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Retrait américain en Afghanistan : devant le congrès, le Pentagone admet un “échec stratégique”

Les chefs du Pentagone, qui s’expliquaient mardi devant les élus du Sénat américain sur la fin chaotique de la guerre en Afghanistan, ont reconnu des erreurs de jugement ayant conduit à un “échec stratégique”. Ils ont notamment sous-estimé la démoralisation de l’armée afghane.

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“C’est un échec stratégique.” S’expliquant devant les élus du Sénat sur la fin chaotique de la guerre en Afghanistan, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a admis, mardi 28 septembre, des erreurs de jugement.

“L’ennemi est au pouvoir à Kaboul. Il n’y a pas d’autre façon de décrire les choses”, a lâché le général Mark Milley, qui témoignait avec d’autres chefs du Pentagone.

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Les plus hauts gradés de l’armée américaine ont aussi admis publiquement pour la première fois qu’ils avaient conseillé à Joe Biden de maintenir 2 500 soldats en Afghanistan pour éviter un effondrement du régime de Kaboul.

“J’ai recommandé que nous laissions 2 500 soldats en Afghanistan”, a déclaré le chef du commandement central américain (Centcom), le général Kenneth McKenzie.


Le général Mark Milley a dit qu’il était “d’accord” avec cet avis. Mais le président américain a choisi de ne pas le suivre, et assurait même en août ne l’avoir jamais reçu.

Questionnée à ce sujet, la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki a souligné qu’une présence militaire aussi limitée en Afghanistan n’aurait pas été possible à long terme. “Personne n’a dit que dans cinq ans, nous pourrions avoir 2 500 soldats et que ce serait tenable. En fin de compte, c’est au commandant en chef de décider, et il a décidé qu’il était temps de mettre fin à 20 ans de guerre.”

Le Pentagone reconnaît avoir surestimé l’armée afghane

Le général Milley a aussi révélé avoir demandé à Joe Biden et à son prédécesseur Donald Trump de ne pas fixer de date précise pour le retrait des forces américaine d’Afghanistan, mais de le lier à des conditions que les Taliban devaient respecter, notamment la rupture de leurs liens avec Al-Qaïda.

“Je recommande à tout dirigeant : ne fixez pas de date, (…) posez des conditions”, a-t-il dit. “Deux présidents d’affilée ont fixé une date.”

L’administration de Donald Trump a signé le 29 février 2020 à Doha un accord historique avec les Taliban qui prévoyait le retrait de tous les soldats étrangers avant le 1er mai 2021, en échange de garanties sécuritaires et de l’ouverture de négociations directes inédites entre les insurgés et les autorités de Kaboul. Joe Biden a choisi de respecter cet accord, mais repoussé la date limite au 31 août.

Le ministre de la Défense, Lloyd Austin, a reconnu des erreurs de jugement. “Le fait que l’armée afghane, que nous avons formée avec nos partenaires, se soit effondrée – souvent sans tirer une balle – nous a tous pris par surprise”, a-t-il admis.

“Nous n’avons pas réalisé le niveau de corruption et l’incompétence de leurs officiers de haut rang, nous n’avons pas mesuré les dommages causés par les changements fréquents et inexpliqués décidés par le président Ashraf Ghani au sein du commandement, nous n’avons pas prévu l’effet boule de neige des accords passés par les Taliban avec quatre commandants locaux après l’accord de Doha, ni le fait que l’accord de Doha avait démoralisé l’armée afghane”, a-t-il énuméré.

Des divergences sur l’impact de ce retrait sur la réputation des États-Unis

Le général Mark Milley a prévenu qu’une reconstitution en Afghanistan d’Al-Qaïda ou du groupe État islamique était “une possibilité très réelle”.

Il a rappelé que les Taliban “étaient et restent une organisation terroriste et ils n’ont toujours pas rompu leurs liens avec Al-Qaïda”, le groupe qui a lancé depuis l’Afghanistan les attentats du 11-Septembre à l’origine de la guerre en 2001.

Le chef d’état-major a cependant assuré respecter les choix de Joe Biden. “Les présidents sont élus pour certaines raisons”, a-t-il dit. “Ils prennent des décisions stratégiques.”

Des divergences sont apparues entre le chef d’état-major et le ministre sur l’impact de ce retrait sur la réputation des États-Unis.

“Je pense que notre crédibilité auprès de nos alliés et partenaires dans le monde, ainsi qu’auprès de nos adversaires, est réexaminée avec beaucoup d’attention”, a déclaré le chef d’état-major. “Endommagée est un mot qui peut être employé, oui.”

Des propos contredis par Lloyd Austin qui estime que “notre crédibilité reste solide”.

Avec AFP

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