À 24 heures d’élections législatives totalement indécises en Allemagne, Angela Merkel a livré un vibrant plaidoyer, samedi lors de son dernier meeting en tant que chancelière, pour le candidat conservateur Armin Laschet. Ce dernier est donné perdant dans les sondages face au social-démocrate Olaf Scholz.
Pour le dernier jour de campagne avant les élections générales allemandes, Angela Merkel a appelé, samedi 25 septembre, à voter au nom de “l’avenir” de l’Allemagne pour le conservateur Armin Laschet, dans son dernier meeting, à la veille d’élections indécises qui tourneront la page de ses 16 années de règne.
“Il s’agit de votre avenir, de l’avenir de vos enfants et de l’avenir de leurs parents et ce n’est que tous les quatre ans que vous avez l’occasion de décider au niveau fédéral qui doit façonner cet avenir pour vous à Berlin”, a lancé la chancelière lors d’un meeting à Aix-la-Chapelle aux côtés du candidat chrétien-démocrate, légèrement devancé dans les sondages par le social-démocrate Olaf Scholz.
Pour son ultime meeting en tant que chancelière, Angela Merkel, qui a échoué à préparer sa succession, n’a pas ménagé ses efforts pour permettre à l’impopulaire et maladroit candidat chrétien-démocrate de combler son retard.
“Il faut prendre les bonnes décisions, c’est ce qui compte pour vous demain, car il s’agit de votre pays et vous décidez de votre futur gouvernement” qui devra assurer “la prospérité, la sécurité et la paix”, a souligné la dirigeante. “Le monde change très vite et par conséquent, Armin Laschet a encore beaucoup de travail à faire en tant que chancelier fédéral”, a-t-elle fait valoir.
“Le C (de CDU) ne signifie pas qu’il faut être chrétien pour voter pour la CDU, mais qu’il s’agit d’une vision de l’humanité qui ne se méfie pas des gens, qui fait confiance aux gens et qui respecte toujours les gens et leurs différences”, a expliqué la chancelière. “Armin Laschet a montré tout au long de sa vie politique qu’il peut réaliser cela, pas seulement en théorie mais avec passion et engagement”, a-t-elle assuré, décrivant un dirigeant en mesure de “construire des ponts entre les gens” et d’accepter leurs “différences”.
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L’ancien journaliste de 60 ans “a appris la politique en partant de zéro et il dirige cet État de Rhénanie-du-Nord-Westphalie comme un État fédéral prospère”, a vanté la cheffe du gouvernement allemand, qui risque de devoir expédier les affaires courantes dans les mois à venir, durant les négociations pour former une nouvelle coalition au pouvoir.
La chancelière, 67 ans – dont plus de 30 de carrière d’élue –, se retirera ensuite de la vie politique, avec une popularité toujours au zénith malgré un bilan en demi-teinte.
Les sociaux-démocrates donnés en tête, Olaf Scholz veut être le “renouveau de l’Allemagne”
Depuis le retournement des sondages, au cœur de l’été, le candidat conservateur Armin Laschet est lui-même passé à l’attaque, agitant le spectre d’un virage à gauche avec Olaf Scholz, le pourtant très modéré chef de file du Parti social-démocrate (SPD), ministre des Finances d’Angela Merkel depuis 2018.
Alors que le centre-droit a toujours récolté plus de 30 % des suffrages aux scrutins nationaux et fourni au pays cinq des huit chanceliers de l’après-guerre, les conservateurs sont menacés de leur pire score électoral.
Dans les récents sondages, les sociaux-démocrates sont en tête avec quelque 25 % des intentions de vote, contre 21 à 23 % des suffrages pour la CDU/CSU. Mais l’écart s’est resserré dans la dernière ligne droite avant le scrutin et Angela Merkel en a appelé vendredi aux électeurs indécis pour donner l’avantage à son parti. Et lui éviter une sortie de la scène politique au goût amer.
La glissade dans les sondages d’Armin Laschet a propulsé le vice-chancelier Olaf Scholz, âgé de 63 ans, en joker inattendu. Il clôture sa campagne samedi après-midi en meeting à Potsdam, près de Berlin, la circonscription où il se présente.
Son flegme, qui confine à l’ennui selon ses détracteurs, et son expérience de grand argentier rassurent les électeurs allemands. Ces derniers semblent en effet en quête du meilleur héritier pour la chancelière.
Cette préoccupation pousse chacun des candidats à revendiquer sa proximité avec Angela Merkel et laisse augurer de la poursuite d’un cap centriste et pro-européen après le départ de la chancelière.
Olaf Scholz a, cependant, clamé vendredi qu’il était le visage du “renouveau pour l’Allemagne”, martelant que le pays avait “besoin d’un changement”.
Avec AFP