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Allemagne : à son procès, l'ancien gardien de camp nazi refuse de s'exprimer

Le plus vieil accusé de crimes nazis, dont le procès s’est ouvert jeudi en Allemagne, ne s’exprimera pas sur les faits qui lui sont reprochés. Josef Schütz, ancien gardien de camp de concentration de Sachsenhausen et caporal-chef de la Waffen-SS, aujourd’hui centenaire, est accusé d’avoir contribué à la déportation vers les camps de la mort de 3 518 personnes pendant la Seconde Guerre mondiale.

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Le plus vieil accusé de crimes nazis, un centenaire dont le procès s’est ouvert jeudi 7 octobre en Allemagne, ne s’exprimera pas sur les faits qui lui sont reprochés, a indiqué son avocat lors de la première audience : “L’accusé ne s’exprimera pas” sur les faits “mais donnera des informations sur sa situation personnelle”, a déclaré Stefan Waterkamp, avocat de Josef Schütz, ancien garde d’un camp de concentration et l’un des derniers anciens nazis jugés en Allemagne.

Comparaissant libre, Josef Schütz est entré à l’aide d’un déambulateur dans la salle, cachant son visage des photographes avec une pochette cartonnée. Il a cependant répondu d’une voix claire au président du tribunal qui lui demandait de confirmer son identité et sa situation personnelle. L’homme vit dans le Brandebourg, région voisine de Berlin. Veuf depuis 1986, il a expliqué avec fierté qu’il allait bientôt fêter son 101e anniversaire, le 16 novembre prochain.

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Cette première des 22 audiences prévues, terminée après seulement une heure en raison de son état de santé précaire, a été consacrée à la lecture d’une partie des 134 pages de l’acte d’accusation par le procureur, Cyrill Klement.

Josef Schütz, ancien caporal-chef de la division “Totenkopf” (Tête de mort) des Waffen-SS, est poursuivi pour “complicité de meurtres” de 3 518 prisonniers lorsqu’il opérait dans le camp de concentration de Sachsenhausen, non loin de Berlin, entre 1942 et 1945.

L’accusé avait 21 ans au début des faits. Il est notamment soupçonné d’avoir fusillé des prisonniers soviétiques, “d’aide et de complicité de meurtres systématiques” par gaz de type Zyklon B et “par détention de prisonniers dans des conditions hostiles”.

Entre son ouverture en 1936 et sa libération par les soviétiques le 22 avril 1945, le camp de Sachsenhausen a vu passer quelque 200 000 prisonniers, principalement des opposants politiques, des Juifs et des homosexuels. Plusieurs dizaines de milliers d’entre eux périrent.

“Un salaud” 

La volonté de Josef Schütz de ne pas s’exprimer sur les faits ainsi que le refus d’une éventuelle demande de pardon a été accueilli froidement par les parties civiles.

“Je suis ému. Cela fait 80 ans que j’ai perdu mon père et ce type est un sale mec, un salaud qui refuse la possibilité de culpabilité”, s’est exclamé auprès de l’AFP Antoine Grumbach, 79 ans. Ce Français assiste à l’ouverture du procès en mémoire de son père, engagé dans la résistance gaulliste et assassiné en mars 1944 à Sachsenhausen. L’avocat de 11 des 16 parties civiles, dont sept survivants, Thomas Walther, s’est voulu plus confiant : “Pour les plaignants, le fait qu’il se soit présenté à son procès est déjà un signe positif et (…) quelque chose peut arriver. Peut-être qu’un tel homme finira par décider – avant sa dernière heure – de s’expliquer sur son passé”. 

Ce procès se déroule une semaine après celui avorté d‘Irmgard Furchner, 96 ans, ancienne secrétaire d’un autre camp de concentration nazi. La lecture de l’acte d’accusation a été reportée au 19 octobre après une rocambolesque tentative de fuite de la nonagénaire.

Un procès à fonction “mémorielle”

Depuis dix ans, l’Allemagne a jugé et condamné quatre anciens SS en élargissant aux gardiens de camps et autres exécutants de la machinerie nazie le chef d’accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice.

Ainsi Josef Schütz “n’est pas accusé d’avoir tiré sur quelqu’un en particulier, mais d’avoir contribué à ces actes par son travail de gardien et d’avoir été au courant que de tels meurtres avaient lieu dans les camps”, explique la porte-parole du parquet de Neuruppin, Iris le Claire. Théoriquement, il risque au minimum trois ans de prison, mais sa peine sera certainement symbolique vu son grand âge.

Le procès se tient exceptionnellement dans un gymnase, près du domicile de l’accusé pour lui épargner de longs déplacements. “La fonction principale de ce procès est mémorielle”, explique Guillaume Mouralis, directeur de recherche au CNRS et membre du Centre Marc Bloch à Berlin. 

En juillet 2020, un tribunal avait infligé une peine de deux ans de prison avec sursis à un ex-gardien du camp de Stutthof, Bruno Dey, 93 ans.  Huit autres dossiers d’anciens SS sont actuellement examinés par différents parquets allemands. 

Avec AFP 

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