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Procès des attentats du 13-Novembre : le long travail d’accompagnement des victimes

À partir de ce mardi, la parole est aux victimes. Quelque 300 personnes vont tour à tour témoigner à la barre durant cinq semaines pour raconter l’horreur des attentats du 13 novembre 2015. Une nouvelle épreuve pour les parties civiles, qui ont pu compter sur l’aide technique et psychologique des associations de victimes.

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On a beaucoup entendu la voix tonitruante de Salah Abdeslam depuis le début du procès des attentats du 13-Novembre. C’est à présent au tour des victimes de se faire entendre. Après les témoignages des enquêteurs, quelque 300 victimes des attaques sur les 1 800 parties civiles constituées devraient se présenter à la barre à partir de ce mardi 28 septembre et ce, durant cinq semaines.

Chaque jour, 15 personnes tenteront ainsi de mettre des mots sur l’horreur. D’abord celles qui étaient présentes autour du Stade de France, puis celles des terrasses, et enfin celles du Bataclan. Seules au pupitre face aux magistrats, devant une salle comble de 550 places, elles auront environ une demi-heure pour raconter leur vie bouleversée. Un exercice difficile qui a fait l’objet d’une longue préparation en amont aux côtés d’associations de victimes. “Les premières rencontres de préparation avec les adhérents remontent à avant la crise sanitaire”, explique Philippe Duperron, président de l’association 13onze15 – Fraternité et vérité, qui compte 400 adhérents. “Les victimes ont bien évidemment été accompagnées sur le plan psychologique mais elles ont aussi été préparées à témoigner. C’est un exercice délicat qui suscite beaucoup d’appréhension. Il est en effet impressionnant de se retrouver devant une cour d’assises pour témoigner à la barre sous le regard de tous, notamment celui des accusés, et difficile de réussir à contenir son émotion pour pouvoir parler.”

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Avant toute chose, “il a fallu mener une grande campagne de rappels des victimes et établir un état des lieux psychologique et matériel avec chaque victime”, précise Marie-Claude Desjeux, présidente de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (Fenvac), contactée par France 24. “Puis nous avons proposé plusieurs ateliers pédagogiques avec les adhérents.” Même procédure au sein de l’association Paris Aide aux victimes (PAV75), assure à France 24 sa directrice, Carole Damiani : “Nous avons d’abord envoyé un questionnaire pour évaluer les besoins nécessaires, puis nous avons mis en place des réunions et des permanences cet été.”

Groupes de parole et repérage des lieux

Au sein de la plupart des associations, des groupes de parole sont organisés. “Ces groupes ont constitué un premier espace d’expression face à des personnes que l’on ne connaît pas”, explique le président de 13onze15. “Puis des ateliers spécifiques ont été proposés autour du fonctionnement d’une cour d’assises : le rôle de chacun, sa place dans un tribunal, le déroulement des procédures.” Au cours de l’été, des visites de la salle d’audience spéciale construite au milieu de l’allée des pas perdus ont également été organisées pour mieux appréhender le procès. “Ces repérages sont très importants car ils diminuent l’anxiété”, poursuit Philippe Duperron. “Plus on est familier des lieux et plus la parole est facile à libérer.”

À chaque réunion de préparation, des questions en pagaille. “Est-ce que ça va servir à quelque chose ? Est-ce que mon témoignage peut avoir des incidences sur ma sécurité ? Est-ce que ma déposition peut avoir des répercussions sur mes proches ? Les questions sont très diverses”, compile Carole Damiani. “D’autres s’interrogent sur la durée de leur intervention, sur le contenu de ce qu’ils peuvent dire ou non, constate Philippe Duperron. On ne donne pas forcément de consignes particulières, mais on essaie de faire au mieux pour rassurer (les victimes) afin qu’elles soient le plus à l’aise possible le jour de leur audition.”

Témoigner à la barre ou devant la presse : des victimes encore hésitantes

À ce jour, de nombreuses questions restent tout de même en suspens. Certaines parties civiles ne savent toujours pas si elles témoigneront. “Le chiffre de 300 victimes à la barre est une estimation des personnes susceptibles de prendre la parole”, explique Carole Damiani de PAV75. Certaines victimes se réservent encore la possibilité d’intervenir ou non. “Ces hésitations sont normales, ça n’est pas un exercice facile.”

Parler à la presse ? Une interrogation de plus pour les victimes. Pour éviter les sollicitations à tout va des 141 médias accrédités pour le procès, le parquet a mis en place un système de code couleur visible sur le cordon d’accréditation. Ainsi, les 1 800 parties civiles peuvent choisir de porter un cordon vert ou rouge en fonction de si elles acceptent ou non de parler à la presse. Au départ, les victimes devaient choisir la couleur du cordon. Finalement, “le parquet a fourni à chaque partie civile les cordons des deux couleurs pour qu’elles puissent changer d’avis à tout moment, en fonction de leur état d’esprit. C’est une excellente chose”, se réjouit Philippe Duperron.

Une chose est sûre, le dispositif psychologique mis en place autour des victimes est salué unanimement par toutes les associations d’aide aux victimes. Dans les travées de la salle d’audience, des personnes vêtues de chasubles bleues floquées “Paris Aide aux victimes” observent les visages des victimes pour intervenir à tout moment auprès d’elles. “Les victimes n’ont aucun souci à se faire quant à l’accueil psychologique qui leur est réservé”, conclut Marie-Claude Desjeux. “Le dispositif inédit mis en place par le parquet est exceptionnel par sa bienveillance et sa maîtrise. Je leur dis : ‘Chapeau !'” Quant aux interrogations sur les prétendus excès des dispositifs psychologiques mis en place au procès, Philippe Duperron est catégorique : “On ne peut que se féliciter de l’attention portée aux victimes. On ne prend pas trop de précaution face à la douleur.”

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