støre a déploré jeudi des “actes horribles”.
“Nous sommes horrifiés par les événements tragiques à Kongsberg”, a aussi réagi le roi Harald V, tandis que le chef de l’ONU, Antonio Guterres, se disait dans un tweet “choqué et attristé”. En réponse à l’attaque, la police, qui n’est généralement pas armée, va porter des armes à titre temporaire dans tout le pays.
Avec AFP et Reuters