Les évêques catholiques du Canada ont présenté, vendredi, des excuses officielles aux peuples autochtones après la découverte ces derniers mois de plus d’un millier de tombes près d’anciens pensionnats gérés par l’Église. Des militants attendent toujours du pape François un mea culpa.
Les excuses étaient attendues. Après la découverte ces derniers mois de plus d’un millier de tombes près d’anciens pensionnats, l’Église catholique du Canada a fait son mea culpa auprès des peuples autochtones, vendredi 24 septembre.
“Nous, les évêques catholiques du Canada, nous exprimons notre profond remords et nous présentons des excuses sans équivoque”, ont-ils déclaré.
Ils ont aussi reconnu “la souffrance vécue dans les pensionnats” et les “graves abus qui ont été commis par certains membres” de la communauté catholique.
“De nombreuses communautés religieuses et des diocèses catholiques ont servi dans ce système qui a conduit à la suppression des langues, de la culture et de la spiritualité autochtones, sans respecter la richesse de l’histoire, des traditions et de la sagesse des peuples autochtones”, ont-ils affirmé.
Cette déclaration admet aussi le “traumatisme historique et continu, de même que l’héritage de souffrances et de défis qui perdure encore aujourd’hui pour les peuples autochtones”.
Les excuses des évêques surviennent à moins d’une semaine de la première journée nationale de la vérité et de la réconciliation, en hommage aux enfants disparus et aux survivants des pensionnats, prévue le 30 septembre.
Des découvertes qui ont suscité l’ire au Canada
Au total, plus d’un millier de tombes anonymes près d’anciens pensionnats catholiques pour autochtones ont été retrouvées cet été, remettant en lumière une page sombre de l’histoire canadienne et sa politique d’assimilation forcée des Premières Nations.
Quelque 150 000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats semblables à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.
Nombre d’entre eux ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4 000 y ont trouvé la mort, selon une commission d’enquête qui avait conclu à un véritable “génocide culturel”.
Au cours des derniers mois, les découvertes macabres ont suscité effroi et colère dans le pays. Symboliquement, le drapeau canadien de la tour de la Paix à Ottawa reste en berne pour rendre hommage aux enfants autochtones, depuis la fin mai et la découverte des restes de 215 enfants à Kamloops, en Colombie-Britannique (ouest).
La fête nationale, le 1er juillet, a été marquée par des rassemblements d’un bout à l’autre du Canada, qui ont mené des milliers de personnes dans les rues, la plupart vêtues d’un tee-shirt orange, couleur associée à l’hommage aux anciens pensionnaires autochtones. Au même moment, plusieurs églises catholiques ont été incendiées ou vandalisées.
Les excuses du pape attendues
Dans un geste d’apaisement, Ottawa a nommé une femme inuite gouverneure générale du Canada, la première autochtone à occuper le poste de représentante de la reine Elizabeth II.
Mais de nombreux groupes autochtones attendent un autre geste hautement symbolique, cette fois de la part du pape : ils ont à de multiples reprises appelé à des excuses du souverain pontife, et à ce qu’il vienne les présenter au Canada. Une délégation autochtone doit être reçue par le pape François en décembre.
“Nous voulons des excuses”, avait souligné début juin Rosanne Casimir, cheffe de la Première nation Tk’emlups te Secwépemc, après avoir annoncé la découverte des 215 restes d’enfants à Kamloops.
“Ce sera plus fort venant du chef de l’Église catholique et de notre point de vue, je pense qu’il doit cela au peuple autochtone”, avait appuyé David Chartrand, vice-président et porte-parole du Ralliement National des Métis, début juillet.
Selon ce leader autochtone, des excuses sont essentielles pour entamer un processus de guérison et de réconciliation, mais elles ne seront vraiment efficaces que si le pape François vient les présenter sur le sol canadien et en particulier dans l’ouest du pays où les pensionnats autochtones étaient les plus nombreux.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a dit faire de la réconciliation avec les peuples autochtones l’une de ses priorités, avait lui-même déploré le refus du pape et de l’Église catholique de reconnaître leur “responsabilité” et leur “part de culpabilité” dans la gestion des pensionnats autochtones.
Avec AFP