Le secrétaire d’État britannique chargé du Brexit, David Frost, a de nouveau menacé l’Union européenne, lundi, de suspendre le protocole nord-irlandais en cas d’absence d’avancée visant à le remanier d’ici une dizaine de jours.
Le gouvernement britannique a réitéré, lundi 4 octobre, sa menace de suspendre unilatéralement les dispositions douanières post-Brexit spécifiques à l’Irlande du Nord et demandé à l’UE une solution rapide.
S’exprimant en marge du congrès du Parti conservateur, le secrétaire d’État chargé du Brexit, David Frost, a affirmé avoir présenté à Bruxelles des propositions pour remanier le protocole nord-irlandais et attendre une réponse de Bruxelles “dans les dix prochains jours environ”.
“Je pense qu’il y aura un moment décisif, probablement vers début novembre, où l’on saura si un accord peut être conclu ou non”, a-t-il ajouté, affirmant que “certaines conséquences en découleront”.
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En cas d’absence “d’accord sur une solution rapide”, David Frost avait averti plus tôt dans la journée que le gouvernement serait contraint d'”agir en utilisant le mécanisme de sauvegarde de l’article 16″, qui permet de passer outre certaines dispositions de l’accord en cas de “graves difficultés économiques, sociétales ou environnementales”.
“Cela pourrait être finalement la seule manière de protéger notre pays, notre peuple, notre commerce, notre intégrité territoriale, le processus de paix”, a-t-il affirmé.
Engagé dans un bras de fer avec l’UE, le gouvernement de Boris Johnson réclame la renégociation du protocole nord-irlandais, demande rejetée par Bruxelles qui dit néanmoins être ouvert à des négociations sur la mise en œuvre du texte.
L’UE doit répondre aux propositions britanniques, “mais de ce que j’entends, je m’inquiète que nous n’obtenions pas une réponse qui permette les changements significatifs dont nous avons besoin”, a déclaré David Frost.
“Le protocole lui-même sape l’accord du vendredi Saint”
“Nous ne commentons pas les propos ou déclarations de nos partenaires ou toute autre partie prenante, quelle que soit leur nature, aussi lyriques ou agressifs qu’ils soient”, a déclaré Dana Spinant, porte-parole adjointe de la Commission européenne. “Nous travaillons intensément”, a souligné son collègue Dan Ferrie, ajoutant que la réponse européenne aux propositions est attendue “bientôt”.
Pour éviter le retour d’une frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, et ainsi préserver la paix, le protocole nord-irlandais, âprement négocié dans le cadre du Brexit, crée de fait une frontière douanière entre la province britannique, qui bénéficie toujours du marché unique européen, et l’île de Grande-Bretagne.
Mais ce texte, à l’origine de vives tensions en Irlande du Nord, est conspué par les unionistes, attachés au maintien de la province au sein du Royaume-Uni. Ils l’accusent de perturber les approvisionnements du territoire et de créer une frontière en mer d’Irlande entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord.
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Dans son discours, David Frost a accusé l’UE d’avoir “la main lourde” et d’être à l’origine de “l’effondrement du soutien transpartisan au protocole”.
Selon lui, “le protocole lui-même sape l’accord du vendredi Saint”, qui a mis fin en 1998 à trois décennies sanglantes de conflits entre républicains favorables à l’unification de l’Irlande et unionistes attachés au maintien de la province au sein du Royaume-Uni.
“Je présume que si nous utilisons l’article 16, l’UE cherchera des mesures de rétorsion à travers des droits de douane sur des marchandises pour tout le Royaume-Uni”, a ajouté David Frost lors d’un événement en marge du congrès, “j’espère qu’ils ne le feront pas.”
Le ministre chargé de l’Irlande du Nord, Brandon Lewis, a quant à lui jugé que la “structure du protocole n’est pas viable”, affirmant que Londres cherche à “négocier une solution qui soit contraignante et durable”.
Avec AFP