À l’appel des mouvements et partis de gauche, des dizaines de milliers de Brésiliens ont manifesté samedi dans quelque 84 villes du pays pour demander la destitution du président Jair Bolsonaro. Certains leaders de la droite et du centre-droit ont, eux, pris place dans les défilés pour dénoncer les conséquences de la crise économique dans le pays.
Des dizaines de milliers de Brésiliens ont manifesté, samedi 2 octobre, dans plusieurs villes du pays, à l’appel des mouvements et partis de gauche, pour réclamer une nouvelle fois la destitution du président d’extrême droite Jair Bolsonaro et dénoncer les hausses du coût de la vie.
Les rassemblements les plus importants se sont tenus à Rio de Janeiro, Sao Paulo ou Brasilia à l’appel de la “Campagne nationale Bolsonaro dehors”, soutenue par une douzaine de partis de gauche et de nombreuses centrales syndicales.
Si ces appels à manifester ont été lancés dans 167 villes du pays, un décompte de la presse brésilienne indique que des rassemblements se sont tenus dans 24 des 27 États du Brésil et dans 84 villes, dont 14 capitales d’État.
Certains leaders de la droite et du centre-droit ont pris place dans les défilés pour dénoncer les conséquences de la crise économique dans le pays, bien que ne soutenant pas nécessairement l’appel à la destitution.
“Il remplit le Brésil de honte”
Dans le quartier central de Candelaria à Rio de Janeiro, des centaines de personnes défilaient en criant “Bolsonaro dehors”, slogan inscrit également sur de nombreuses banderoles.
“On va le dégager, le pari des personnes ici dans les rues est de faire pression sur les parlementaires pour qu’ils réclament la destitution de Bolsonaro”, a déclaré à l’AFP Elizabeth Simoes, une enseignante retraitée de 69 ans.
Plus d’une centaine de pétitions réclamant cette destitution sont en attente à la Chambre des députés, mais son président Arthur Lira, un allié du gouvernement, n’y donne aucune suite.
La Cour suprême a par ailleurs ordonné l’ouverture de plusieurs enquêtes contre Jair Bolsonaro et ses proches, notamment pour dissémination de fausses informations.
À Sao Paulo, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans l’après-midi sur l’avenue centrale Paulista, où se sont réunis des candidats potentiels à la présidentielle comme Ciro Gomes, leader du Parti démocratique du travail (PDT) arrivé troisième position en 2018.
“Bolsonaro détruit l’économie nationale”, a déclaré le politicien de centre-gauche, appelant à l’unité. “Il remplit le Brésil de honte à l’étranger et est responsable de la mort de près de 600 000 Brésiliens” du Covid-19.
À Brasilia, des centaines de manifestants se sont rassemblés sur l’Esplanade des ministères.
“Le peuple a faim”
Les précédentes manifestations menées par les mouvements de gauche visaient à demander la destitution de Bolsonaro pour sa gestion chaotique de la pandémie, qui a fait près de 600 000 morts. Samedi ont été également entendues des complaintes contre la hausse des prix de la nourriture, du gaz et du carburant, ainsi que contre les 14,1 millions de chômeurs.
“Le peuple a faim et on ne supporte plus ce gouvernement”, a déclaré à Rio, Isadora Lessa, 22 ans.
“Qu’il sache qu’il ne fait pas l’unanimité, qu’il va avoir du mal à se faire réélire. S’il n’est pas destitué, il perdra les élections en 2022”, a déclaré Marcelo Werneck, qui a souhaité descendre dans la rue à Rio en hommage aux “amis et à la famille” morts du Covid-19.
À un an de la présidentielle, un sondage réalisé mi-septembre par l’institut Datafolha donnait 26% au président d’extrême droite au 1er tour contre 44% pour Lula.
Aux nombreux drapeaux rouges du Parti des travailleurs (PT) de l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) étaient visibles, avec ceux de nombreuses autres organisations de gauche et du centre, des drapeaux brésiliens qui prédominent traditionnellement lors des marches de soutien au président.
Le 7 septembre, des rassemblements massifs à Brasilia et Sao Paulo avaient réuni 125 000 soutiens de Jair Bolsonaro. Plus que ce qu’a réussi à rassembler la gauche ce samedi dans les deux capitales régionales.
Avec AFP