Deux ans après le mouvement anti-pouvoir qui a secoué l’Irak, et à quelques jours des élections législatives anticipées du 10 octobre, des Irakiens se sont rassemblés place Tahrir, vendredi, pour montrer que la contestation continue. Ceux-ci disent ne faire “confiance à personne”, et appellent au boycott du scrutin.
En Irak, des manifestants se sont rassemblés place Tahrir, vendredi 1er octobre, deux ans après le mouvement anti-pouvoir qui avait secoué le pays, fin 2019 et début 2020. À quelques jours des élections législatives anticipées, prévues le 10 octobre prochain, ces Irakiens veulent montrer que la contestation continue dans le pays. Beaucoup d’entre eux appellent aux boycott du scrutin.
“Nous voulons montrer au monde que nous sommes toujours là pour changer ce régime corrompu”, explique à France 24 Ali Nalthum, un manifestant. “C’est notre troisième année de contestation et nous devons vraiment changer ce gouvernement qui a détruit notre pays.”
Sur les pancartes portées par les protestataires, le visage d’Irakiens, tués ou enlevés ces deux dernières années. La plupart des assaillants n’ont jamais été retrouvés.
“On doit savoir qui a tué les 800 manifestants morts, et tous ceux qui ont été enlevés sans qu’on ne sache ce qui leur est arrivé”, réclame Teeba, une manifestante.
Le scrutin de dimanche est l’une des rares concessions du pouvoir pour calmer la rue. Mais deux ans après, nombreux sont ceux qui n’y participeront pas. “Je ne fais confiance à personne”, poursuit Teeba. “Il n’y a personne de confiance, je n’ai pas envie de voter pour qui que ce soit.”
Opérer “un vrai changement”
Alors que les observateurs du pays craignent une abstention record, la plus haute autorité chiite du pays, l’ayatollah Ali Sistani, est sorti de son silence cette semaine. Ce dernier exhorte les Irakiens à se rendre aux urnes, et à opérer “un vrai changement au sein du pouvoir”.
“On rejette ce qu’il a dit, Ali Sistani ne devrait rien dire”, affirme Hassan, un autre manifestant, au micro de France 24. “Il soutient les manifestations, donc il ne devrait pas dire de voter pour ces mêmes visages et ces mêmes vieux partis.”
Les forces de l’ordre, elles, se tiennent prêtent à intervenir.
En 2019, les manifestants n’ont jamais réussi à passer les lignes pour accéder au Parlement et faire entendre leur voix. Il y a donc peu de chance pour qu’ils utilisent les urnes comme alternative.