La société chinoise, qui cumule plus de 300 milliards de dollars de dettes, a annoncé lundi avoir suspendu sa cotation à la bourse de Hong Kong. Le cours des actions de la société a chuté d’environ 80 % depuis janvier.
Le géant immobilier chinois ultra-endetté Evergrande a suspendu ses opérations financières à la Bourse de Hong Kong, lundi 4 octobre, sans donner de raison. “La négociation des actions de China Evergrande Group sera interrompue”, a annoncé le groupe à la Bourse. “En conséquence, la négociation de tous les produits structurés relatifs à la société sera interrompue au même moment.”
Le cours des actions de la société a chuté d’environ 80 % depuis le début de l’année. Étranglé par une dette de 260 milliards d’euros, le groupe privé se débat depuis plusieurs semaines pour honorer ses paiements d’intérêts et ses livraisons d’appartements.
Un média a affirmé lundi que l’entreprise immobilière chinoise Hopson Development Holdings envisageait d’acquérir 51 % des action d’Evergrande Property Services Group pour plus de 40 milliards de dollars hongkongais (4,43 milliards d’euros).
Patrick Wong, analyste chez Bloomberg Intelligence, a affirmé que cette suspension pourrait avoir un rapport avec une cession d’actifs importante ou une restructuration du capital. Mais le mastodonte reste au bord du gouffre et sa faillite potentielle pourrait faire tanguer le secteur immobilier chinois, voire l’économie nationale ou mondiale.
Les actions de sa filiale de véhicules électriques, qui a renoncé la semaine dernière à une proposition de cotation à Shanghai, n’ont pas été suspendues, bien qu’elles aient chuté de 6 % dans les premiers échanges.
La Bourse de Hong Kong a chuté de plus de 2 % lundi matin, après avoir perdu 0,39 % à l’ouverture, soit 96,96 points. Evergrande a déjà commencé à se délester de certains actifs et le groupe a annoncé vouloir vendre une participation de 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) dans une banque régionale.
Effondrement potentiel
Confronté au risque d’agitation sociale en cas de défaut de paiement d’Evergrande, le gouvernement chinois n’a de son côté pas encore indiqué s’il comptait intervenir ou non pour aider ou restructurer le promoteur. Selon des articles de presse, les autorités ont demandé aux gouvernements locaux de se préparer à l’effondrement potentiel du géant de l’immobilier, ce qui suggère qu’un renflouement majeur de l’État est peu probable.
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La banque centrale de Chine a appelé la semaine dernière les institutions financières à “stabiliser les prix des terrains et des logements” et à “ne pas utiliser l’immobilier comme moyen de stimuler l’économie sur le court terme”. Elle a également souligné que “les logements servent à se loger, pas à spéculer”. Le compte-tendu de la réunion, tenue avec le régulateur des banques et des assurances, ne mentionne pas spécifiquement Evergrande.
Mais c’est un signal que les autorités s’inquiètent des répercussions d’une éventuelle faillite du promoteur sur le secteur immobilier, déjà malmené ces derniers mois par un durcissement réglementaire destiné à freiner l’endettement. Des centaines de personnes ont manifesté ces dernières semaines devant des bureaux d’Evergrande dans plusieurs régions du pays afin d’exiger l’achèvement des travaux ou le remboursement de sommes déjà versées.
Le groupe a admis être confronté à des “défis sans précédent” et a prévenu qu’il pourrait ne pas être en mesure de faire face à ses engagements. Le groupe a engagé des experts en restructuration, notamment Houlihan Lokey qui avait conseillé Lehman Brothers.
Avec AFP