L’Union européenne a proposé, jeudi, une réglementation afin d’imposer un chargeur universel aux fabricants d’appareils électroniques. Le projet vise à faire économiser aux consommateurs européens environ 250 millions d’euros par an et pourrait faire 1 000 tonnes de déchets en moins chaque année, mais il suscite la grogne du géant américain Apple.
Bientôt la fin des chargeurs incompatibles encombrant les tiroirs ? La Commission européenne a proposé, jeudi 23 septembre, une réglementation pour imposer un chargeur universel pour téléphones mobiles et autres appareils électroniques, au nom des droits des consommateurs et de l’environnement. Un projet qui suscite l’opposition du géant américain Apple.
La réglementation vise à harmoniser les ports de chargement pour les smartphones, tablettes, appareils photo, casques audio, enceintes et consoles de jeu portatives et pourrait menacer les câbles de connexion des iPhones du groupe californien.
Le projet doit encore être approuvé par les eurodéputés et les États membres de l’UE.
“Une victoire pour les consommateurs et l’environnement (…) les Européens en ont assez des chargeurs incompatibles s’entassant dans leurs tiroirs”, a déclaré la commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, citée dans un communiqué.
“Nous avons donné plein de temps à l’industrie pour trouver des solutions. Désormais, le temps est venu de légiférer”, a-t-elle insisté. “Il est temps de mettre fin à ce serpent de mer”, a ajouté le commissaire au Marché intérieur, Thierry Breton, devant la presse, espérant une entrée en vigueur du texte d’ici “quelques semestres”.
L’UE veut imposer le port USB-C
Ce projet avait été lancé dès 2009 par la Commission et a fait l’objet d’une résolution du Parlement européen en janvier 2020, mais il s’est jusqu’à présent heurté aux vives réticences de l’industrie, bien que le nombre de types de chargeurs existants se soit fortement réduit au fil des ans.
D’une trentaine en 2009, ils sont passés à trois : le connecteur Micro USB qui a longtemps équipé la majorité des téléphones, l’USB-C, une connexion plus récente, et le Lightning utilisé par Apple.
L’UE veut désormais imposer le port USB-C à l’ensemble des appareils électroniques, ce qui permettrait d’utiliser indifféremment n’importe quel chargeur, tandis que l’harmonisation des technologies de charge rapide garantira la même rapidité de chargement – évitant qu’elle soit bridée en cas d’utilisation avec un appareil d’une marque différente.
Bras de fer avec Apple
Apple, qui fait valoir que sa technologie Lightning équipe plus d’un milliard d’appareils dans le monde, a aussitôt réitéré son opposition. “Cette réglementation étoufferait l’innovation au lieu de l’encourager et nuirait aux consommateurs en Europe et dans le monde”, a indiqué le groupe à l’AFP.
La firme à la pomme, qui estimait l’an dernier qu’une telle législation générerait “un volume sans précédent de déchets électroniques” en rendant obsolètes une partie des chargeurs en circulation, s’alarme de la transition de 24 mois proposée par Bruxelles, jugée précipitée, et du bouleversement de ses filières de recyclage actuelles.
La Commission rétorque que les consommateurs européens, qui dépensent environ 2,4 milliards d’euros par an pour des achats de chargeurs seuls, pourraient économiser au moins 250 millions d’euros annuellement, et que les déchets de chargeurs non utilisés, évalués à 11 000 tonnes par an, pourraient être réduits de presque 1 000 tonnes.
Bruxelles assure préserver la capacité d’innovation des entreprises –notamment sur les techniques de charge sans fil, précisément exclues du projet de directive car elles sont considérées encore largement en développement sur un marché actuellement “peu fragmenté”.
L’association ANEC, qui défend les droits des consommateurs sur les questions liées aux normes technologiques, a salué le projet de directive, tout en regrettant que les systèmes de chargement sans fil, en plein essor, ne soient pas concernés.