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Aux Canaries, une éruption volcanique majeure qui reste sous contrôle

Au large des côtes du Maroc, dans l’archipel espagnol des Canaries, le volcan de l’île de La Palma poursuit son éruption et est passé samedi en phase explosive. Si les scientifiques rappellent le caractère ordinaire de l’événement, son évolution demeure incertaine et fait l’objet de toutes les attentions. Et ce, jusqu’en France, survolée dimanche par des résidus du panache du volcan.

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Après le gris de ses cendres, la Cumbre Vieja repeint le ciel du rouge de sa lave. Le volcan de La Palma, île de l’archipel espagnol des Canaries, en éruption depuis une semaine, est entré dans une nouvelle phase explosive, samedi 25 septembre. Des jets de lave s’en échappaient et explosaient dans les airs, alors qu’un niveau d’activité sans précédent a été enregistré par les experts et services d’urgence.

Depuis le début de son éruption, le volcan a émis des milliers de tonnes de lave, détruit des centaines de maisons et forcé à l’évacuation de près de 6 000 personnes.

Dimanche, l’amplitude du trémor volcanique (séisme engendré par la remontée du magma lors d’une éruption volcanique) a “considérablement diminué dans toutes les stations du réseau sismique des îles Canaries à La Palma”, indique sur Twitter l’Institut volcanologique des Canaries (INVOLCAN). Pour autant, “cela ne signifie pas que l’éruption touche à sa fin”, ajoute l’institut dans un autre tweet. “Davantage de données et paramètres sont utilisés pour faire des prédictions sur l’évolution à moyen et long terme de l’activité éruptive.”

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Par ailleurs, bien que le directeur du Pevolcan (Plan d’urgence volcanique des Canaries), Miguel Angel Morcuende, rappelle à l’AFP qu’il s’agit là d’une éruption “typique des îles Canaries”, son évolution demeure imprévisible et ses conséquences sur les littoraux et pays voisins sont dûment surveillées.

Phases éruptives, gaz toxiques, risques de mégatsunami et nuages de gaz remontant jusqu’au-dessus de l’Hexagone… France 24 fait le point sur l’éruption de la Cumbre Vieja.

Le volcan Cumbre Vieja crache de la lave, des cendres et de la fumée. Vue de ville de Los Llanos de Aridane, sur l'île de La Palma, aux Canaries, le 25 septembre 2021.
Le volcan Cumbre Vieja crache de la lave, des cendres et de la fumée. Vue de ville de Los Llanos de Aridane, sur l’île de La Palma, aux Canaries, le 25 septembre 2021. © Désirée Martin, AFP

  • Un volcan rouge et des coulées spectaculaires

Après une période de repos de cinquante ans, la Cumbre Vieja est entrée en éruption le 19 septembre dernier. La montagne, une fissure volcanique faisant partie du stratovolcan (volcan au volcanisme explosif) constituant l’île de La Palma, connaît des éruptions majoritairement effusives. Néanmoins, des épisodes explosifs – comme c’est le cas depuis samedi – se produisent aussi fréquemment, ce qui fait d’elle un “volcan rouge” (par opposition aux volcans gris, qui émettent des laves suffisamment visqueuses pour qu’elles ne forment pas de coulée de lave). À ce titre, les laves de la Cumbre Vieja forment des fontaines et des coulées plus ou moins longues, progressant parfois à plusieurs kilomètres par heure. Dimanche dernier, INVOLCAN estimait la température de la lave à quelque 1 075 °C et mesurait sa vitesse d’avancée vers la côte à 700 mètres par heure.

Samedi, le cône du volcan s’est effondré dans l’une des explosions, libérant un torrent de magma incandescent qui a dévalé la pente. L’espace aérien a été fermé en raison du manque de visibilité et des milliers de personnes ont fui l’île par des ferries, dont le nombre et la fréquence ont dû être augmentés pour répondre à la demande.

L’aéroport de La Palma a rouvert dimanche, mais les vols sont encore annulés en raison des jets de lave et de la colonne de fumée crachés par le volcan.

La lave vue depuis Tijarafe, à la suite de l'éruption de la Cumbre Vieja, sur l'île canarienne de La Palma, en Espagne, le 25 septembre 2021.
La lave vue depuis Tijarafe, à la suite de l’éruption de la Cumbre Vieja, sur l’île canarienne de La Palma, en Espagne, le 25 septembre 2021. © Jon Nazca, Reuters

  • Des essaims sismiques, une semaine avant le début de l’éruption

La présence d’un institut tel qu’INVOLCAN sur l’archipel n’a rien d’un hasard et était même indispensable tant l’activité volcanique y est surveillée. Celle de la Cumbre Vieja l’est particulièrement, et des essaims sismiques (succession de séismes survenant dans une zone limitée) avaient déjà été détectés en 2017, 2018, cinq en 2020 et trois en 2021.

Le dernier en date a été signalé le 11 septembre. En quelques jours seulement, des milliers de secousses, sous le volcan, avaient alors été enregistrées, à une profondeur située entre 8 et 13 km.

C’est cette remontée de magma dans la croûte terrestre qui a permis d’anticiper et d’enclencher un plan d’urgence afin d’évacuer les populations.

  • Risques d’émissions de gaz toxiques et pluies explosives

Selon le système européen de mesure géospatiale Copernicus, la coulée de lave couvre une superficie de 190 hectares et a détruit 420 bâtiments parmi lesquels de très nombreuses habitations. Mais alors que l’éruption est toujours en cours, c’est aussi l’arrivée de la lave dans l’océan qui est redoutée.

Selon l’Institut d’études géologiques des États-Unis (USGS), un organisme gouvernemental américain qui se consacre aux sciences de la Terre, en pénétrant dans l’eau (dont la température est 50 fois inférieure à celle de la lave), la lave peut provoquer “un bouillonnement violent auquel pourrait succéder une pluie explosive d’éclaboussures en fusion sur une vaste zone“.

Par ailleurs, la rencontre de la lave et de l’eau de mer peut produire un mélange toxique. C’est notamment ce qu’a expliqué à l’AFP Patrick Allard, volcanologue à l’Institut de physique du Globe de Paris.

Vue satellite d'une coulée de lave suite à l'éruption de la Cumbre Vieja sur l'île de La Palma, aux Canaries, le 25 septembre 2021.
Vue satellite d’une coulée de lave suite à l’éruption de la Cumbre Vieja sur l’île de La Palma, aux Canaries, le 25 septembre 2021. © Reuters

Que ce soit pour les habitants, les animaux ou les cultures, la question de la diffusion et de la toxicité de gaz est d’ores et déjà abordée. “D’importantes quantité de CO2, de dioxyde de soufre, de sulfure d’hydrogène et d’halogénures d’hydrogène peuvent être émises par les volcans”, explique l’USGS, ajoutant que ceux-ci sont “tous potentiellement dangereux”.

Dimanche, des mesures de gaz issus du panache de l’éruption de la Cumbre Vieja étaient en cours, selon l’institut INVOLCAN.

  • Un mégatsunami, probable ?

Le risque de tsunami est souvent évoqué lorsque l’éruption volcanique concerne un volcan sous-marin, littoral ou des îles volcaniques. Ceux-ci sont en effet susceptibles de causer des mégatsunamis qui, à la différence des tsunamis, ne sont pas des séismes sous-marins mais sont provoqués par un éboulement de roches (ou un glissement de terrain) qui, en tombant dans l’eau, provoquent de puissantes vagues.

Ces volcans et îles volcaniques sont, en général, particulièrement surveillés parce qu’ils constituent des structures instables agrégées par des éruptions successives. Aussi, dans le cas de la Cumbre Vieja, le risque d’un mégatsunami a déjà été évoqué, et cela ne date pas d’hier. Il y a vingt ans, deux géophysiciens avaient en effet affirmé, dans un article publié dans Geophysical Research Letters, que l’instabilité du flanc ouest du volcan rendait probable la survenue d’un mégatsunami capable de causer des dégâts jusque sur le continent américain.

INVOLCAN a toutefois démenti cette hypothèse en 2017, expliquant que “pour que le flanc de la Cumbre Vieja rencontre des conditions proches de l’instabilité, un séisme de très forte magnitude devrait se produire simultanément avec une éruption, avec un indice d’explosivité élevé”.

  • Un nuage de dioxyde de soufre jusqu’au-dessus de la France

“Une grande quantité de dioxyde de soufre (S02) dans l’atmosphère” a été émis, prévenait, mercredi 22 septembre, le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne, Copernicus. Le lendemain, le nuage était déjà présent dans le sud de la France, mais en faible concentration.

Samedi, une nouvelle carte des émissions de S02 a été publiée par Copernicus, sur laquelle la France se trouve dans sa quasi-globalité recouverte par le nuage arrivant de La Palma. C’est ce que le programme avait déjà prédit, estimant que les nuages de S02 seraient davantage présents au-dessus de la France entre le vendredi 24 et le lundi 27 septembre.

Le dioxyde de soufre, présent dans la liste des polluants de l’air sur le site du ministère de la Transition écologique, “provoque une irritation des muqueuses, de la peau et des voies respiratoires (toux, gêne respiratoire, troubles asthmatiques)​. Par ailleurs, il “favorise les pluies acides et dégrade la pierre”.

D’après l’Institut volcanologique des Canaries, entre 6 000 et 11 500 tonnes de S02 sont recrachées quotidiennement dans l’atmosphère par le volcan.

Alors qu’un épisode de pluies et orages est attendu sur la France dès dimanche, Météo France s’est voulu rassurant concernant la qualité de l’air. “D’après les simulations (de Météo France et l’Ineris sur la trajectoire du dioxyde de soufre émis par le volcan), le S02 resterait en altitude”. Ainsi, conclut le service national de météorologie, “les concentrations prévues au niveau du sol ne seraient pas particulièrement affectées par l’éruption volcanique”.

Le volcan Cumbre Vieja, vu de Los Llanos de Aridane sur l'île canarienne de La Palma, le 25 septembre 2021.
Le volcan Cumbre Vieja, vu de Los Llanos de Aridane sur l’île canarienne de La Palma, le 25 septembre 2021. © Désirée Martin, AFP

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